Acceptation, Diversité, Tolérance - Chroniques d’humanité du Festival Millenium
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75 documentaires du monde entier, une certitude : même si les documentaires sont économiquement difficiles à réaliser, ils restent des témoignages nécessaires dans ce monde de défis globaux et d’incertitudes émotives.
« Madame, est-ce que c’est la première fois que vous venez au Festival Millenium ? » je lui demande devant le bar du cinéma Galerie avant de rentrer pour la cérémonie de remise des prix. « Non, j’étais là l’année passée ! ». « Et cette année quel a été votre documentaire préféré ? ». « Le bulgare, le bulgare » elle me répond fière.
Des « témoins de la vérité » : c’est comme ça qu’on a appelé les dizaines de réalisateurs qui ont participé au festival avec leurs œuvres riches en significations. Des combattants qui, malgré les nombreux obstacles, surtout au niveau financier, n’ont pas freiné leur envie de dénoncer. C’est pour cette raison que les organisateurs ont donné des prix d’encouragement aux trois films qui ont montré plus de qualité avec moins de budget (« Nicobar, A Long Way», tourné en six ans avec 4000 €, « Ultimal Caldaral », qui a couté 1500 € aux réalisateurs et « Passengers », monté avec zéro budget, vu que le metteur en scène a utilisé sa voiture). Les réalisateurs des trois films ont gagné 300€ chacun et une campagne de crowdfunding sera lancée pour les soutenir.
Le même problème, celui du financement, a également émergé pendant les rencontres professionnelles organisées cette année pour la première fois dans le cadre du festival. Une occasion pour discuter du langage du cinéma documentaire. Un débat qui reste actuel et continue à ne pas avoir une vraie solution, mais au même temps qui n’empêche pas de pouvoir visionner un nombre important des œuvres riches en qualité et sujets, comme les films qui ont remporté les différentes palmes.
Dans un cinéma Galerie bien rempli de passionnés de la pellicule, on s’est bien amusé pendant la remise des prix. En commençant par le gagnant de la compétition Vision Jeune, « Congo Paradiso », qui a eu « la volonté et l’envie de faire passer quelque chose ». Un des cinéastes a remercié le jury et fait rire la salle en affirmant « on est très content d’avoir gagné la vision jeune, je croyais avoir la vision vieille ».
Vu les difficultés du monde du travail aujourd’hui, c’est sûrement le prix Travailleurs du Monde qui a contribué à diffuser espoir et motivation aux gens. Le jury composé de travailleurs à mi temps a couronné « Demain l’usine », pour la lutte contre les multinationales (le film raconte en fait la lutte des employés de Unilever qui se sont réappropriés leur usine et travaillent sans patron).
Deux prix pour la nouvelle compétition Cinéma belge : la Mention Spéciale a été attribuée à « Inside the labyrinthe », documentaire sur les réserves indiennes entre les États-Unis et le Mexique. Les réalisateurs ont remercié les organisateurs qui ont le mérite d’avoir « ouvert les portes sur le monde ». Mais le moment le plus touchant a été la remise du prix pour « Rien n’est pardonné », œuvre sur la vie de Zineb El Rhazoui, qui travaillait à Charlie Hebdo mais qui par hasard n’était pas au travail le jour de l’attentat de janvier 2015. Les gagnants, qui selon le jury ont réussi à « oser l’exercice des mots », ont dédié leur prix à ceux qui n’ont pas la protection à laquelle ils devraient avoir droit. Parce que dénoncer coûte cher et parfois on ne s’en rend pas forcément compte.
"Forever pure" - Maja Zinshtein
On passe finalement à la Compétition Internationale, riche de documentaires extraordinaires d’une intensité émotive rare. Le premier prix, celui du Public, a été assigné à une œuvre très particulière, qui a mis tout le monde d’accord : « Don Juan », l’histoire d’un garçon autiste qui trouve son terrain d’expression dans le théâtre. « C’est un honneur de recevoir ce prix » a affirmé le réalisateur « parce que ça signifie qu’on a plu à tous ».
Si le Prix de la Trois à été assigné (avec beaucoup d’enthousiasme en salle) à « Presenting Princess Shaw », le Prix Spécial du Jury a reconnu en « Another year » une œuvre particulièrement intense. Et de la troisième à la première place : « Forever Pure » a gagné l’Objectif de Bronze comme « film puissant qui défend les droits de l’homme et partage la tolérance ». Un message tout à fait actuel qui raconte la vraie histoire du club du foot israélien Beitar Jerusalem F.C. qui a intégré dans son équipe deux musulmans, suscitant les réactions racistes de ses propres supporteurs.
Objectif d’Argent pour « Plastic China », primé conjointement par deux représentants des Nations Unies et de la Commission Européenne. Et finalement l’Objectif d’Or pour « The Good Postman », premier film bulgare qui est sacré dans ce festival et que Cafébabel va vous raconter. « Les gens qui l’ont vu veulent maintenant aller vivre dans un village bulgare » a dit en souriant la directrice artistique Zlatina Rousseva.
« Madame, vous êtes contente finalement ? » j’ai donc demandé à la femme que j’avais rencontré à l’entrée. « Bien sûr ! Comme on dit dans le film, les hommes rappellent la bonté des gens. Et lui, le réalisateur, va sûrement nous la rappeler ! »