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Attentats : au suivant

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Simon Loubris

Tout le monde s’attendait à un attentat à Londres. Et pourtant, il n’a pas été possible de l’empêcher. Italie et Danemark ne sont pas les seuls pays à trembler. Portait-robot de la prochaine cible potentielle.

L'attentat de Londres ? La chronique d'un massacre annoncé. En janvier 2003, bien avant les attentats de Madrid, le MI5 (les services secrets britanniques en charge de la sécurité intérieure) procéda à une série d'arrestations qui ont culminé dans la fermeture de la Mosquée de Finsbury Park à Londres, centre de la mouvance islamique radicale en Europe. Les alertes et la peur continuaient de rythmer la vie des Britanniques jusqu’à Noël, quand le chef de la police métropolitaine londonienne, John Stevens, glissait : « le danger à Londres n'a pas diminué ». Et mettait en garde : « un attentat reste inévitable ».

Nul n’est à l'abri

Aujourd’hui, plus que jamais, la peur a envahi l’Europe. Même à l’Est, où le danger semblerait pourtant moindre : à Budapest, le jour des attentats à Londres, trois centres commerciaux étaient évacués en raison d’alertes à la bombe. Mais surtout dans les pays d'Europe occidentale. Les citoyens sont aussi terrorisés par le fait que, pour la première fois, des kamikazes aient agi sur le sol communautaire. En France, le niveau de vigilance est passé au « rouge », notamment en vertu de la thèse - pour l’instant non confirmée -qui voudrait que le choix de la date du 7 juillet, lendemain de la désignation de la ville hôte des Jeux Olympiques de 2012, ne soit pas le fruit du hasard pour le déclenchement des attentats londoniens. Les parisiens se demandent si une attaque leur aurait été également destinée s’ils avaient remporté l’organisation des Jeux.

Danois et Italiens ont également les nerfs à vif : la revendication des attentats anglais attribuée à la cellule d’Al-Qaida contient une menace directe contre Rome et Copenague, en raison de la présence de leurs troupes en Iraq.

Cela fait déjà quelques temps que l'Italie est menacée : la menace était à son maximum en août 2004, lorsque les Brigades « Abu Hafs al Masri» ont intimé aux Italiens de « se débarasser du gouvernement Berlusconi » sous peine de voir « brûler l’Italie». Même le Danemark se sent en danger : dans les médias, la peur des représailles ou d’attentats sur le sol national a augmenté du fait de l’engagement danois en Irak.

« Mais l'Irak n'explique pas tout », analyse Riccardo Alcaro chercheur à l’Institut des Affaires Internationales (IAI), un centre de recherche de Rome. « Il ne faut pas sous-estimer le fait que les revendications contiennent des références à la guerre en Afghanistan », où sont actuellement engagées des forces internationales regroupant, entre autres, la France, la Hollande, la Pologne, l’Allemagne et l’Espagne. « La haine de l'Occident et la réthorique des croisades ont des implications pour l’ensemble des pays occidentaux » conclut Alcaro.

« Au suivant. Et voici comment »

Pourtant, jusqu’en décembre 2003, une attaque terroriste en Europe semblait une éventualité peu crédible. Au lendemain des tragédies de Casablanca et Istanbul, Giuseppe Pisanu, le ministre de l’Intérieur italien, avait affirmé dans une intervention devant la Commission européenne que « frapper de la même manière [qu’à Istamboul ou Casablanca] en Europe est beaucoup plus difficile ». Mais peu de mois après surviennent les attentats de Madrid, alors qu'en juin 2004, un attentat « déjà prêt » est déjoué. Cible ? Paris. Trois personnes sont arrêtées en Italie, quinze en Belgique sans compter des rafles dans toute Europe. Oui, la question du terrorisme concerne tout le monde.

A présent, où frapperont les terroristes ? Depuis le 11 septembre 2001, l’Europe est apparue à la fois comme un objectif et comme une base pour les terroristes. Ce que souligne Alcaro : « En Europe, le danger est particulièrement fort parce qu'il y a bien une vingtaine de millions d’immigrés immigrés musulmans. Ces comunnautés étant peu intégrées avec le reste des populations, il est difficile pour les services de renseignement d’identifier les minorités ayant des liens avec le terrorisme et de recueillir des informations utiles ».

Nous sommes tous des objectifs potentiels, mais il n’y a aucun élément qui permette de dire qui sera frappé, et quand. Alcaro précise : « Nous savons que les preuves d’un centre de décision qui coordonne le réseau des cellules terroristes n’existent pas. Nous savons que ces cellules constituent des groupes différents qui partagent certaines tendances, comme les modes d’action ou les motivations des attaques ». Les événements de Madrid et de Londres montrent que ces groupes restreints ont une capacité destructrice moindre que ceux qui sont responsables du 11 septembre 2001. Mais ils ont un pouvoir psychologique dévastateur et une cible commune : la foule des anonymes, frappés au hasard. « Lorsque ce sont de petites cellules qui s’apprêtent à frapper, il est très

- trop - difficile de déjouer leurs plans à temps : protéger adéquatement les lieux publics est presque impossible », affirme Alcaro. Impossible donc de savoir qui sera la prochaine ville sur la liste ? « On peut dire qu’un attentat sera l’œuvre de petits groupes, parce qu'ils ont démontré leur capacité à organiser une action de façon autonome, dans des lieux et suivant des modalités choisies en raison de leur très fort impact psychologique. Ainsi, Londres était la cible idéale du fait du prestige actuel dont le pays et la ville jouissent en tant qu’hôte du G8, et avec la présidence actuelle de l'Union et l’organisation des Jeux Olympiques de 2012. Mais aussi du fait de la renommée des services secrets britanniques, parmi les plus efficaces au monde ».

Et déjà de penser : au suivant…

Ont collaboré à cet article : de Bratislava, Eva Simekova ; de Budapest, Judid Járadit ; de Paris, Eva Queralt et Julia Mills ; de Rome, Ilaria La Commare.

Translated from Terrore, avanti il prossimo