Allez les Bleus !
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Philippe-Alexandre SaulnierDans un stade, pas besoin d’être polyglotte pour se faire comprendre… Et pourtant, ce ne sont pas les expressions qui manquent ! Tour d’Europe du jargon footballistique. Tirez et but !
Quand en 1990, au soir de la défaite de son équipe face à celle de la RFA, on demanda à l’avant centre anglais Gary Lineker de donner sa propre définition du football, il répondit en plaisantant à peine : « C’est un jeu très simple : 22 types courent après un ballon et à la fin c’est toujours l’Allemagne qui gagne. » En insinuant que les lauriers germaniques restent perpétuellement verts, cette boutade à demi déguisée témoigne de tant de mythes qui se sont tissés autour du ballon rond tenant, devant d’autres disciplines sportives, la première place dans le cœur des Européens.
Ce jeu si populaire existait déjà il y a 4000 ans en Chine où il portait le nom de « Ts’uh Chüh » (« frapper la balle avec le pied »). Un peu plus tard, Grecs et Romains perpétueront la tradition. Quand les Européens parlent du lieu et de la date de naissance du football, ils pensent tout de suite à l’Angleterre médiévale. C’est en effet de l’invincible Albion que fut lancé (avec le succès que l’on sait !) le ballon rond qui depuis n’a jamais cessé de rebondir aux quatre coins du monde où il s’est presque partout adapté à merveille.
Aujourd’hui encore, en Grande-Bretagne, quand une nouvelle mode s’exporte et prend racine quelque part, on a coutume de dire qu’elle « s’attrape comme un ballon qui roule », « get a ball rolling ». A en juger par la traduction du mot dans plusieurs de ses langues, jamais l’Europe n’a été aussi proche d’une unité qui, ailleurs, lui fait encore cruellement défaut. Que ce soit le danois « fodbold », le lituanien « futbolas », l’espéranto « futbalo », le néerlandais « voetbal », ou le turc « futbol », nul besoin d’être un polyglotte émérite pour comprendre de quoi il s’agit. Même les Islandais, d’habitude pourtant si promptes à tout convertir en néologismes insulaires afin de veiller au maintien de la pureté lingusitique de leur très riche et ancienne langue littéraire se contentent ici de dire… « fotbólti ».
Seul le toscan moderne se tient à l’écart de cette transparence unanime. En Italie, le sport roi des stades se traduit par « calcio », dérivé du mot latin « calx » qui signifie : « talon ». Peut-être bien que « gli azzuri »( les joueurs de l’équipe nationale transalpine) en tiennent une couche quand ils affirment qu’ils ont « la testa nell pallone » autrement dit « la tête dans le ballon », pendant que les autres pays s’évertuent à garder leurs « deux boules » là où elles doivent être. Un peu de tenue, s’il vous plaît !
Nul n’est pourtant à l’abri d’une erreur de maintien. En France, quand on se plante comme le fit le gardien de but Grégory Coupetque l’on surnomme « les gants en peau de pêche », l’usage veut qu’on déplore qu'il ait fait « une boulette ». A propos d’une piètre défense, les commentateurs français ont parlé d’un 66 en référence à la stratégie du 66 adoptée par les Bulgares. Le football est et reste à la base un jeu « of two halves » (« de deux moitiés ») ou encore un « Schicksalsspiel » (« un coup du destin ») comme seraient assurément prêts à le confirmer nos voisins Grand-Bretons qui pourraient bien se qualifier pour le Mondial 2010. Peut-être devront-ils se fier alors aux conseils stratégiques de Lukas Podolski : « Le football, c’est comme les échecs, les dés en moins. »
Translated from König Fußball