Boston : la course à la terreur
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Après les attentats à la bombe qui ont frappé Boston lundi, le FBI a commencé son l'enquête. Si certains médias évoquent la possibilité d'une piste islamiste, d'autres penchent pour la thèse de l'extrême droite. Les commentateurs discernent dans les deux cas un grave danger et mettent en garde contre toute récupération politique, après l'unité affichée au départ devant cette tragédie
ABC - Espagne : un peuple américain unit face à l'adversité
Après l'attentat terroriste de Boston, les États-Unis font preuve d'une unité exemplaire, salue le quotidien conservateur ABC : « Ce crime met à l'épreuve le peuple des États-Unis, en tant que représentant de toutes les sociétés démocratiques. Les terroristes savent que l'effet de leurs attaques est décuplé quand ils parviennent à fissurer l'unité d'un peuple et à faire sauter la fermeté de ses institutions. Mais les États-Unis réagissent de manière tout aussi exemplaire qu'après le 11 septembre. Il n'y a eu aucune déclaration politique partisane ou sectaire. Aucune pression sur la Maison Blanche pour que celle-ci présente rapidement des coupables. Pas de désaccord dans la rue. La force des États-Unis ne réside pas seulement dans son armée ou son poids économique. Elle repose également sur les profonds sentiments patriotiques de sa population et son unité face à l'adversité.»
(Article publié le 17.04.2013)
Večer - Slovénie : réfléchir avant d'agir
Le président Obama a hésité pendant des heures avant d'associer le mot de terrorisme à l'attentat de Boston. A bon escient, estime le quotidien conservateur Večer : « La guerre lancée par l'ex-président Bush après le 11 septembre 2011 contre le terrorisme ayant eu des effets désastreux pour les Etats-Unis et d'autres pays, il est aussi intelligent qu'indispensable de bien penser ses mots, mais surtout de bien penser sa réaction. Plus de dix ans après les attentats, l'Occident emploie ses dernières forces à se retirer d'Afghanistan et d'Irak, sans avoir remporté de victoire, en ayant semé le trouble dans ces pays, sans pour autant leur avoir exporté la démocratie et la paix. Reste à savoir si les aventures guerrières américaines contre le réseau terroriste Al-Qaida et la liquidation de son chef Oussama Ben-Laden auront apporté plus de sécurité dans le monde. Après l'épisode sanglant de lundi à Boston, la réponse est négative.»
(Article publié le 17.04.2013)
De Morgen - Belgique : le spectre de l'extrême droite américaine
Suite à l'attentat de Boston, on évoque la possibilité de commanditaires d'extrême-droite. Le quotidien de centre-gauche De Morgen appelle à prendre au sérieux le danger de l'extrême droite américaine : « L'influence politique des Afro-américains et des Latinos n'a jamais été aussi forte, et le fait que ces communautés votent majoritairement démocrate suscite une grande frustration dans les formations les plus à droite sur l'échiquier politique. D'autant plus qu'Obama travaille actuellement à un assouplissement des lois sur l'immigration et à des restrictions des lois sur le port d'armes. S'il devait s'avérer dans les jours à venir que l'extrême droite était responsable de l'attentat terroriste de Boston, Obama et ses partisans se trouveraient face à un grand défi. En effet, comment faire comprendre à un groupe de xénophobes frustrés et violents qu'ils n'ont aucun motif d'avoir peur d'une Amérique qui, pour la première fois dans son histoire, devient un véritable creuset ?»
(Article publié le 17.04.2013)
Dagens Nyheter - Suède : pas de trêve dans la lutte contre le terrorisme
Malgré le nouvel attentat qui a frappé les États-Unis lundi à Boston, on ne peut reprocher au Président Obama d'en faire trop peu contre le terrorisme, analyse le quotidien libéral Dagens Nyheter : « Au lendemain du 11 septembre, le président George W. Bush lançait les États-Unis dans une guerre globale contre le terrorisme. ... Une guerre que Barack Obama à poursuivi, sans lui donner le même nom. ... Il a intensifié le recours aux drones, qui pourchassent les terroristes dans beaucoup de pays - sans autre forme de procès et sans informer le public des critères de leur déploiement. ... La guerre des drones signifie que l'on ne peut pas reprocher à Obama d'agir trop faiblement contre les terroristes. Les événements consécutifs au meurtre, l'an dernier, de l'ambassadeur américain à Benghazi, en Libye, ont montré que les trêves dans les luttes politiques sont rarement de courte durée à Washington, même lorsqu'une tragédie s'abat sur le pays.»
(Article publié le 17.04.2013)
Mladá fronta Dnes - République tchèque : un avertissement pour le monde entier
La lutte contre le terrorisme s'apparente elle aussi à un marathon, relève le quotidien libéral Mladá fronta Dnes après l'attentat de Boston, préconisant s'il le faut de sacrifier des libertés pour mener ce combat : « Le terrorisme est plus qu'une petite égratignure. Ce n'est pas non plus un spectre brandi par les politiques d'extrême droite. On ne peut y faire face en lui opposant amour de la paix et tolérance à tout-va. Le massacre sans discernement de participants à une compétition sportive ne mérite pas la moindre compréhension. Le stéréotype qui veut apaiser les esprits en se disant que cela ne peut pas nous arriver, à nous, ne sera d'aucun secours. Malgré la distance, Boston doit être un avertissement pour le monde entier, un appel à la vigilance. N'oublions pas que le débat sur de meilleures conditions pour les détenus terroristes à Guantánamo a une fois de plus été relancé. Ou encore les discussions sur l'élargissement du droit d'accès à nos données privées par l'État. Pour avoir raison du terrorisme, nous devons être prêts à lui sacrifier un peu de notre liberté.»
(Article publié le 17.04.2013)
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