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Au lieu de nourrir les mites, alimentons l’économie sociale!

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Bruxelles

Par Jan Nils Schubert 507 000 tonnes de textile récupérées en une semaine, soit l’équivalent en poids d’environ 4000 baleines bleues ou 10 tours Eiffel. Un « succès total » pour l’association Ressources, initiatrice de cette grande collecte qui se tenait du 17 au 25 novembre à Bruxelles et en Wallonie.

L’occasion aussi de répondre à la question : mais où vont nos fringues, une fois avalées par les bulles textiles ?

Saviez-vous qu’en moyenne 30% de votre garde-robe n’a pas été mis pendant au moins deux ans ? Ou qu’un habitant belge élimine en moyenne 10kg de vêtements par an, soit l’équivalent d’une grosse lessive ? Boulimie textile de la société de consommation, diktats d’une mode sans cesse en mutation, les explications sont nombreuses. Et pendant que certains s’adonnent à des actions contre une industrie massive et toxique, d’autres transforment l’amoncellement textile en une action sociale positive et ce, en créant de l’emploi.

C’est dans le cadre de la semaine européenne de la réduction des déchets que l’association « Ressources » avait mis en place une vaste opération de collecte textile à Bruxelles et en Wallonie. Un succès qui, selon Arabelle Rasse, chargée de la communication, dépasse la simple quantité de textile récupérée. « Pour la première fois, nous avons réussis à faire collaborer neuf entreprises actives dans la collecte de textile usagé, normalement concurrentes » explique-t-elle. Et ce qui les unissait ? Le label éthique solid’R et une charte signée au nom de l’économie sociale. Se différenciant tant des friperies traditionnelles que des simples initiatives citoyennes de la récupération, l’idée ici est de créer de l’emploi et permettre notamment la réinsertion sociale.

Un secteur d'emploi qui couvre 4500 postes et se crée surtout dans les centres de tri locaux, chargés de mettre de l’ordre dans l’amas disparate de textiles apportés. Ces textiles sont alors soit revendus (5%), recyclés (en chiffons, rembourrage) ou effilochés. Une majorité cependant sera aussi exportée vers les pays du Sud et de l’Est, où des ONG s’assurent sur place de la redistribution et créent de l’emploi local. « Il n’y a pas ou peu de production textile en Afrique » précise Arabelle Rasse. « Il y a donc le choix entre les tissus de très mauvaise qualité venant de Chine ou des tissus Européens qui restent très prisés ». Pour finir, « il reste 15% des vêtements, les déchets ultimes à éliminer. » Il s’agit notamment des vêtements contaminés par divers détritus, balancés par mégarde ou paresse dans les bulles textiles.

Interrogé sur les initiatives européennes dans le domaine de la réduction des déchets, Tanguy Ewbank, chargé de mission pour Ressources, raconte: « Il existe une directive européenne de 2009 qui instaure une hiérarchie dans le traitement des déchets. Il s’agit d’abord d’éviter le gaspillage, ensuite de réemployer, puis seulement de recycler, voire d’éliminer les déchets ». Responsable d’une action simultanée, qui a su récupérer 2000kg de matériel électronique sur les deux campus de l’Université Libre de Bruxelles (ULB), il prend alors exemple sur l’une des tours exposées à son stand. « La plupart des ordinateurs peuvent être prolongés de deux ans au moins. Et s’ils ne fonctionnent vraiment plus, il est toujours possible de récupérer certains éléments ».

Pour terminer sur une anecdote: je me rappelle que lorsque j’ai acheté mon PC à Oxfam, on m’avait renseigné sur le fait qu’il arrivait tout juste de la commission européenne. Comme quoi, conclut Tanguy « la commission joue le jeu ».