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Attentats de Nice : quelque chose a changé

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Société

13 novembre, 14 juillet : deux dates, deux attentats. De l'un à l'autre, quelque chose a changé. Comme si le pire était devenu normal.

Il y a eu le 13 novembre. Il y a maintenant le 14 juillet. Deux fois l'horreur, à un chiffre près. Une minute de silence à midi ce lundi, le dernier jour du deuil national décrété par le président de la République : les Français marquent le coup, au sens littéral comme au figuré. Pourtant, on s'était préparés : état d'urgence, Vigipirate renforcé, recrutement de réservistes et augmentation des effectifs de police... après l'Euro de foot qui nous a fait vibrer, on y a (presque) cru : la France était « mieux » protégée. Mieux peut-être mais pas assez.

Comme beaucoup de Français, j'ai pris mes cliques et mes claques pour quitter Paris ce week-end du 14 direction la côte basque. Météo estivale, atmosphère chaleureuse que rien ne devait troubler. Rien sauf ça : un attentat, ça ne prévient pas. J'apprends la nouvelle le matin du 15 : checker Facebook et Whatsapp, vérifier que personne n'y était et vite, revenir à la normale. Pas de « Safety Check », je fais comme si de rien n'était. Je reçois nettement moins de messages de mes proches vivant à l'étranger qu'il y a huit mois, en novembre 2015. Pourtant, toujours le même constat : ça aurait pu être moi. L'union nationale n'aura pas fait long feu, chaque camp politique essayant de récupérer le tragique événement en vue des présidentielles. On s'émeut moins, la deuxième fois. À croire que le pire est devenu normal.

Au fond, qu'est-ce qui est pire : vivre avec et s'y faire ou ne pas l'accepter ? Ce n'est pas faute d'y avoir été préparés : le 1er avril 2016, Le Monde proposait une journée spéciale pour apprendre à « vivre avec la menace terroriste » quand Courrier International titrait « Vivre avec la menace ». Depuis vendredi, la petite musique du « vivre avec » résonne à nouveau : suite à l'attentat, François Hollande et Manuel Valls ont promis à l'opinion que le combat contre le terrorisme serait « long ». En septembre 2015 déjà, le juge Trévidic nous avait mis en garde en disant que « le pire » était « devant nous ». Ironie du sort : le « pire » a eu lieu sous une présidence qui se voulait « normale ».

2016 devait être l'année de l'espérance : c'est déjà (presque) raté. Heureusement, la politique est l'art de changer le monde à condition d'y croire. Il ne nous reste plus qu'à croire.