Bruxelles : métissage de cultures européennes
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Par Julie Douxfils, étudiante à l'IHECS
D’un
côté, l’Europe, de l’autre, Bruxelles. Ce qui les rassemble : leurs cultures culinaires. Pour Paul Slootmans, directeur de Resto.be depuis dix ans, la cuisine est sans aucun doute l’expression d’une culture, l’un ne va pas sans l’autre. Alors comment les différents types de gastronomies se rencontrent-ils au cœur de la capitale ?
L’Union européenne, c’est 27 pays, c’est-à-dire 27 cultures culinaires différentes. Pour Paul Slootmans, Bruxelles est très représentative de cette multiculturalité : « C’est une ville où on peut vraiment savourer le monde parce qu’il y a plein de cultures très différentes. Donc on a des types de cuisine très différents aussi », explique t-il. Si certains restaurants se cantonnent uniquement aux spécialités de leur pays, d’autres mixent les plats de différentes nationalités. Ainsi, la cuisine spécifiquement belge et la gastronomie italienne se retrouvent parfois dans le même restaurant.
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L’établissement La Bottega au centre de Bruxelles présente une carte mixte : à gauche du menu, la cuisine italienne typique avec ses « Pizza Capricciosa » et « Cannelloni ricotta e spinaci » et à droite, les « Boulettes à la Liégeoise » et « Carbonnades flamandes ». « Chez nous, le pizzaiolo est italien, le cuistot est belge et le patron est belgo-italien ! », explique un des serveurs. La variété culinaire ne manque pas : au restaurant « Le Galion », la paëlla aux fruits de mer côtoie l’entrecôte irlandaise, à « L’Atelier européen », ce sont les saveurs françaises et belges qui se mélangent. « Regardez ici, on parle français, anglais, italien et espagnol. Vous ne trouvez ça dans aucune autre ville de Belgique. On peut rencontrer des tas de gens qui viennent de partout. C’est une des raisons pour lesquelles j’adore vivre à Bruxelles », s’exclame Leila, une cliente.
Nouveaux pays pour de nouvelles découvertes gustatives
À Bruxelles, les pays d’Europe centrale et orientale ont aussi la cote. « Les gens veulent plus que jamais s’ouvrir à d’autres cultures et ils désirent avoir un grand choix », remarque Paul Slootmans. En une décennie, il a observé une augmentation des restaurants hongrois, slaves et polonais. « Bien sûr les grands classiques sont toujours très demandés, mais c’est vrai que depuis dix ans on remarque davantage de restaurants plus “exotiques”», constate-t-il.
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Entrée depuis presque un an dans l’Union européenne, la Bulgarie interpelle et fascine. Le restaurant « Kocharata » à Saint-Gilles fait aussi varier les styles. Pour Jordanka, la patronne, la cuisine bulgare est un mélange de cuisine grecque et hongroise. La preuve par le menu : « Vous pouvez déguster des salades d’aubergines, des feuilles de vigne ou de la moussaka, mais aussi de la goulasch et du guvetch ! », déclare-t-elle. Roberto, un des clients, habite en Belgique depuis dix-huit ans. Il aime Bruxelles pour son côté cosmopolite. « Une fois par mois, j’essaie de tester un nouveau restaurant. Ce n’est pas seulement parce que j’aime bien manger, c’est aussi parce que j’aime découvrir de nouvelles choses. Je trouve que la gastronomie est un très bon point de départ pour faire connaissance avec une autre culture. » Pour lui comme pour beaucoup d’expatriés européens, les restaurants ne riment pas seulement avec l’art culinaire. Ce sont de véritables lieux d’échanges et de rencontres. À Bruxelles, l’Europe s’invite donc à votre table et, là aussi, sa devise « Unie dans la diversité » prend tout son sens.
Photos : Julie Douxfils
Notes
[1] Restaurant 'La Bottega'
[2] Restaurant 'Kocharata'