Brexit à Bruxelles : il faut aller vite
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Réveil difficile en ce vendredi 24 juin pour Bruxelles. En état de choc, les institutions européennes ont essayé de faire face à ce saut irréversible dans l’inconnu. Le mot d’ordre : il faut faire vite et ne pas laisser la place au doute ni à l’incertitude.
Personne ne voulait y croire, et hier encore tout le monde semblait plutôt optimiste quant à la possibilité d’un rejet du Brexit de la part des Britanniques. Mais ce matin, tout le monde a découvert avec effroi que le Royaume-Uni mettait fin à cette relation de « je t’aime moi non plus » avec l’Union européenne et choisissait « le large plutôt que le continent » selon l'expression de Churchill. Au-delà du choc considérable, c’est également la tristesse qui s’est emparée de la capitale des 28, passés à 27 en l’espace d’une nuit après 43 ans d’union.
Du rôle des institutions : agir vite et éviter une contagion
Que ce soit au Berlaymont, siège de la Commission européenne, au Parlement européen, ou au Juste Lipse, siège du Conseil, la priorité est d’éviter une réaction en chaîne. Alors qu’à l’annonce du divorce britannique les appels à référendums nationaux se multiplient à travers l’Europe (Frexit, Nederxit…) les présidents du Parlement (Martin Schulz et les présidents de groupes politiques) se réunissaient pour une « Conférence des Présidents » extraordinaire à l’issue de laquelle ils ont appelé à une mini-session d’urgence qui se tiendra le mardi 28 juin prochain.
Martin Schulz, président du Parlement, a évoqué « un moment difficile pour l’Union et le Royaume-Uni », mais comme l’a ajouté Tusk « c’est un moment historique, sans devoir céder à l’hystérie ». Tous s’accordent sur un point : il faut agir vite et éviter un effet domino. À 9h30 ce matin, alors que Martin Schulz allait s’exprimer à Bruxelles, David Cameron annonçait sa démission devant le 10 Downing Street, effective dans seulement… 3 mois. De quoi laisser le temps à la Grande-Bretagne d’enclencher la procédure de l’article 50 du Traité de Lisbonne qui prévoit « une sortie volontaire et unilatérale » de l'Union.
Impensable pour Guy Verhofstadt, président du groupe ALDE au Parlement. Selon lui, l'Europe doit évaluer au plus vite - autant d’un point de vue juridique que procédural - quelles sont les prochaines étapes nécessaires. Il n’y a pas de temps à perdre en « crêpages de chignons » au sein du Parti conservateur britannique, au risque de voir d’autres États appeler à des référendums nationaux.
C’est avec beaucoup d’émotion que s’est prononcé Martin Schulz en ce « lendemain de veille », la voix chevrotante. Mais de l’avis de tous, il faut respecter la décision du peuple britannique et enclencher au plus vite la procédure. Comme beaucoup, Manfred Weber, président du groupe PPE (Parti populaire européen, ndlr) « regrette cette décision mais la respecte », ce pourquoi il s’attend à une prise de décision de la part de David Cameron au plus vite. Idéalement, celui-ci déclarerait l’application de l’article 50 lors du prochain Conseil européen qui se tiendra ces 28 et 29 juin.
Quid de l’Écosse et de l’Irlande du Nord ?
Contrairement à leurs compatriotes anglais et gallois majoritairement eurosceptiques, les Écossais se sont mobilisés en masse pour le maintien du statu quo, tout comme l’Irlande du Nord (respectivement 62 et 56 % pour le remain, ndlr). Quelle ne fut pas leur surprise en se réveillant ce matin et découvrant cette séparation contre leur gré.
Les réactions ont été rapides de la part des nationalistes : le Sinn Feìn ancienne vitrine politique de l’Armée républicain Irlandaise (IRA) a, dès la publication des résultats, appelé à un référendum pour une Irlande unifiée. Il ne faut pas oublier que l’Europe a injecté des milliards suite aux accords du « Good Friday » qui ont mis fin en 1998 à 30 ans d’affrontements confessionnels. En milieu de matinée, c’était au tour de Nicola Sturgeon, chef du gouvernment écossaise de se positionner. Elle qui voyait « son avenir au sein de l’Union européenne » a précisé qu’il serait plus que semblable que l’Écosse prenne ses dispositions et appelle à un nouveau référendum sur son indépendance.
Est-ce la fin de l’Europe ?
Et c’est en fin de matinée, dans cette atmosphère de sauve-qui-peut que le président de la Commission européenne s’est enfin exprimé, après avoir rencontré Martin Schulz, Donald Tusk, et Mark Rutte (le Premier ministre hollandais, titulaire de la présidence tournante du Conseil de l’UE, ndlr) sur les conséquences du référendum. « Je voudrais que pour tout le monde, il soit très clair, évident, nécessaire, que le processus d'incertitudes dans lequel nous sommes entrés ne durera pas trop longtemps. Il faut accélérer les choses », a plaidé le chef de la Commission.
À la question « Est-ce le début de la fin pour l’Union européenne ? » le président de la Commission européen a répondu de manière claire et concise avec un simple « Non » avant de sortir – chose rare – sous les applaudissements et les rires des journalistes présents.
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Cet article a été rédigé par la rédaction de cafébabel Bruxelles. Toute appellation d'origine contrôlée.
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