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Bienvenue du côté obscur du tourisme

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Sergio Marx

Berlin

Dans la presse berlinoise, les articles se multiplient sur les „hordes de touristes“ qui envahissent la ville, particulièrement en été.

De jeunes anglais post-prépubères en quête de sensations forte(ement alcoolisées) s'adonnent à leur discipline favorite : le Pub-Crawling, et des groupes d'innombrables Espagnols bruyants, arrogants et qui écorchent trois mots d'anglais, ne respectent même pas les règles d'usages germaniques de base : ne pas marcher sur la voie vélo, attendre que le feu passe au vert, éviter les 120 décibels après 22 heures. Les auteurs et blogeurs locaux s'en donnent donc à coeur joie et tirent dans le tas. Sous le couvert de leur berlinisme de longue date et de leur barbe grisonnante, ils diffament les touristes en manque, tout en oubliant un peu, qu'eux aussi Wahl-Berliner, ils ont jadis débarqué en masse de leur province d'Allemagne méridionale pour se débaucher à Sodome et Gomorrhe, en ignorant tout autant le retraité autochtone. Mais le temps passe et on oublie.

Tout ce que j'ai à leur dire c'est : bienvenue dans la société du tourisme de masse ! Berlin est la première ville allemande victime de ce que certains allemands ont fait et font subir aux pays de la côte méditerranéenne. Je vous invite juste à traverser les Ramblas et le Raval à Barcelone et me prétendre que le tourisme nord-européen n'y fait pas des ravages. Sans oublier Lloret de Mar, la billig-Babylone du Sud, où des masses de jeunes Abiturienten viennent fêter la fin de leur supplice éducatif prussien.

Regardez la côte catalane d'avant le boom touristique et l'actuelle. Comparez, et plaignez vous de la gentrification intenable que ces touristes de quelques mois sont supposés infliger à Berlin. Car sur ces côtes autrefois source d'inspiration de Dalí et Miró, les cabanes de pêcheurs ont disparu, remplacées par une longue plaque de béton reliant la France à Gibraltar. Et quid de Mallorca, le 17ème Bundesland allemand ? Où la culture comme la nature se retrouvent mises en scène pour le plaisir des touristes en soif d'exotisme. Olé !

Tout cette histoire me rappelle une émission diffusée par la très lowcost-Antena 3 espagnole où deux présentateurs insolents  s'adonnaient à une intéressante expérience. Ils visitaient Cologne et sa cathédrale, le Dom, dans l'attirail du guiri de base en Espagne : short, bikini, manches-courtes et claquettes, une bière à la main. Réaction de l'épiscopat : Hallooo! Oooh! Hey! Ca ne passe pas ! C'était la vengeance des Espagnols !

Alors s'il vous plait, amis berlinois aigris, n'oubliez pas que vous n'êtes pas les premiers à souffrir du tourisme de masse, vous êtes en fait quasiment les derniers à en découvrir ses désavantages. Et n'oubliez pas non plus que vous en tirez une bonne liasse de billets : 250 000 Berlinois vivent du tourisme.

(c) Photo YoHandy/flickr

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