AFROPEAN+ lance l'Année européenne pour le Développement
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Le 17 janvier dernier au Bozar de Bruxelles, AFROPEAN+ lançait l'Année européenne pour le Développement 2015. Au travers de débats, de concerts et de projections de films, cette journée a permis de réaffirmer le sens de la culture afro-européenne à Bruxelles.
La culture comme vecteur de développement
L'événement Afropean+ est organisé en coopération avec le Network for African Cultural Activities in Belgium et dans le cadre du lancement belge de l'Année Européenne pour le Développement (AED).
Ce weekend-là, la culture comme vecteur de développement est mise à l’honneur à BOZAR au travers d'activités qui s'échelonnent tout au long de la journée, de 11 heures à minuit. L'asbl Africalia organise par exemple un débat sur le thème « La culture, enjeu de la Coopération au développement » réunissant des professionnels de la culture ainsi que des représentants des pouvoirs publics belges et africains. Au menu, des questionnements autour de la place de la culture dans nos sociétés : quels sont les bénéfices que les pays du Sud, mais aussi du Nord, peuvent tirer de la culture sur les plans tant économiques, sociaux, éducatifs et environnementaux ? Quel est le rôle des créateurs et des artistes dans les sociétés du Sud ?
Les nombreux organisateurs (Bozar, Mrac, KVS, Africalia, Théâtre Varia, CEC, AFF, Afrikans Platform, Comocongo et Creative District) ont rassemblé pour l'occasion plus de vingt exposants. Au sein de ce réseau, des organisations culturelles belges de premier plan retrouvent des associations culturelles émanant de la diaspora africaine pour échanger sur leurs activités liées à l’Afrique. Au total, entre 4000 et 5 000 visiteurs sont venus participer à cet évènement. Selon Kathleen Louw, l'organisatrice de l'événement, la journée a de fortes chances de se voir renouvelée l'année prochaine au vu de son succès.
En entrant dans la grande salle du Bozar, on est d'abord attiré par les parfums des épices éthiopiennes et des plats africains du buffet. Ensuite, direction les stands pour assister au travail des artisans et participer aux nombreux ateliers proposés. En fin de journée se tiennent des débats et enfin des concerts avec des artistes engagés liés à cette cause.
Retrouvez toutes les photos de l'événement sur notre album Flickr.
Les exposants
Cafébabel est allé recueillir pour vous les témoignages de quelques exposants présents.
Ekeeya Création
Marnet et Bidi arrivent d'Ile-de-France et se sont levés tôt pour pouvoir venir exposer à Bruxelles. Ils apprécient l'engouement des belges pour l'art et la culture africaine. Depuis un an et demi, ce couple a créé ensemble Ekeeya Création, ce qui permet selon Marnet « d'être sur la même longueur d'onde ». Les deux artistes utilisent de nombreuses sortes de tissus (madras, dentelle, Java, soie...) venus du Ghana, du Nigeria ou du Sénégal. Même s'ils n'ont pas de magasin leur appartenant, ils se déplacent souvent dans des salons et effectuent des ventes via leur site web.
Ils ont à coeur de promouvoir leur culture africaine depuis Ivry-sur-Seine jusqu'à Bruxelles, et cherchent à mettre la femme en valeur au travers de l'accessoirisation. Ils fabriquent des colliers, des bracelets ou encore des ceintures, mais leur originalité vient surtout de l'utilisation de tissus Samakaka. On les retrouve traditionnellement lors de grandes occasions religieuses mais Bidi s'en sert, elle, pour fabriquer des chaussures à talons aiguilles.
Tentation d'Afrique
Adeline est infirmière en cardiologie interventionnelle à l'hôpital Saint-Pierre de Bruxelles, tandis que sa soeur Clémentine est ingénieure industriel spécialisée en électricité. Le projet Tentation d'Afrique existe depuis un an maintenant. Originaires du Rwanda, les deux femmes travaillent surtout des matières telles que le cuivre venu du Congo ou le bronze du Burkina Faso. Selon elles, le travail des artisans en Afrique n'est pas assez représenté : elles souhaitent donc le promouvoir. C'est une véritable passion pour ces deux soeurs que d'apporter de la visibilité à l'art africain venant du Congo, du Burkina Faso, du Ghana et de la Côte d'Ivoire.
Menaibuc Éditions
Pour Sylvia Bané, responsable de la maison d'édition Menaibuc fondée par Salomon Mezepo, « cette journée a au moins le mérite d'exister et de nous questionner sur comment nos frères et soeurs se débrouillent ici en Europe ». Elle a fait le trajet depuis Paris car en Belgique, on trouve peu d'éditeurs possédant cette ligne éditoriale. En effet, la maison d'édition est fondée sur le militantisme panafricain, c'est-à-dire qu'elle a la volonté à travers ses publications de rétablir la vérité sur l'Histoire de l'Afrique, souvent falsifiée aux bénéfices de l'Europe.
Mindspirit
Ibou African United est venu à la journée Afropean+ pour sortir du marché parisien. Il développe sa marque Mindspirit avec Dje depuis cinq ans, imprimant son logo sur des t-shirts, des tasses isothermes ou des vêtements sportswear. L'objectif pour 2015 est de dépasser le réseau parisien. « Nous avons l'habitude de faire des salons, mais ici c'est plus d'humanité, plus d'écoute » nous avoue-t-il. Ibou souhaite partager un message d'union et de solidarité sans entrer dans la lutte politique pour autant. La marque Mindspirit se veut aussi solidaire puisqu'une partie des fonds des week-ends sont reversés à d'autres associations. Elle fait également partie de l'organisation humanitaire African United.
Les concerts
Parmis les nombreux concerts organisés, celui d'Alpha Blondy faisait partie des plus attendus, cet artiste chantant depuis 30 ans en faveur de la tolérance, de la paix et du partage des richesses. Il n'a pas manqué de faire une intervention remarquée sur les derniers événements liés à Charlie Hebdo :
« Quelle que soit votre confession religieuse, que vous soyez chrétien, que vous soyez musulman, que vous soyez de confession juive, c'est écrit "Tu ne tueras point". Nul n'a le droit de tuer son prochain au nom de Dieu. Dieu nous appartient à tous. Dieu nous bénit. Et je voudrais dans cet élan citer le Pape qui a dit ceci : "La liberté d'expression est un droit fondamental, mais on n'a pas besoin de blesser la foi d'autrui. Personne n'a le droit de tuer son prochain au nom d'une quelconque religion, au nom d'un quelconque Dieu (...)" Tout est permis ici-bas mais tout n'est pas utile. Tout est permis ici-bas mais tout n'affranchit pas. C'est pour cela que nous disons : "Faut pas mêler Allah à vos actes criminels, faut pas mêler Mahomet à vos actes criminels parce que Allah n’est pas un Dieu terroriste, parce que Mahomet n’est pas un prophète terroriste. »