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Alerte à la fin de l'enseignement du grec moderne à l'étranger

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Lorelei

Presse à la grecque

Le journal Kathimerini consacrait dernièrement plusieurs articles (article 1, article 2 et article 3) à un problème qui concerne l'Europe plurilingue (dit-on) dans laquelle nous vivons et à laquelle appartient aussi la Grèce.

Le problème est le suivant: sur les 185 chaires de grec moderne fonctionnant dans les universités étrangères, plusieurs dizaines sont menacées de fermeture, confirmation d'un processus engagé depuis une bonne demi-douzaine d'années, selon les experts. Des universités d'Allemagne, Suède, Hollande, Naples, voient leur département de grec moderne fermer l'un après l'autre, ou ne fonctionner qu'au ralenti. Le nombre d'étudiants diminue énormément, ainsi que le nombre d'enseignants.

dico Les enseignants interrogés mettent en avant deux causes à ce phénomène: le manque cruel de soutien financier, mais surtout stratégique de la part du ministère grec compétent, et la concurrence des langues asiatiques (et l'on dit explicitement: des langues des pays économiquement attractifs). Konstantinos Dimadis, enseignant dans une université berlinoise, met aussi en cause le processus de Bologne, qui réduit le personnel enseignant et pousse les étudiants vers les filières d'études plus courtes. Pourtant, en Géorgie, c'est le turc et non le chinois qui remplace le grec dont les étudiants, auparavant recrutés parmi de nombreux candidats, se comptent maintenant sur les doigts de la main. Pour les enseignants qui y travaillent, il faudrait que l'Etat grec offre aux étudiants des perspectives de travail en Grèce, ou au moins des occasions de voyage. Les programmes d'enseignement, trop axés sur les aspects linguistiques de l'apprentissage, et pas assez sur la culture et la société grecques contemporaines, sont également mis en accusation. En clair, les départements universitaires de grec moderne souffrent d'archaïsme, de manque de perspectives, et d'argent.

Les témoignages cités dans ces articles font preuve d'une grande lucidité, qui, même si elle met en lumière les faiblesses de la politique culturelle grecque, montre aussi la situation telle qu'elle est: les étudiants choisissent d'apprendre les langues de l'économie de demain, dans une perspective certes de rentabilité maximale, mais à tout le moins un peu visionnaire.

Mais laissons le mot de conclusion à Konstantinos Dimadis : « Il est important que les chaires de grec moderne à l'étranger se maintiennent, pas uniquement pour la connaissance de la langue, mais pour que les étrangers connaissent ce qu'il se passe en Grèce. L'enjeu est politique. » Là réside tout le problème de l'apprentissage des langues en Europe, et surtout des langues moins parlées. Sans cette perspective plurilingue, il ne sert à rien de vivre les uns à côté des autres en Europe sans se comprendre. La Grèce, déjà géographiquement isolée de ses partenaires européens, balançant déjà un peu vers l'Orient, voguant déjà un peu vers l'Afrique, ne doit pas devenir une étrangère au milieu des autres pays européens parce que plus personne d'autre que les Grecs ne connaîtra sa langue.

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