Berlinale, mon amour
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Du 9 au 19 février se tient la 67ème édition du festival du film de la Berlinale dans la capitale allemande, avec son lot de professionnels du cinéma, photographes, metteuses et metteurs en scène, cinèphiles et bien sûr : de stars. L'occasion pour de nouvelles rencontres et des déjàs-vus.
" C'est ta première fois ? ", me demande t-il en réajustant ses lunettes. Ses bouclettes tombent de sueur sur son visage sympathique. Sous mon gros bonnet rouge, je tente de cacher ma gêne. " Moi aussi ", me rassure t-il, mon gentil bouclé du guichet des tickets, et m'explique patiemment comment obtenir une place parmi les quelques 400 films presentés à l'édition 2017 de la Berlinale.
Février dans la capitale allemande, il fait froid, très froid ce jeudi matin, où le 67.ème festival du film s'installe du 9 au 19 fèvrier et avec lui une ribambelle de journalistes, photographes, metteuses et metteurs en scène, cinèphiles et bien sûr : de stars ! Le Grand Hyatt, où s'est installé le coin presse, trône au milieu d'une place toute aussi grande et glamour, la Potsdamer Platz, il est 09h30 et les couloirs grouillent de gens, qui ont tous l'air important. Sous mon bonnet rouge je suis impressionnée.
Pour le trailer de l'édition 2017 de la Berlinale, c'est par ici : https://www.berlinale.de/de/im_fokus/trailer/index.html
Depuis dix ans dans cette ville, la Berlinale et le brouhaha qu'elle provoque – de même que le froid polaire, dans lequel des courageux font des heures de queue – continuent de me fasciner. En traversant l'allée qui mène au Palais de la Berlinale, sur la Place Marlene Dietrich, les lumières scintillantes, les berlines noires brillantes, le glamour dans l'air, je me souviens.
Il y dix ans, je venais d'arriver, à peine 20 ans et en vrai peine avec la langue allemande, on m'offrait une place attitrée pour „ la soirée du siècle „. Attitrée bien sûr à un autre nom que le mien. En moi monte un stress multiple : être au milieu de stars du cinéma allemandes et internationales dont les noms et les visages ne me diraient potentiellement rien, me faire eventuellement repérer en tant qu'usurpatrice officielle d'identité et, dans l'un ou l'autre cas, être incapable de me défendre convenablement par manque d'arguments linguistiques et rhétoriques. Bref, l'enfer. Bien entendu, la place attitrée ne permettait pas de s'assurer du renfort en amenant de la compagnie. Me voilà donc, chevauchant mon vélo depuit la résidence universaitaire de l'autre côté de la ville, en route pour cette soirée qui allait m'apporter richesse et succès et très certainement l'homme de ma vie, en la personne même de Brad Pitt – ou Till Schweiger, sur ce point mon imagination restait floue.
Pour arriver à la dite soirée un shuttle depuis la gare était organisé. Mes talons hauts, ma toute toute petite robe noire, mon tout tout petit sac en satin, mon kilo de maquillage et moi attendons donc patiemment à l'arrêt indiqué. Avec moi un petit groupe de realisateurs, jeunes, beaux et dynamiques, et tout ce qu'il y a de plus relax. Mon stress multiple décuple. „ Et toi, quel est ton lien avec le monde du cinéma ? „, se risque le beau brun barbu. Si l'on m'a bien appris quelque chose à la maison, c'est de ne jamais mentir. Usurper une identité pour aller à une soirée, d'accord, mais j'ai mes principes tout de même ! Mes principes et moi nous accordons sur la réponse : „ J'aime bien y aller ! ". La gène et le ridicule pèsent lourd dans l'air. L'arrivée du bus me sauve ainsi que le détournement de la conversation sur les films de mes charmants interlocuteurs. Les hommes, de toutes les facons, préfèrent géneralement parler d'eux. Mais bientôt la revanche, puisqu'en arrivant à la dite soirée, contrôle à l'entrée. „ Ah, desolé Messieurs, seulement sur invitation „. Et à moi de sortir de mon tout tout petit sac en satin, le petit bout de papier qui va me réabiliter socialement : mon invitation attitrée. Je savoure et dans un élan solidaire lance „ Ne vous inquietez pas les mecs, je vais voir ce que je peux faire pour vous faire rentrer plus tard ! “. Et me voilà en compagnie de mes talons hauts, ma toute toute petite robe noire, mon tout tout petit sac en satin, et mon kilo de maquillage, disparue dans une foule de journalistes, photographes, metteuses et metteurs en scène, cinèphiles et autre gens cools : tous en jeans et baskets.
Dix ans plus tard j'ai appris à apprecier le charme à la cool de Berlin, me réjouis néanmoins de cet instant : après le bain de foule professionelle ce matin au Grand Hyatt pour le lancement du festival, l'apogée de cette première journée c'est le gala d'ouverture. Une explosion de glam, flash et paillettes sur le tapis rouge de la Postdamer Platz. Sous mon bonnet rouge, je jubile.
Pour la vidéo du gala d'ouverture, c'est par là : https://www.berlinale.de/de/im_fokus/videostreaming/videos/Videos.html#item=40322
C'est donc parti pour dix jours de festival, de films en tout genre, de rencontres et d'allées et venues au Grand Hyatt et entre les 35 cinémas, dans lesquels la Berlinale se présente. Ce matin, mon gentil bouclé est de nouveau au rendez-vous pour me donner mes tickets de ciné de la journée. On se sourit. Je sens que c'est une histoire qui va durer.
Pour plus de moments berlineux : http://moments.berlinale.de