Airfood Project: Mangeons de l'air pour sauver l'aide européenne.
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Par Anna Maria Volpe Le programme européen d’aide alimentaire est en péril. Remis en question par certains États membres depuis 2011, il risque de disparaitre définitivement. Au fil des années, il a pu assurer les besoins alimentaires de 18 millions d'Européens.
Les Banques Alimentaire, la Croix Rouge Française, les Restos du Cœur et le Secours populaire français se sont donc unis et ont lancé un projet baptisé “Airfood” afin de sensibiliser l’opinion publique sur un sujet aussi délicat.
Dans la vidéo, plusieurs personnes dans un bar, les serveuses font leur travail et servent les repas : tout semble normal. Mais, en regardant bien, les assiettes sont vides. Certaines personnes font semblant de manger. Absurdité? Pas du tout, il s'agit du "Airfood Project", un projet ayant pour but de sensibiliser l'opinion publique sur le risque d’une disparition totale de l’aide alimentaire a l’échelon européen. Si un nouveau programme n’est pas voté dans le cadre de la finalisation du budget européen 2014-2020, le PEAD (programme d'aide alimentaire européen) ne sera plus qu'un lointain souvenir.
Les Banques Alimentaire, la Croix Rouge Française, les Restos du Cœur et le Secours populaire français se sont donc unis et ont lancé ce projet afin d'attirer l'attention de l'opinion publique. L'Airfood Project repose sur le même principe que l'Air Guitar, qui consiste à faire semblant de jouer de la guitare,... mais sans instrument. Voilà pourquoi les gens dans la vidéo mangent de l'air, parce que si le programme d'aide alimentaire prend fin, c'est environ 18 millions d'Européens qui seront destinés à faire de même.
Un programme historique en péril
Le programme européen d'aide alimentaire, qui a été voté en 1987 par les Institutions Européennes, est issu de crédits de la politique agricole commune (PAC), et ne coûte qu'un euro à chaque citoyen européen. Il permet d'assurer la subsistance quotidienne de millions de personnes en difficulté. Jusqu'à présent, 20 des 27 pays européens ont souhaité en bénéficier. Mais la quasi-disparition des stocks liée à la PAC avait déjà provoqué en 2011 une remise en question du programme par l'Allemagne, l'Autriche, le Danemark, les Pays-Bas et la République Tchèque. Le souhait de ces États membres: que la fin des crédits alloué à la PAC entraîne la fin du programme. La logique du “chaque Etat gère son aide alimentaire” serait de cette façon la solution envisagée. Mais c'est précisément cette option que les Banques Alimentaire, la Croix Rouge Française, les Restos du Cœur et le Secours populaire veulent éviter.
Une aide alimentaire européenne autonome
“La seule solution c'est que l'aide alimentaire renaisse à nouveau” explique Bob Wancier, bénévole des Restos du Cœur. “Pour cette raison, la Commission Européenne a écrit un texte prévoyant le lancement d'un programme autonome qui puisse répondre aux objectifs fixés par l'Europe à l'horizon de 2020 dans le cadre de “Europe against Poverty”". Le montant prévu est de 2,5 milliards d'euros sur 7 ans, en dessous des 3,5 milliards d'euros qui permettraient de maintenir l'aide à son niveau actuel et bien en deçà des 4,5 milliards nécessaires pour satisfaire tous les besoins dans les pays participants.
En février 2013, le budget sera à nouveau voté par les États. D’ici là, les associations en question pensent qu'il est fondamental d'exercer une pression afin d’obtenir un résultat positif. Les États membres devront affirmer leur volonté politique de garder cet outil de solidarité sociale.
Selon Olivier Berthe, président des Restaurants du Cœur : "il est indispensable que les chefs d’états et de gouvernements prennent leurs responsabilités et s’engagent résolument à sauver le seul dispositif de solidarité à dimension européenne. Inutile de prétendre vouloir réduire la pauvreté en Europe, si on laisse se briser ce qui fonctionne déjà et, bien au-delà de la seule aide alimentaire, contribue depuis 25 ans à insérer des millions de femmes et d’hommes".
Comment y participer?
L'Airfood project c'est tout d'abord une idée, relayée par des vidéos, mais aussi un site internet, des tweets et une page Facebook. Il s’agit d’une initiative où chacun peut participer afin d’attirer l'attention des décideurs politiques européens. Plusieurs moyens sont prévus pour prendre part au projet: se filmer en plein « Airfood » et partager la vidéo, par exemple. Pour cela, un site accueillera les vidéos provenant de l’Europe entière. De plus il est aussi possible de signer et faire signer une pétition, d’utiliser le logo sur son profil Facebook et Twitter et, bien sur, en parler autour de soi, faisant ainsi fonctionner son propre réseau.