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Aux origines de la crise : les subprimes en 2007

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Politique

Quel est le sens historique de la crise de 2007 ? Comment est-elle née ? S'agit-il d'une crise financière ou économique ? Quel rôle ont joué les crédits «subprime» ? Beaucoup de questions qui, par l'importance et l'actualité des problèmes qu'ils touchent, exigent une réponse. Ça tombe bien, on va vous la donner. Mais en plusieurs fois. 

À l'époque des anciens Grecs, le mot «crise»  (de κρίσις, «décision», ndlr) était employé dans le sens d'une « capacité de jugement », de discernement. Dans le langage moderne, ce terme a été dépouillé de sa connotation positive et indique exclusivement une négativité, généralement dans la mesure du passage d'une circonstance favorable à une situation défavorable.

Qu'avons nous appris de la crise de 2007 ?

Comprendre l'évolution d'un tel terme est utile car cela permet de cerner une certaine approche aux problèmes économiques et sociaux d'aujourd'hui. Le premier sens historique de la crise de 2007 est de fait une constatation : on en apprend peu sur la crise. Pendant les quatre dernières décennies, au moins quatre crises financières de relief se sont manifestées, avant que nous nous trouvions en face à celle des « subprimes » (les prêts à haut risque, ndlr).

Ses conséquences immédiates et profondes démontrent comment elle a été affrontée : de manière inexperte - forte d'une « méga-machine » financière capable de créer de la richesse avec une extrême facilité et rapidité mais en même temps très fragile - et dépourvue d'un système institutionnel suffisamment préparé à réguler et contrôler cette réalité.

Son second sens - qui est surtout une conséquence - tient à la destruction de la richesse, un phénomène qui rassemble plus ou moins toutes les crises financières et économiques, du moins lors de leur phase plus intense. Cependant, les effets destructeurs de la crise des subprimes ont été énormes. Dans son rapport de 2009 sur la stabilité financière, le FMI estimait les pertes sur le marché du crédit jusqu'à 945 miliards de dollars pour la période 2008-2020, l'Europe a perdu 4 milions de postes de travail de 2008 à 20013, le PIB annuel de bien des pays à diminué, dans certains cas de deux points.

Un pas en arrière

La crise des subprimes naît en 2007 aux États-Unis. Et il faut se pencher sur l'analyse du marché immobilier américain dans la période 1997-2006 pour comprendre. Dans cet arc de temps, le prix des immeubles était en croissance perpétuelle et attirait des investissments dans les seceteurs qui à leur tour soutiennent ce processus. L'attrait du marché immobiler devient alors tellement élevé qu'il provoque une « bulle » spéculative en son intérieur.

S'il faut tenir cet élément en considération pour comprendre la crise, il est aussi vrai que les effets du marché immobilier ne consituent qu'un facteur secondaire de la crise dans sa globalité. Le noyeau viral doit être perçu dans le circuit bancaire : dans le milieu des prêts immobiliers, et plus précisément dans l'instrument que sont les subprimes .

 Que sont les « subprimes » ?

Les subprimes sont un type particulier et relativement récent de crédits, amplement utilisés dans les banques américaines à partir des années 1990. Ils ne se distinguent pas tant par leur contenu, que par le sujet qui en bénéficie. Ces crédits étaient effectivement accordés à des clients qui présentaient de faibles, voire aucune garantie quant à leur crédit, donc difficilement à même de rembourser leurs dettes. 

Entre autres, l'accès au crédit de ces personnes au profil financier à haut risque était compensé par des taux d'intérêt fixes et relativement bas au cours des premières années, qui ensuite devenaient hautement variables, généralement indéxés sur un indice de référence externe. Beaucoup de ces crédits subprimes ont été accordés pour acquérir un premier logement.

La lubie de pouvoir ainsi faire l'aquisition d'une habitation facilement a attiré des milliers de familles américaines. Selon une estimation, de 1994 à 2005, la valeur du marché des subprimes a augmenté de 35 à 665 miliards de dollars.

 Qui en paye les pots cassés et qui y a gagné ?

La situation dégénère à partir de 2004, lorsque, en face de taux d'intérêt devenus insoutenables, de nombreux débiteurs ne sont plus en mesure de payer les mensualités. Mais ce qui peut sembler un désastre pour beaucoup de monde, se révèle, un privilège pour certains : la banque saisit le bien immobilier, et, en période de montée des prix de l'immobilier, le revend plus que la valeur du crédit qu'elle même avait accordée. Les banques, ainsi, en tirent un profit de manière totalement légale.

Maintenant, imaginez les têtes des conseillers financiers et du personnel lorsque, au cours de l'année 2006, il commencent à comprendre que la bulle spéculative du marché immobilier va exploser, avec l'écroulement inévitable du système banquier dans son intégralité. Le « truc » légal de la saisie, suivi de la vente de l'immeuble sur le marché, ne marche plus : cette maison vaudra bien moins et la banque subira des pertes. D'énormes pertes.

Certains parleront de karma. En réalité, dans le monde de l'économie, seuls les chiffres comptent. Les chiffres, les données et l'objectivité. Lorsque une crise comme celle-ci touche tout le monde, personne n'y gagne. Sauf quelques-uns. Mais ça, vous le saurez au prochain épisode.

Translated from La crisi è democratica (o quasi)