Britanniques, vous avez 10 fois raison d’aller au festival de Benicassim
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16h30, 30 degrés Celsius, 85% d’humidité dans l’air, la gare de train de Barcelone est envahie par une horde de blondes platines qui se massent sous le panneau d’information des sorties de train : 17h00. Voie 11. Benicassim.
« …Excitée de voir mes groupes préférés. Je pense fortement à toi. » Slap. La jeune frisée à lunettes range son BlackBerry, se retourne juste assez pour laisser apparaître le suçon qui orne sa nuque et pénètre dans la voiture 17. Direction le Festival International de Benicassim (FIB) ! Un week-end « sol, playa y cerveza » où 60% du public sera britannique. Cafebabel.com ne rentrera pas dans la critique facile sur la « britannisation » des spectateurs car, comme le précise Vince Power, l’entrepreneur à la tête du festival, « cette critique, c’est de la merde. »
En effet, juste derrière les Anglais, on trouve des Français, des Danois, des Irlandais et des Ecossais. Alors tout va bien ! Voici les dix atouts qui font du FIB le bon plan british de l’été 2011.
1) Dans le train de Barcelone à Benicassim(province de Castellón dans l'Est de l'Espagne), vous aurez le temps de vider huit cannettes d’Amstel en admirant l’architecture si spécifique de la côte catalane. Votre cœur balance entre les barres d’immeubles depuis lesquelles vous avez déjà dû jouer au balconing, nouveau sport national des touristes britanniques en Espagne, et les belles maisonnettes qui longent la côte dont beaucoup ont été construites pour vos compatriotes… même si beaucoup ne respectent pas la « loi littoral ».
2) Vous retrouvez les artistes de vos rêves. Pas ceux du cru que vous ne découvrirez pas. Le Col-lectio Ovidi Montllor est bien le seul à se plaindre qu’il n’y ait pas d’artistes de langue valencienne pour un évènement payé par les contribuables de la communauté qui abrite le festival. Pas vous. Paolo Nutini, The Streets, The Strokes, Arctic Monkeys, Chase & Status, Pendulum… Tous les artistes que vous avez vu il y a trois semaines à Glastonbury et que vous verrez dans deux semaines dans un des soixante festivals estivaux britanniques sont là.
3) Comme le dit une Tunisienne qui se dirige vers le camping du festival, « on dirait la Tunisie ». Vous n’avez jamais été en Tunisie, mais vous comprenez qu’elle parle des collines qui entourent le festival. De l’autre côté, c’est la mer. Vous y faite « la siesta » comme disent les Espagnols. Bref, Benicassim est enclavé dans une région magnifique. Ça s’arrose !
4) Car comme le dit encore la jeune Tunisienne, « on dirait la Tunisie, sauf qu’il y a de l’alcool et des bikinis ». Vous vous rincez l’œil et le gosier à la fois pendant trois jours où il y a toujours un petit bout de string qui dépasse et un petit brin de vomi entre deux scènes musicales. Puis les bénévoles espagnols nettoient les restes. Demain, on aura tout oublié.
5) Ne vous inquiétez pas, vous ne remplissez pas (trop) les fouilles de vos artistes préférés pendant que l’Espagne creuse sa dette publique et qu’un jeune sur deux campe au chômage de masse. « Aucun des artistes invités ne touchera plus que 400 000 euros », comme s’en rassure le quotidien El Publico. Et puis le grand gagnant de l’histoire, Vince Power, seul et unique actionnaire du FIB depuis trois ans, est un entrepreneur irlandais.
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6) Vous picolez et dorez à soin, et en plus c’est pour le bonheur général. La main invisible du marché est là : pour les 18 000 habitants de Benicassim, l’impact du FIB est de 15 millions d’euros ! 3 000 personnes sont embauchées pour l’occasion, et 120 fournisseurs locaux se frottent les mains à la vue de ce weekend hors du commun, préciseEl Pais. Et si vous êtes vraiment d’humeur altruiste, l’ONG « Save the children » sera ravie de vous recevoir au cœur du festival.
7) Vu que vous sauvez les finances locales, vous avez bien le droit de vous sentir chez vous. Alors rendez-vous sans gênes dans le village, tout le monde vous attend les bras ouverts : affiches en anglais, petits déjeuners copieux « à l’anglaise », et il y a même des Irish pub pour ceux qui pensent encore qu’on ne boit que de la sangria en Espagne.
« Ici, c’est les vacances, je me sens chez moi. Tu te la coules douce sur la plage jusqu’à 16h, puis tu retournes au festival pour des artistes géniaux. Dommage que je doive payer mes boissons… »
8) Vous avez payé 170 euros pour trois jours, mais vous payez ce que vous ne verrez pas de l’année en Angleterre. Non, The Strokes et Artic Monkeys, vous les avez déjà vu cinq fois. La plage au soleil, les coups de soleil sur les cuisses, l’absence d’averses entre deux baignades, voilà pourquoi le festival de Benicassim est si prisé par les britanniques. Personne ne résume aussi bien ce plaisir que Victor Frankowski, photographe australien pour le NME qui vit depuis 4 ans à Londres : « Ici, c’est les vacances, je me sens chez moi. Tu te la coules douce sur la plage jusqu’à 16h, puis tu retournes au festival pour des artistes géniaux. Dommage que je doive payer mes boissons… »
9) Si vous êtes charmés par la région, vous pouvez investir dans la pierre. Le ministre du Développent espagnol José Blanco López s’est rendu à Londres en mai dernier pour faire la promotion de son marché immobilier. Pensez donc, près de 700 000 logements neufs sont à vendre en Espagne !
10) Vous êtes entouré de Britanniques. Et c’est la franche rigolade. Déguisés, beurrés, sympathiques, ouverts et mélomanes, les spectateurs valent autant le détour que la scène. Seul désagrément, il y aura toujours quelques Français pour ressasser la guerre de cent ans et se tenter de se démarquer. Rassurez-vous, eux aussi finiront bourrés avec des coups de soleil.
Photos : Une et texte © Emmanuel Haddad