Allemagne : mention spéciale pour l’écologie ?
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On cite toujours l’Allemagne comme le premier élève de la classe européenne côté développement durable. C’est la politique qui permet d’instaurer des règles mais entre bonnes conduites individuelles et sujets tabous, le pays peut encore faire mieux.
Attablés sur la terrasse d’un café parisien, Mélanie et Philippe profitent des derniers rayons de soleil en partageant une barquette de fraises. Ils ont participé à l’émission Report Terre, sur France 5. La chaîne de télévision française a envoyé dix jeunes de 20 à 27 ans parcourir l’Europe à la découverte d’initiatives écologiques. L’heure est au bilan. Pour eux, les éco-citoyens européens sont indéniablement Allemands.
Philippe a apprécié la pureté de l’air de Freiburg et Schonau : « Moi qui ne ronfle pas, je n’ai jamais autant bien dormi qu’à proximité de la forêt noire. » Mélanie, elle, a fait escale à Munich. De la « bionade », à la nourriture bio vendue dans les trains, en passant par les bars spécialisés en bière bio, c’est l’implantation naturelle des gestes écolos en terre germanique qui les ont marqués. « Je n’ai jamais vu autant de vélos équipés de remorques qu’en Allemagne », rappelle encore surpris Philippe.
« En France, nous avons tendance à parler davantage des pays scandinaves, car leurs projets sont plus impressionnants », poursuit le jeune ingénieur. « Mais les citoyens des pays du nord sont moins sensibles à l’écologie que les Allemands, peut être car moins touchés », relève Mélanie qui vit en Norvège. En guise d’explication à cette conscience responsable, les deux jeunes relèvent l’importance du politique. « Le parti vert allemand est plus fort qu’ailleurs », rappelle Mélanie en référence aux dernières élections parlementaires européennes.
Plus 9 % d’énergie renouvelable
Pour Carola Wesbuer qui est membre des jeunes Verts allemands, aucune hésitation : « La politique influence par les lois et la création de taxes », dit-elle en citant immédiatement la loi sur l’énergie renouvelable, le fleuron de l’écologie allemande : « Grâce à elle, le pourcentage de l’énergie renouvelable est passé de 6 à 15 % depuis 2000. » De pair avec la politique, le second rôle revient soit aux « ONG ou aux médias », comme l’indique Carola, soit aux entreprises selon Mélanie qui cite HIPP, un vendeur de petits pots pour bébés. Au-delà du produit écolo, c’est toute la gestion de l’entreprise qui voit vert : « Tri sélectif, énergie solaire, politique salariale promouvant la pratique du vélo… »
« L’avancée de l’écologie en Allemagne dépend des comportements personnels comme pour les limitations de vitesse »
Les enjeux à venir ? Des automobilistes qui roulent à 200 kilomètres à l’heure sur l’autoroute, Mercedes qui se vante de construire des « Smart écolo » quand ce sont les grosses berlines qui en réalité se vendent 30 fois plus. « L’avancée de l’écologie en Allemagne dépend des comportements personnels comme en matière de limitations de vitesse », remarque Greenpeace Allemagne. Comme les Verts, l’ONG milite pour une limitation sur les autoroutes à 120 kilomètres/heure. « L’Allemagne vit beaucoup de son industrie automobile actuellement en crise. C’est l’occasion de changer la donne, déclare Philippe, le Report Terre français. Innover pour inciter à consommer autrement. »
Économie et écologie
Cet aspect « éconologique » agace Mélanie : « J’ai été quelque peu déçue de réaliser les motivations majeures des initiatives, davantage économiques qu’écologiques. Mais si le changement de comportement doit passer par là, pourquoi pas », tempère-t-elle. Une stratégie que le parti d’Angela Merkel compte bien utiliser afin de réduire le taux de chômage.
A quelques semaines des élections, la campagne contre le changement climatique bat son plein pour influencer le vote des électeurs. Car les contradictions sont encore importantes. A la suite du 27 septembre, les Verts comptent rester centrés sur les points-clés de leur programme : « Investir dans l’énergie renouvelable pour lutter contre le charbon, les centrales nucléaires et la crise économique. Imposer ceux qui gaspillent le plus. Créer un million d’emplois dans les énergies renouvelables, l‘éducation et la santé. » Verdict le soir du 27 septembre 2009.
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