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Bruxelles, la rampe de lancement du néo-impressionnisme

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Bruxelles

« Néo-im­pres­sion­nisme, », « poin­tillisme », « di­vi­sion­nisme »,… Tant d’ap­pel­la­tions pour une seule et même dis­ci­pline ins­pi­rée en par­tie de la science. La ca­pi­tale belge a joué un rôle cru­cial dans le dé­ve­lop­pe­ment de ce type de pein­tures. Une ex­po­si­tion est ac­tuel­le­ment consa­crée aux por­traits néo-im­pres­sion­nistes à Bruxelles.

En 1886, Georges Seu­rat ex­pose à Paris sa pein­ture « Un di­manche après-midi à l’Île de la Grande-Jatte », c’est la dé­cou­verte du poin­tillisme pour le pu­blic. Ins­piré no­tam­ment par les tra­vaux scien­ti­fiques de Mi­chel-Eu­gène Che­vreul, comme Loi du contraste si­mul­tané des cou­leurs, le peintre fran­çais in­nove en ap­pli­quant la tech­nique du di­vi­sion­nisme des cou­leurs. En d’autres termes, le peintre ne mé­lange plus les cou­leurs sur sa pa­lette, mais jux­ta­pose de pe­tits points de cou­leurs op­po­sées sur la toile. Ré­sul­tat : les cou­leurs res­sortent en­core plus et les pein­tures sont plus vives.

Le groupe des XX

C’est en sep­tembre 1886 que le cri­tique fran­çais Felix Fé­néon uti­lise en pre­mier l’ad­jec­tif « néo-im­pres­sion­niste » dans la revue belge L’Art mo­derne. « Sans Bruxelles et son groupe de fi­dèles "par­ti­sans", il n’est pas cer­tain que les néo-im­pres­sion­nistes fran­çais au­raient aussi ai­sé­ment né­go­cié l’épreuve de la dis­pa­ri­tion de Seu­rat et la ges­tion de son hé­ri­tage ar­tis­tique », peut-on lire dans le livre consa­cré à l’ex­po­si­tion To The Point or­ga­ni­sée à Bruxelles. Le mou­ve­ment belge avant-gar­diste, le Groupe des XX (1883 -1893) et son suc­ces­seur, la Libre es­thé­tique (1894- 1914), sont des ca­ta­ly­seurs du mou­ve­ment néo-im­pres­sion­niste. À la mort sou­daine de Georges Seu­rat à l’âge de 31 ans en 1891, Paul Si­gnac et Félix Fé­néon ont ­pris la re­lève. Les néo-im­pres­sion­nistes fran­çais ont ra­pi­de­ment dé­cidé d’al­ler en Bel­gique, prin­ci­pa­le­ment à Bruxelles, pour ex­po­ser sur la scène in­ter­na­tio­nale.

En 1887, la Grande Jatte ar­rive à Bruxelles à l’oc­ca­sion de la qua­trième ex­po­si­tion du Groupe des XX. Cette œuvre dé­clenche le dé­clic au­près de nom­breux peintres belges qui se lancent dans l’art du poin­tillisme. Théo Van Rys­sel­ber­ghe, Van De Velde, Georges Lem­men, William Jel­ley, George Mor­ren,… tant d’ar­tistes qui ont ap­pli­qué, de ma­nière plus ou moins libre, la tech­nique du di­vi­sion­nisme des cou­leurs. De­puis cette ex­po­si­tion, le Groupe des XX consa­crera une par­tie de son ex­po­si­tion aux néo-im­pres­sion­nistes pen­dant six an­nées de suite.

Van­Rys­sel­ber­ghe, le der­nier des poin­tillistes

Au tour­nant entre le XIXe et le XXe siècle, Théo Van Rys­sel­ber­ghe est l’un des seuls por­teurs de flam­beaux de Georges Seu­rat. Les autres peintres pré­fèrent se tour­ner vers les nom­breux autres cou­rants ar­tis­tiques qui foi­sonnent au début du XXe siècle. L’ar­tiste né à Gand lance par ailleurs une nou­velle im­pul­sion au por­trait poin­tilliste. Il ef­fec­tue des por­traits de groupe et ouvre éga­le­ment le champ. Dans Alice Sèthe, par exemple, on peut aper­ce­voir le cou de la fille re­pré­sen­tée, une in­no­va­tion pour l’époque.Les émo­tions sont éga­le­ment beau­coup plus pré­sentes, le réa­lisme est poussé à un tel point que le néo-im­pres­sion­nisme se rap­proche du na­tu­ra­lisme. C’est l’époque des dé­buts de la pho­to­gra­phie et les néo-im­pres­sion­nistes belges tentent de s’en ap­pro­cher.Théo Van Rys­sel­ber­ghe est le seul à s’être créé une clien­tèle au Luxem­bourg et en Al­le­magne, grâce à l’aide d’Henry Van de Velde. Son mé­tier est d’ailleurs ren­table assez ra­pi­de­ment, il était d’ailleurs déjà connu à l’âge de 26 ans!

Le poin­tillisme en­core ap­pli­qué au­jour­d'hui

Même si le mou­ve­ment néo-im­pres­sion­niste s’est éteint à la mort de Théo Van Rys­sel­ber­ghe en 1926, la tech­nique de la di­vi­sion de la cou­leur est en­core bel et bien pré­sente dans notre vie quo­ti­dienne.

Le poin­tillisme est en effet le pré­cur­seur de la co­lo­ri­mé­trie. Cette science a per­mis de mettre au point la re­pro­duc­tion des images dans la té­lé­vi­sion. Elle est fon­dée sur les trois ré­cep­teurs ré­ti­niens rouge-vert-bleu (RVB).

Pour plus d’in­fos sur la théo­rie des cou­leurs et l’évo­lu­tion du poin­tillisme, re­gar­dez cette vidéo :

La mire en est d’ailleurs un exemple : la série de cou­leurs re­pré­sente la com­bi­nai­son de ces trois cou­leurs : vert + rouge = jaune, bleu + vert = cyan, bleu + rouge = ma­genta, etc.​Quand vous vous ba­la­dez en rue, re­gar­dez les af­fiches pu­bli­ci­taires. À pre­mière vue, l’image a l’air d’être uni­forme, mais, quand vous y re­gar­dez de plus près, des pe­tits points de cou­leur ap­pa­raissent. Les im­pri­meurs uti­lisent donc eux aussi le poin­tillisme!

L’ex­po­si­tion est ou­verte jus­qu’au 18 mai, dé­pê­chez-vous donc d’y aller pour ad­mi­rer ces pein­tures hautes en cou­leur ! Pour plus d’in­fos : site de l’ex­po­si­tion To The Point .