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Athènes : les visages de la « génération 700 euros »
Published on July 30, 2010
Société Politique
Ce sont les jeunes les plus diplômés d’Europe . Ils débordent d’idées, de connaissances et d’expériences à n’en plus savoir que faire, mais les nouvelles têtes pensantes grecques n’ont d’autre horizon que le sobriquet « génération 700 euros », du nom du salaire minimum national. Un an et demi après les émeutes étudiantes initiées suite à la mort d’Alexis Grigoropoulos le 6 décembre 2008 pour critiquer le manque de perspectives offertes par le gouvernement grec, le profil d’une jeunesse sans avenir professionnel continue de nourrir les imaginaires… Et les murs du quartier d’Exarchia , le cœur alternatif et artistique d’Athènes. La photographe Dana Cojbuc a rencontré ces jeunes diplômés qui multiplient stages et boulots d’appoint dans les rues d’Exarchia. Ses images dévoilent violence et désarroi quotidiens, mais laissent aussi filtrer l’envie et l’espoir d’une « génération » qui compte bien ne pas devenir « perdue » .
Elefteria sort d’une formation en communication et mass-média avec une spécialisation en publicité. Depuis qu’elle a obtenu son diplôme en 2005, elle a multiplié des CDD qui n’ont pas grand-chose à voir avec son domaine d’études. Aujourd’hui chargée de la caisse et des réservations à l'Opéra national d’Athènes, elle voit son avenir menacé par le risque de fermeture de l’établissement culturel, faut de financement public. A l’inverse de la plupart des jeunes athéniens qui continuent de vivre chez leurs parents, Elefteria fait partie des rares privilégiés à s’être trouvé un chez soi.
Photo : ©Dana Cojbuc
Fwtini est titulaire d’une maîtrise en mathématique et d’un master en statistiques. Une formation plutôt rare sur le marché. Pourtant, le marché ne l’entend pas de cette oreille pour l’instant. Après avoir travaillé pendant 12 mois à l’écriture de manuels scolaires, elle n’a toujours pas été rémunérée par l'éditeur.
Photo : ©Dana Cojbuc
Ovidiu a d’abord passé avec succès une maîtrise de philologie anglaise, avant d’obtenir un master en science politique spécialisé sur les Balkans . Il est actuellement à la recherche d’un emploi, après avoir travaillé très longtemps en tant que réceptionniste ou comme journaliste à la petite semaine.
Photo : ©Dana Cojbuc
Les jeunes athéniens ont tenu un long bras de fer avec la municipalité pour pouvoir transformer un parking du centre en parc et lieu de rencontre. Les enfants s'y retrouvent désormais pour jouer l'après-midi, les jeunes et moins jeunes s'y installent le soir, comme ici. Un temps mort loin des sirènes médiatiques autour de la crise pour les Grecs, histoire de faire le point, de bavarder et continuer à vivre comme avant.
Photo : ©Dana Cojbuc
Un master en management culturel ne suffit pas à Sofia pour décrocher un premier contrat digne de ce nom dans son domaine. La jeune grecque n’a pourtant pas chômé : elle a travaillé pour l’UNESCO comme stagiaire bénévole avec l'espoir d'une embauche. En vain. Depuis 30 mois, Sofia est de nouveau en stage. Elle est responsable du Guide Touristique des Hôtels pour la Chambre des hôtels de Grèce. Pourtant, la jeune stagiaire à répétition ne laisse rien filtrer de ses galères et garde bon espoir de trouver enfin un emploi à sa mesure.
Photo : ©Dana Cojbuc
Nancy aussi a obtenu un master en communication et mass-média. Mais après de nombreux petits boulots et CDD à la chaîne, elle est aujourd’hui au chômage. A toute chose malheur est bon : le taux de chômage des jeunes grecs est un des plus élevés de la zone euro. De 25,3% en septembre 2009, il pourrait atteindre 28% à la fin de 2010 selon l'OCDE . Est-ce un réconfort pour Nancy de savoir qu’un quart des jeunes sont dans la même situation qu’elle en Grèce ? Ici, la jeune passe devant une voiture brûlée, la veille, en plein milieu du quartier d’Exarchia .
Photo : ©Dana Cojbuc
Installez-vous une fin d'après-midi sur la place du quartier d'Exarchia : trois grands gaillards jouent au basket pendant que quatre gosses jonglent avec une balle de foot. A côté, leurs compères papotent posés sur la statut de la place, en regardant la partie de baby-foot qui se déroule à un mètre. Revenez-une heure plus tard, la même scène, mais les joueurs ont tournés : les basketteurs jouent au foot pendant que les footeux manient le baby-foot ou le ping-pong. Exarchia, ambiance solidaire, musique de fond et jeux d'enfants. Les clients des terrasses tout autour l'ont compris : il faut que jeunesse se passe.
Photo : ©Dana Cojbuc
La vie s'écoule sans heurts à Exarchia, mais la couleur des murs aide à ne pas se méprendre sur l'atmosphère somme toute électrique qui règne dans ce quartier alternatif depuis le 6 décembre 2008. C'est ici que le jeune Alexis Grigoropoulos a été tué par deux balles tirées à bout portant par des policiers en civil. Depuis, les murs témoignent de la colère d'une génération, et la crise sécuritaire se mélange de plus en plus avec la crise du marché du travail. Ici, une plaque commémorative de la mort du jeune homme garde les esprits éveillés.
Photo : ©Dana Cojbuc
Nikos a fait une école d'architecture. Mais le secteur de l’immobilier est loin d’être dans la même euphorie que lors des J.O d’Athènes de 2004. Difficile de joindre les deux bouts, surtout que le jeune architecte doit payer une taxe de 900 euros par semestre pour pouvoir exercer sa profession. Avec le passage de la TVA de 21% à 23% au 1er juillet et la hausse de 10% des taxes de l’essence, de l’alcool et des cigarettes, il s’attend à des jours difficiles. Sans emploi à l'heure actuelle, il reçoit 900€ par mois en tant que membre de l’association des architectes.
Photo : ©Dana Cojbuc
Ianis travaille depuis qu’il a été diplômé en sciences économiques pour Lean management , une petite entreprise qui organise séminaires et formations sur les techniques de vente aux départements de vente des entreprises. Très petite entreprise puisqu’ils sont deux avec son patron, lequel lui a gentiment conseillé d’entamer des recherches d’emploi ailleurs...
Photo : ©Dana Cojbuc
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