Azerbaïdjan : la face obscure du pouvoir
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alice desthuillersLes vannes du nouvel oléoduc Bakou-Tbilissi-Ceyhan ont officiellement été ouvertes ce 25 mai. L’opposition azérie se consolide, le régime autoritaire riposte alors que le porte-parole du mouvement de libération YOX, Ravi Nurullayev, a été arrêté.
19 mai 2005. Quelques heures seulement après que les activistes du mouvement d’opposition YOX ont décidé de prendre part aux manifestations de masse planifiées pour le 21 mai, les policiers sont déjà en faction devant la porte de Razi Nurullayev. Arrêté, le jeune coordinateur du mouvement YOX (« NON ») est condamné à cinq jours d’emprisonnement. Il revenait justement d’Amsterdam, où s’était tenue une conférence internationale rassemblant des représentants des mouvements non violents des jeunes de l’ancien bloc de l’Est, PORA en Ukraine et même YOX. La décision des activistes de YOX d’organiser une grande manifestation le 21 mai a conduit à une vague d’arrestations. Avec Razi Nurullayev, des représentants des trois plus importants partis d’opposition, Musavat, le Front Populaire et le Parti Démocratique Azéri, ont été arrêtés à la veille de la marche protestation contre la police. Razi Nurullayev a finalement été libéré le 25 mai, quatre jours plus tard.
La fin du silence
Pour la première fois depuis le démantèlement de l’opposition lors des élections présidentielles d’octobre 2003, le block nouvellement crée « Ugur » (« Succès »), qui réunit ces partis d’opposition, s’est risqué à organiser une manifestation de masse. « Fin des dix-neuf mois de silence » titrait le « Yeni Müvasat », porte-voix du parti Müvasat. Bien que le gouvernement ait interdit les marches de protestation pour des raisons plus qu’évidentes, l’opposition a réussi à donner le ton en réunissant plusieurs milliers de manifestants, qui ont réclamé la tenue d’élections libres et régulières pour novembre 2005 ainsi que la possibilité pour les nombreux exilés politiques de revenir aux pays. En effet, depuis les évènements d’octobre, une centaine d’Azéris ont ainsi dû quitter leur pays. Les chefs de file de l’opposition ont appelé à n’opposer aucune résistance physique à la police ni aux services de sécurité, et à n’entreprendre aucune action violente. En dépit de quoi on a tout de même enregistré quelques heurts et la presse annonçait l’arrestation d’une centaine de manifestants.
Le pouvoir ensanglanté
Alors que le gouvernement et l’opposition s’étaient engagés dans la voie du dialogue, la confrontation sanglante entre manifestants et représentants de l’ordre, a rendu toute négociation improbable. Ali Kerimli, à la tête de l’aile réformatrice du Front Populaire, a des doutes sur les orientations démocratiques du gouvernement en place. « Il y a plus de chances qu’il tente d’assurer sa pérennité à coup de matraque », confie-t-il au quotidien « Nezavisimaja Gazeta ». Isa Gambar, le représentant du parti Müvasat, espère, au regard de la mobilisation du 21 mai, que le gouvernement ne parvienne pas à manipuler les élections parlementaires imminentes.
L’ambassade américaine de Bakou a condamné sans appel la répression de la manifestation et a attiré l’attention du gouvernement sur le droit d’association des Azéris. Le soutien occidental aux forces démocratiques azéries revêt désormais de plus en plus de signification. Nous avons tous le regard tourné vers le nouvel oléoduc Bakou-Tbilissi-Ceyhan : ne fermons pas les yeux sur les violations des droits de l’Homme perpétrées par le régime autoritaire d’Ilham Alijew.
Translated from Aserbaidschan: Die dunkle Seite der Macht