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Blair-Europe : tous pour un

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Alors que le continent européen traverse une crise profonde, les attentats de Londres peuvent conduire les citoyens à l’union sacrée contre le terrorisme. Soudés autour de la Présidence britannique.

Victoire des « nonistes » français et néerlandais aux référendums sur la Constitution. Blocage du budget européen au Sommet de Bruxelles en juin dernier sur fonds de rivalité Blair-Chirac. Elargissement difficilement digéré, avec dissonances entre « jeune » et « vieille Europe ». Stop ! Face au risque terroriste, cette suite de couacs dans la fanfare communautaire pourrait retrouver un semblant d’unité. A condition que le chef d’orchestre Blair joue la partition moderato cantabile.

Une politique des « petits pas »

A partir du 1er juillet, la Grande-Bretagne préside une Union qui n’est pas complétement démunie face au fléau des poseurs de bombes. Traumatisme du 11 septembre puis tragédie madrilène de mars 2004 avaient déjà poussé le combat anti- terroriste sur le devant de la scène. Si le Conseil coordonne l’action menée dans ce domaine, le choix des mesures ressort de la compétence propre de chaque Etat membre. Curieusement, la lutte contre ces actes « barbares » ne requiert qu’une simple coopération policière et judiciaire en matière pénale. Depuis la décision-cadre anti-terroriste de 2001, plans d’action inter-gouvernementaux, communication et initiatives se sont succédés, témoignant de la volonté de l’Union d'agir sur ce front. Le Programme de La Haye, élaboré en novembre 2004, regroupe plusieurs propositions ambitieuses : création d’un centre d’analyse des menaces à Bruxelles, mise en place d’un Système d’Information Schengen (SIS I et II) pour la sécurité des transports et fameuses normes biométriques pour les passeports, inauguration cet automne d’une Agence de gestion des Frontières Extérieures (AFE).Un arsenal de procédures financières a également été adopté, afin notamment de couper les vivres des organisations suspectes et combattre le blanchiment d’argent sale avec le GAFI . En outre, les Européens privilégient souvent une stratégie de dialogue et préfèrent s’attaquer aux racines du problème : recrutement et radicalisation des jeunes terroristes.

Des «failles» dans une «lutte ingrate»

Pour John Holmes, ambassadeur de Grande-Bretagne à Paris, « il est probable que les attentats de Londres vont mener à une intensification de la lutte contre le terrorisme au sein de l’Union européenne.» Une intuition renforcée par la réunion extraordinaire ce mercredi 13 juillet des ministres de l'intérieur des 25. Objectif : accélérer l'adoption d'une demi-douzaine de mesures imaginées après les attentats de Madrid, sans réelle nouvelle initiative. Parmi les lois envisagées figure celle, très controversée, de la conservation par les opérateurs de télécommunications des données des appels téléphoniques et des communications électroniques pour permettre leur exploitation par les services de renseignement. Mais la tâche reste difficile et plusieurs spécialistes dénoncent la difficulté d’obtenir un consensus européen puisque l’état de la menace varie considérablement d’un pays à l’autre. Dans une interview accordée en mars 2005 au Financial Times, Gijs de Vries, le « Mr Terrorisme » de l’Union déplorait déjà le manque d’uniformisation dans la mise en place des mesures ou le ralentissement du processus de réforme. Et la coopération entre Etats reste insuffisante pour de nombreux experts, handicapée par les procédures spécifiques à chaque pays. En outre, «comment lutter contre un kamikaze ?»

Le choix de Blair

La mission de la Présidence anglaise s’annonce donc ardue. L’acte de terreur perpétré à Londres poussera t-il Tony Blair à demander une intégration accrue au sein de domaines clés de la politique communautaire ? De même, son programme pour la présidence de l’Union, qui semblait concentré sur les réformes économiques, pourrait changer d’orientation. Les divergences sur des dossiers épineux comme la directive Bolkenstein ou la clause de « l’opt out » vont-elles s’effacer devant l’exigence de cohésion en matière de sécurité ? A un moment où la construction européenne connaît une parenthèse désenchantée, Tony Blair a dorénavant toutes les cartes en main pour relancer le moteur. Porté par une vive émotion publique et la solidarité manifeste de ses partenaires. Un esprit de concession souffle déjà à Gleanagles où les participants du G8 se sont empressés de signer les compromis préparés par leurs équipes afin de ne pas ajouter à la confusion. On peut espérer qu’il parvienne jusqu’à Bruxelles, où l’Union aspire plus que jamais à l’harmonie.