Brexit : « L'Europe risque de connaître un effet domino »
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Cécile VergnatLe 23 juin prochain, les Britanniques se rendront aux urnes pour décider s’ils sortent ou non de l’Union européenne. Mais les tracas pourraient bien continuer suite au vote du Royaume-Uni, indépendamment du résultat du référendum. Alors, quel est le prochain point dans la liste des choses dont Bruxelles doit se préoccuper ?
Brexit ou pas Brexit, telle est la question. Désolé Shakespeare pour cette citation peut-être inappropriée, mais une chose est sûre : le 23 juin prochain, le Royaume-Uni votera pour décider s’il reste ou non dans l’Union européenne. Un éventuel vote en faveur d'une sortie serait le dernier acte d’un mariage qui n’a jamais vraiment été très idyllique entre l’île de Sa Majesté et les administrations européennes (il suffit de se rappeler des polémiques sur l’immigration « interne » de l’UE vers le Royaume-Uni et le refus d’adopter l’euro, ndlr). Les conséquences seraient considérables pour les deux « conjoints » en question, mais on estime qu’elles pourraient être particulièrement lourdes pour le royaume d’outre-Manche : le PIB diminuerait de 6 % les trois premières années suivant le vote et la livre sterling chuterait d’environ 20 %. Ces scénarios pour le moins apocalyptiques ne semblent cependant pas décourager ceux qui mènent une campagne en faveur du Brexit, en accusant le déficit démocratique de l’UE et en véhiculant des scénarios dont l'histoire se déroule à l’époque coloniale.
L'Europe prend de plus en plus de râteaux
« C’est leur problème ? » Pas tout à fait. Comme l’a souligné le ministre allemand des Finances, Wolfgang Schäuble, une sortie du Royaume-Uni de l'UE créerait un précédent important, qui raviverait inévitablement le sentiment antieuropéen déjà présent chez les pays les plus eurosceptiques de l’Union. Les esprits sont déjà échauffés par les récentes crises de la zone euro ainsi que par celle des réfugiés.
En examinant les chiffres en Europe avant le vote du Royaume-Uni, ce n’est pas la joie. D’après une étude publiée la semaine dernière par l’institut de recherche américain Pew Research Center, le soutien des citoyens de plusieurs pays de l’Union envers les institutions européennes a considérablement diminué depuis l’année dernière. Bien que 70 % des personnes interrogées considèrent qu’un potentiel Brexit serait un évènement négatif, seulement 38 % des Français ont une opinion positive de l’Union européenne, c’est 17 % de moins par rapport à l’an dernier. La situation est un peu meilleure en Espagne mais le pays enregistre lui aussi une baisse du nombre de personnes favorables à l’UE (47 %, soit 16 % de moins). Paradoxalement, les pays les plus europhiles sont ceux où les gouvernements ont eu le plus de différends avec Bruxelles ces derniers mois : la Pologne (72 % des personnes interrogées sont favorables à l’Europe) et la Hongrie (61 %).
Mais pour l’Europe, les problèmes vont bien au-delà de la « mauvaise réputation » de l’UE auprès des États membres. D’après un autre sondage publié par l’institut de recherche Ipsos, près de 58 % des Italiens et 55 % des Français souhaiteraient eux aussi un référendum pour décider si leur pays doit rester ou non dans l’UE. Et cela indépendamment du résultat du vote du 23 juin. C’est un signe que les soucis seront loin de se dissiper à Bruxelles le 24 juin, au lendemain du scrutin.
Les chiffres éclairent aussi un fait surprenant : en cas de référendum similaire à celui du Royaume-Uni, le nombre de personnes qui voteraient en faveur d’une sortie de l’UE est inférieur, parfois de beaucoup, à celui des personnes qui désireraient simplement aller voter : « seulement » 48 % des Italiens et 41 % des Français cocheraient la case exit. Il ne faut cependant pas oublier que les problèmes pourraient aussi venir du nord de l’Europe : les Pays-Bas, la Suède, et le Danemark sont depuis toujours politiquement proches de Londres, ils pourraient donc se sentir plus isolés à Bruxelles sans le précieux soutien britannique. Et alors, réagir en conséquence.
Le référendum, la solution à tout ?
Mais comment s’explique cet écart de tendance ? « Le problème est qu’au cours de ces dernières années l’idée s’est répandue qu’une participation accrue au processus décisionnel de l’État est la panacée de tous les maux », explique Marco Borraccetti, professeur de droit de l’Union européenne à l’Université de Bologne. « En théorie, nous élisons des représentants pour qu’ils prennent des décisions au nom de la collectivité. Cet écart démontre précisément que le désir de voter est fort, plus que celui de faire un saut dans l’inconnu. Même si c’est certainement un signal inquiétant. »
Brexit est donc synonyme de problèmes économiques, sociaux et de politique étrangère, mais pas seulement. Il manque encore un élément fondamental à l’équation : l’Écosse. « Les Écossais sont depuis toujours fortement en faveur de l’Union européenne. En cas de Brexit cela pourrait donc occasionner quelques problèmes avec Londres », affirme Borraccetti. « D’ici combien de temps l’Écosse se décidera-t-elle à se séparer du Royaume-Uni pour intégrer l’UE ? Le sentiment nationaliste est fort, et un Brexit pourrait être l’élément qui pousserait les Écossais à prendre définitivement une décision en ce sens. » Et une éventuelle sécession écossaise pourrait à son tour « donner un nouvel élan à d’autres particularismes identitaires en Europe comme par exemple celui de la Catalogne. L'Europe risque de connaître un effet domino ».
Certains dominos ont déjà commencé à tomber et ont déclenché des sentiments anti-européens présents un peu partout en Europe. On en vient donc à se demander s’il est juste que ceux qui ont été élus pour décider, laissent (imprudemment) la responsabilité de ce choix à ceux qui n’ont pas nécessairement tous les éléments pour le faire en connaissance de cause. Et qui pourraient ne pas voir la file de dominos en équilibre précaire derrière la première. D’après Ipsos, 53 % des Européens croient que le Brexit n’aura pas lieu. Espérons qu’ils ont raison. En attendant, et dans le doute, mieux vaut jouer au Mikado.
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Il nous a été officiellement interdit de citer les Clash, mais la question rappelle bel et bien cette fameuse chanson. Le 23 juin prochain, les citoyens britanniques se rendront aux urnes pour décider, ou pas, du maintien du Royaume-Uni dans l'UE. Huge. Tant et si bien qu’on a 2 ou 3 choses à dire sur le sujet... Retrouvez notre dossier très costaud sur la question du Brexit.
Translated from Brexit e Domino: chi è il prossimo?