Au diable la crise !
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Philippe-Alexandre SaulnierUn vent de panique souffle sur la planète Terre… Tour de Babel aux portes de l’enfer financier.
En avril dernier, Peer Steinbrück, grand argentier des finances fédérales en Allemagne, pressentait déjà que la crise en cours s’emballerait très vite comme un cheval fou. En bon allemand perspicace, il reconnut que le « diable était déjà peint sur le mur », « den Teufel an die Wand malen ». Peut-être même dans nos murs… Dans les mois qui suivirent, le vent de folie spéculative qui souffla sur l’Europe et le reste du monde devait lui donner raison.
Fiévreusement et à tout prix, tous ces grands démons de la finance que sont les banquiers, les investisseurs immobiliers et autres traders, se jetèrent à corps perdu dans de bien scabreuses affaires, vidant ainsi les poches des petits épargnants qui se retrouvèrent bientôt comme de « bien pauvres diables », « ser un pobre diablo », disent aussi les Castillans. Tôt ou tard, avec une telle stratégie, il fallait s’en douter : le diable a été enfermé dans la cuisine, « in Teufels Küche ».
En Espagne, on le sait depuis longtemps : c’est Méphisto qui mène la danse. Et il le fait sans contrainte selon l’expression « anda el diablo suelto » qui signifie « le diable se déplace librement. » Sur les rivages de la Vistule, on prétend au contraire que les dames y sont pour quelque chose dans cette débandade. Elles auraient un petit côté diabolique, surtout quand on parle affaires : ne dit-on pas en polonais que « là où le diable ne peut pas aller, il envoie sa fille », « gdzie diabel nie może, tam babe pośle » ?
Qu’importe le responsable, car sans trop de discernement, on se lança éperdument dans une bacchanale de crédits faciles. A première vue, l’offre paraissait bien alléchante. Or, en Pologne comme dans le reste de l’Europe, on semblait avoir oublié que « le diable se cache dans les détails»,« gdzie diabeł nie może, tam babę pośle». Entre-temps, les petits actionnaires fulminaient. Que les dirigeants responsables de cette banqueroute généralisée puissent négocier leur atterrissage en catastrophe, vêtus d’un confortable parachute doré, n’était pas la moindre de leur rancœur.
Faute de pouvoir s’emparer de Lucifer en personne, les gouvernements européens ont dû se contenter du taureau qu’ils saisirent promptement par les cornes. Remuant ciel et terre, les organisateurs du sommet de crise, réunis à Paris, tentèrent de sauver les banques qui avaient le diable au corps, « avere un diavolo in corpo », ajoutent les Italiens. Politicien de « tous les diables » (en allemand « Teufelskerl »), Gordon Brown, de l’autre côté du Channel, savait d’ores et déjà que « le diable réclame son dû et pas en monnaie de singe », « the devil to pay and no pitch hot ». Car quand le moment est venu de payer, la « douloureuse » est pour le moins corsée.
Nous espérons cependant qu’avec ses idées, Mister Parkinson ne se fasse pas l’avocat du diable, « the devil’s advocate », car malgré une nationalisation du secteur bancaire effectuée en toute hâte, l’Etat islandais est bel et bien en faillite !
Site de l'illustrateur Henning Studte : www.studte-cartoon.de.
Translated from Finanzkrise: Europa in Teufels Küche