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Avec Internet, une nouvelle manière d’apprendre les langues

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Culture

Les nouvelles technologies mis au service de l’apprentissage d’une langue étrangère. La chose se développe sur le Web, et pose la question de la place du professeur. Analyse.

Dans l’apprentissage des langues, la motivation est le facteur-clé du succès. Avoir un professeur en chair et en os, énergique et un peu fou, écrivant frénétiquement sur un grand tableau noir les sévères caractères chinois en scandant leurs sons est exaltant. C’est définitivement un plus. L’apprentissage en ligne, appliqué aux langues, se développe pourtant. La technique est à la fois amusante et un puits de ressources infinies. Mais il faut du temps pour se familiariser avec la Toile et en choisir les meilleurs morceaux.

Lorsqu’en marge de l’université, je me suis inscrit à un cours de spécialisation en ligne pour les professeurs d’italien langue étrangère, j’ai cru vivre un cauchemar. La plateforme était peu élaborée techniquement parlant. Les participants avaient des niveaux et des origines trop différents. Et je n’aurais même pas fait faire à mon petit frère de 15 ans les activités pédagogiques qui y étaient proposées. J’ai donc abandonné le cours après deux mois. 

Le E-learning dans son contexte

(.Fabio/Flickr)D’après la définition que donne l’Union européenne, l’apprentissage en ligne (ou e-learning) est « l’utilisation des nouvelles technologies multimédias sur Internet pour améliorer la qualité de l’apprentissage en facilitant l’accès à des ressources et des services, et les échanges et la collaboration à distance. » « Le terme a été galvaudé, lance d’entrée Joe Hegarty, le directeur des opérations commerciales des Centres d’innovation d’Intel. La technologie est maintenant clairement intégrée dans toutes les solutions modernes d’apprentissage. »

Les premières initiatives d’apprentissage des langues en ligne datent du début des années 80. Avec l’intégration de plus en plus courante et normale des ordinateurs personnels dans notre vie de tous les jours, l’apprentissage et la formation par l’intermédiaire d’Internet (« web based training » ou WBT) ont progressivement mis en jeu des méthodes interactives telles que les « chat rooms » (salons de bavardage ou de clavardage comme disent les Québécois), la messagerie instantanée et les fils de discussion. 

Les années passant, l’accent s’est déplacé des technologies nécessaires pour mettre à disposition les moyens de l’apprentissage (mise au point de plateformes et de normes de systèmes de gestion de l’apprentissage) vers la dimension « apprenant » avec la méthodologie et la didactique en plus. L’environnement de l’apprentissage a fortement influé sur le processus d’apprentissage. Les apprenants ne sont plus assis dans une petite cabine en verre, sous l’œil attentif de leur enseignant. Il leur faut mettre la main à la pâte pour s’adapter et construire les compétences dont ils ont besoin. 

En Allemagne, un tableau noir virtuel

Il faut également compter avec la force des réseaux sociaux et le boum des applications Web 2.0. La recherche contemporaine a cherché à tirer le meilleur parti du potentiel « collectif » de l’apprentissage en ligne sans laisser les frontières numériques brider la créativité sociale et l’inspiration interactive que seul peut engendrer un travail en équipe. Anna Kirah, qui a été élevée entre Taïwan, le Japon, la Chine et les Etats-Unis, est très consciente de ce que c’est que de voir le monde sous une autre perspective : « La personnalisation de l’environnement de la formation peut être un moyen efficace d’acquérir des compétences mais encore faut-il que cet environnement puisse s’adapter à une pensée d’équipe et à un travail en équipe. Ma crainte est qu’en limitant la collaboration nous tuions la créativité. »

Une plateforme spéciale d’apprentissage en ligne pour toutes sortes de cours a été mise au point à Bochum. Elle permet aux professeurs de l’Université de la Ruhr d’élaborer de nouveaux cours, de télécharger les exercices et autres matériels sous différents formats de fichiers, y compris des fichiers audio et vidéo. Les étudiants peuvent également publier leurs travaux oraux et écrits sur un « tableau noir universitaire » et en discuter avec leurs condisciples.

L’émotion : le chaînon manquant

A titre d’exemple, au début du cours de néerlandais, les étudiants peuvent créer une simple page d’accueil, juste pour se présenter dans cette langue. Ils complètent ensuite cette page au fur et à mesure des progrès dans leurs devoirs. Les erreurs sont également corrigées en ligne et les étudiants peuvent améliorer leurs connaissances grâce aux suggestions qu’ils reçoivent et en corrigeant les bourdes de leurs collègues. « Le gros avantage et ce qui fait la richesse de ce type de plateforme, estime Nicola Jordan, un professeur de suédois à l’Université de la Ruhr, sont sa souplesse horaire, la possibilité d’échange avec les autres étudiants et les professeurs, et la diversité des moyens mis en œuvre. »

« Le meilleur outil d’apprentissage en ligne ne peut malgré tout pas remplacer les processus complexes de la communication en face à face, continue toutefois de penser Nicola Jordan. Ceux-ci jouent encore le rôle principal dans notre vie de tous les jours. Les cours demeurent un élément important de l’apprentissage des langues. » Et son collègue néerlandais Hendrik Neukäter d’ajouter que « la communication par médias interposés ne peut pas remplacer le contact réel car elle réduit la possibilité de transmettre les émotions, ce qui est essentiel dans l’apprentissage des langues. »

Tous les moyens numériques sont bons

L’apprentissage en ligne est attrayant car il offre de la souplesse. « Un outil de formation et d’apprentissage en ligne est efficace s’il se distingue de la situation rencontrée dans une salle de classe. Il permet par exemple d’entendre sa propre voix et de décider en conséquence de faire écouter son expression linguistique aux autres étudiants », poursuit Hendrik Neukäter.

Le professeur Michael Kerres, détenteur de la chaire d’éducation aux médias et de management de la connaissance de l’Université de Duisburg-Essen, prévoit une prolifération de l’apprentissage en ligne. « L’apprentissage en ligne voit son utilisation progresser dans le monde entier, même si ce n’est pas à la vitesse que certains le prévoyaient. » Il joue par ailleurs un rôle majeur dans sa propre vie. « J’utilise Internet presque chaque jour pour me tenir au courant des dernières évolutions dans mon domaine, pour échanger des points de vue avec des collègues ou même pour écrire mon blog. Aujourd’hui, tous les moyens numériques sont bons pour l’information, la communication, l’apprentissage et la formation. »

Translated from E-learning: a new way to learn languages online