Bruxelles : la liberté de s'empoigner
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Cette semaine, en direct de Bruxelles : remise très officielle du Prix Sakharov et crêpage de chignons en règle entre eurodéputés.
Attribution du Prix Sakharov à Salih Mahmoud Osman
Le prix Sakharov pour la liberté d’expression a été attribué cette semaine par le Parlement européen à l’avocat soudanais Salih Mahmoud Osman. Cet infatigable défenseur des droits de l’homme dans son pays, qui a été incarcéré sans procès à plusieurs reprises, et qui a vu plusieurs membres de sa famille arrêtés ou torturés, a appelé l’UE à parler moins et agir plus, concrètement, pour changer le quotidien des milliers de Soudanais – au Darfour, notamment – qui sont aujourd’hui victimes de l’arbitraire d’un régime corrompu.
Proclamation de la charte des droits fondamentaux
Histoire de se donner bonne conscience, l’Union européenne dispose depuis 2000 d’une ‘Charte des Droits Fondamentaux’. Un texte qui n'a aucune force juridique. pour l'instant. Avec le nouveau traité, s'il est ratifié, celle-ci devrait prendre une
toute autre envergure, puisqu'elle deviendra contraignante. Pour donner une tournure plus solennelle à ce changement de statut, le Parlement européen avait organisé une petite sauterie officielle, où les présidents des trois institutions européenne sont venus re-signer ladite Charte, dans l’hémicycle de Strasbourg.
Proclamation de la charte des droits fondamentaux (suite)
Le spectacle n’était visiblement pas du goût de tout le monde. A l’extrême-droite de l’hémicycle, un groupe de députés a commencé à bruyamment réclamer un référendum, interrompant les discours des présidents des institutions. Il a fallu l’intervention des huissiers pour permettre aux présidents de terminer leurs discours. Les mêmes députés ont ensuite sifflé et hué la signature de la Charte. Ce petit échange d’amabilités s’est ensuite poursuivi, lorsque les présidents de groupes politiques ont exprimé leur indignation face à ce comportement. Martin Schultz, président du groupe socialiste, a tiré le premier : l'incident lui rappelait la manière dont les députés nazis tentaient d’empêcher les orateurs de parler, dans le Reichstag d'une République de Weimar à l'agonie. Graham Watson, président du groupe libéral-démocrate, a comparé les fauteurs de trouble à des hooligans, avant de demander leur expulsion de la salle. Heureusement, Daniel Cohn-Bendit, au nom du groupe des Verts, a appelé à ne pas dramatiser… à sa manière : « Ne faites pas une histoire d'État parce qu'il y a cinquante débiles mentaux qui ont perturbé ce qui se passait tout à l'heure, » a-t-il déclaré, goguenard, avant d’ajouter : « Je crois qu'un Parlement libre est un Parlement qui supporte des fous, même s'ils sont désagréables. »
Et aussi… (en bref)
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Europe sociale : 2010 a été désignée 'année européenne de lutte contre la pauvreté et l’exclusion' par la Commission.
Photo: Président de la Commission, Président du parlement et président du Conseil pendant la signature solennelle de la Charte des Droits Fondamentaux (Parlement Européen); Daniel Cohn-Bendit (Photo, Parti Socialiste)