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Au tournant

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Lorelei

Presse à la grecque

on l'attend. C'est-à-dire que l'attendent ses électeurs. Yorgos Papandréou, vainqueur des élections du 4 octobre dernier, commence sa deuxième semaine de mandat, et tous les regards médiatiques se portent sur ses faits et gestes politiques, pour voir de quelle empreinte il va marquer ses 100 premiers jours dont il avait annoncé en septembre qu'ils remettraient le pays dans le droit chemin.

Voyons donc ce qu'en pense la presse grecque.

Mardi, plusieurs journaux soulignaient dans la formation du nouveau gouvernement le grand nombre de visages inconnus, puisque sur les 36 membres, 26 se voient là offrir leur premier mandat ministériel. On s'enthousiasmait aussi mardi dernier sur le nombre de femmes (neuf au total, et à des postes importants). Dans un monde politique peuplé de familles et de baroudeurs (masculins) du pouvoir, cela peut être effectivement bienvenu, rafraîchissant à tout le moins. Visages nouveaux ? ironise Yorgos Tetradis dans Eleftherotypia, citant plusieurs ministres qui ont déjà « contribué aux gouvernements de M. Simitis, sanctionnés ensuite par le vote ». Dans Kathimerini au contraire, Antonis Karkayannis estime que la population a réservé un bon accueil à ce nouveau gouvernement. L'image renvoyée par les ministres novices en politique de ce niveau, qui ne faisaient pas les bons gestes, n'accomplissaient l'ancestral protocole politique qu'avec maladresse, souriaient franchement comme des élèves heureux sur une photo de classe, tout cela pourrait annoncer la fin d'une culture politique démodée. S'il n'est pas dupe quant à l'avenir et aux difficultés auxquelles va être confronté le nouveau premier ministre, le chroniqueur estime qu'il a gagné sa « première bataille », celle des premières images médiatiques qui sont autant de signaux neufs envers son électorat.

Pour ce qui est des actes, Yorgos Papandréou a déjà lancé deux combats. D'abord en politique étrangère, son dada puisqu'il fut lui-même ministre des affaires étrangères plusieurs années, et qu'il s'est réservé ce poste pour ce mandat, en sus de sa fonction de premier ministre. En marge de la Conférence interbalkanique qui se tenait en fin de semaine dernière à Istanbul, il a rencontré « informellement » le premier ministre turc et lui a assuré que « la Grèce soutenait la marche de la Turquie vers l'Union, mais qu'elle attendait en échange que la Turquie aille dans le sens des exigences européennes ». Répondant à une question sur le sommet des 27 qui aura lieu en décembre et devra évaluer la candidature de la Turquie, Papandréou a diplomatiquement indiqué que la Grèce userait de « tous les outils qui sont à sa disposition », c'est-à-dire aussi bien le veto (à lire dans Makedonia). Voilà qui semble réjouir les dirigeants chypriotes, dont le parte-parole a réagi rapidement pour dire sa satisfaction aux propos « clairs et précis » du premier ministre grec (dans Phileleftheros): sa position assez ferme, mais néanmoins ouverte a séduit. Et tout le monde, vraiment, semble content puisqu' il paraît même que les médias macédoniens (FYROM) ont rapporté de façon très positive la première poignée de main échangée entre Papandréou et son homologue de Skopje, Antonio Milososki. Ce n'est pas grand-chose, estime-t-on, mais cela permet de « briser la glace ». Et cette couche de glace-là est épaisse.

En politique intérieure, nous apprenons ce dimanche dans Eleftherotypia qu'il a lancé le chantier de la réforme de la loi électorale. La nouvelle loi serait inspirée du modèle allemand qui devrait permettre un renouvellement complet de la classe politique grecque. Les dernières élections, par exemple, n'ont pas permis aux Verts écologistes, avec leur 2,5% de voix, d'entrer au Parlement. Il faut à présent qu'elle soit discutée et acceptée, mais l'intention y est, semble-t-il.

Mais plusieurs journaux soulignaient aussi ces derniers jours le grand problème auquel va devoir se confronter le nouveau Papandréou (le troisième de la famille): le déficit public. Il semble que les chiffres qu'avait annoncés le gouvernement précédent aient été un rien en-dessous de la réalité (selon l'édition de samedi du journal Makedonia ) et que le déficit s'élève à la fin de l'année à 10% du PIB (le pacte de stabilité ordonnant aux pays européens de rester en deçà de 3% du PIB...). Dans ces conditions, continue l'article, la Banque Nationale de Grèce peut donner son feu vert au gouvernement pour percevoir de nouveaux impôts ou « trouver tout autre moyen » pour réduire ce gouffre.

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