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Brexit à Londres : la nuit où tout a basculé

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BruxellesPolitiqueBrexit : la possibilité d'une île

À la surprise générale et avec un fracas sans précédent, les Britanniques ont choisi de quitter l'Union européenne, à 51,9 %. Ce matin, dans la foulée de l'annnonce des résultats, le premier ministre David Cameron a annoncé sa démission qu'il remettra en octobre prochain. Retour heure par heure sur une longue nuit, celle où tout a basculé. 

18h30 : le camp du Remain se chauffe 

Des partisans du Remain (maintien, ndlr) donnent de la voix entre deux bières à deux pas de Westminster, interpellant les passants et leur demandant d'aller voter. « Voter pour le maintien dans l'Union européenne, c'est la solution pour que Nigel Farage (leader du Parti pour l'indépendance du Royaume-Uni - UKIP, ndlr) n'arrive jamais au pouvoir ».

19h00 : les journalistes aussi

Toute la journée du 23 juin, des centaines de journalistes du monde entier couraient dans tous les sens à Londres, à la recherche d'électeurs fraîchement sortis des bureaux de vote et de militants. Très concernés, les reporters étrangers donnaient autant - voire plus - d'importance au référendum que n'en donnaient certains Londoniens. En fin d'après-midi, les caméras se positionnaient déjà face à Wesminster afin de préparer les interventions en direct des journalistes.

20h00 : le bus magique

Chaque camp avait mis énormément de moyens dans la campagne. Le 22 juin, un avion circulait déjà dans le ciel de Londres avec l'inscription « Vote remain » sur une banderole. Le 23 juin, c'est le « bus Remain » qui paradait dans les rues de la capitale. Un des militants nous affirme qu'il est très optimiste. « Je pense sincèrement qu'on va y arriver. Ce sera très serré, mais j'y crois. » Paraît-il que le camp du Leave disposait d'un bus similaire, mais nous ne l'avons pas vu. Sûrement parce qu'il affichait, sur ses flancs, des chiffres complètement faux sur la contribution que donne le pays à l'UE (le bus parlait de 350 millions par semaine alors que le chiffre s'approche plus de 150 millions par semaine, ndlr). 

20h30 : les derniers des militants

« N'oubliez pas d'aller voter. Et votez pour le maintien dans l'Union européenne. C'est très important pour les Londoniens. Notre avenir est en jeu. » Encore des partisans du camp Remain, cette fois-ci à la sortie du métro, à Brixton, un quartier du sud de Londres. Ce jour-ci, la capitale ne vole pas son titre de ville « la plus europhile d'Angleterre ». Pas un seul partisan du Leave rencontré et, à l'inverse, des dizaines de passants avec un autocollant « I'm in ».

20h45 : Brixton, l'Européenne 

La journée avait commencé dans ce bureau de vote de Brixton, dans une école. À 9h du matin, on comptait près de 20 % de taux de participation. À 20h, il était d'environ 60 %. Les personnes rencontrées nous disent presque toutes qu'elles ont voté pour le maintien au sein de l'UE. « Je ne pense pas seulement à ma génération, mais également aux prochaines. Il est très important que nous restions dans l'Union », nous affirme une électrice.

22h00 : instant Pub

Burger et bières dans un pub. So British. Devant les assiettes, un scientifique et un professeur en politiques sociales. Ils nous font part de leurs craintes mais sont optimistes quant à une victoire du Remain. Mais d'après eux, aucun doute pour Londres. Le camp du maintien dans l'Union va largement l'emporter, peut-être même à hauteur de 70 %. Ils sont bien plus pessimistes concernant le nord de l'Angleterre et regrettent déjà un taux de participation sans doute assez faible.

23h30 : les premiers résultats... à Gibraltar

La BBC commence à cracher les premiers résultats. À Gibraltar, écrasante victoire du camp du Remain, avec 19 322 voix, contre 823 pour le camp du Leave. Ce n'est pas une surprise, ces résultats étaient attendus, au vu de la situation géographique et géopolitique du territoire britannique.

0h00 : Newcastle, puis Sunderland

Les premiers résultats en provenance d'Angleterre tombent vers minuit. À Newcastle, les électeurs ont voté à hauteur de 56 % pour le Remain, mais ceci a été « compensé » quelques minutes plus tard par le voisin Sunderland, où le Leave l'a emporté avec 61 % des voix. À 00h30, on comptait donc 161 744 votes pour la sortie de l'UE et 158 537 pour le maintien. Première pression.

1h00 : un peu de repos

Entre temps, le Remain a repris un léger avantage.

5h00 le 24 juin : les prévisions de la BBC placent le camp du Leave en tête

Au réveil, l'hallu. Le site de la BBC affiche le décompte des voix. Tendance confirmée par Twitter : il semblerait que le Royaume-Uni se dirige vers une sortie de l'UE. Malaise.

05h45 : « C'est une blague ? »

Alors que les résultats semblent désigner le camp du Leave vainqueur, notre hôte, à peine réveillé, n'y croit pas. « C'est une blague ? C'est fini ? C'est juste incroyable. » Il est vrai que, sans en exclure la possibilité, lui et ses proches ne l'envisageaient absolument pas.

06h15 : le choc

L'issue du vote est assez certaine et les journalistes sont un peu pris par surprise. Une Française, avant de préparer son direct, nous confirme que ce résultat était loin d'être évident pour les Londoniens.

06h45 : premiers commentaires d'un partisan du Leave

Première fois que nous croisons quelqu'un avec l'inscription « Vote leave » accrochée à la veste, depuis notre arrivée à Londres. Naturellement heureux, il nous explique que : « Les gens ont voté pour rejoindre le monde. La transition va prendre du temps, il y aura certainement de l'incertitude mais nous avons besoin de personnes compétentes au gouvernement pour gérer cette période ».

07h15-07h30 : les pro-Brexit en liesse

Ils étaient quelques-uns à s'être rassemblés devant la résidence de David Cameron. Klaxons, cris de joie, applaudissements.... Ceux qui semblaient invisibles il y a encore 24h font la fête, alors que les résultats officiels tombent. Rory Broomfield, directeur de la campagne Better Off Out, vient spontanément nous parler. « C'est fantastique, nous allons célébrer cette victoire de la démocratie. 17,5 millions de personnes ont voté pour une sortie de l'Union, c'est du jamais vu. Cameron est maintenant dans une situation difficile. Il a fait peur au pays tout entier, son poste de Premier ministre est à reconsidérer. J'ai toujours été optimiste, mais je voulais attendre les résultats de Birmingham avant de crier victoire. »

07h30 : « J'ai voté pour rester mais je respecte la décision du peuple »

Première réaction d'un partisan du Remain : « Je respecte la décision du peuple. J'ai voté Remain, et j'aurais préféré rester dans l'Union pour le marché, les libertés, mais le peuple a choisi. Peut-être que sur le long terme, cette décision ne sera pas si mauvaise », nous affirme Georges.

07h50 : « Je ne suis pas allé voter, ce débat ne m'intéressait pas vraiment »

Face aux partisans du Leave toujours en train de célébrer le résultat, nous rencontrons Joshua, 19 ans. « Je ne sais pas vraiment quoi en penser. J'avoue que je ne suis pas allé voter, ce débat ne m'intéressait pas vraiment. Ce sera peut-être dur pour nous sur du court terme, mais je pense qu'à long terme, on y gagnera. De toute façon, on doit faire avec maintenant. »

08h00 : dernières réactions avant le départ de Londres

À quelques pas de la gare, nous interpellons deux Anglaises, qui nous font part de leur réaction. « Nous sommes déçues et profondément tristes. Nous faisons partie de l'Europe. De plus, la campagne a été marquée par un net regain de xénophobie, c'est triste pour le Royaume-Uni. »

08h30 : Cameron annonce qu'il quittera son poste de premier ministre

Tandis que nous quittons un pays dans lequel il sera sans doute plus difficile de revenir dans quelques mois, David Cameron prend enfin la parole devant le 10 Downing Street. Sans surprise, il annonce sa démission qu'il remettra en octobre. L'ensemble de la politique du Royaume-Uni est à reconstuire. Et l'été sera chaud.

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Cet article a été rédigé par la rédaction de cafébabel Bruxelles. Toute appellation d'origine contrôlée.

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Il nous a été officiellement interdit de citer les Clash, mais la question rappelle bel et bien cette fameuse chanson. Le 23 juin prochain, les citoyens britanniques se rendront aux urnes pour décider, ou pas, du maintien du Royaume-Uni dans l'UE. Huge. Tant et si bien qu'on a 2 ou 3 choses à dire sur le sujet. Retrouvez notre dossier très costaud sur la question du Brexit.