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7 films pour comprendre le festival de Cannes

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Culture

Si le festival de Cannes est synonyme de tapis rouge, de robes courtes et de paillettes, les films qui lui sont d'ordinaire associés seraient sombres, longs et parfois très chiants. Jusqu'à préciser l'image d'un cinéma qui oscille entre génie artistique et branlette intellectuelle. Petite selection subjective mais sans Michael Haneke.

Aux lendemains du discours d'ouverture des 70 ans du festival de Cannes, ils sont autant à commenter la robe de Monica Belluci qu'à chercher ce qu'elle a bien pu vouloir dire. Enveloppée dans les plis de sa robe bleu nuit, l'actrice italienne a rendu hommage à l'un des plus grands évènements du cinéma au monde en enchaînant les paraboles et les envolées cryptiques. Savoureux mélange d'un lieu qui revendique à la fois le glamour des people et la profondeur de champ d'un septième art très particulier.

L'un dans l'autre, comment décrire un festival qui balance entre réalité sociale et en même temps tapis rouge ? Entre Pedro Almodóvar et en même temps Emily Ratajkowski ? Entre tétons et en même temps mise en abyme ? Pas facile. Cela dit, après une quinzaine de chancellement, le festival de Cannes rend finalement toujours la même chose à l'histoire du cinéma : des films singuliers que certains trouvent géniaux, d'autres insupportables. Et s'il existait un algorithme pour produire le parfait film cannois dont le code serait #auteur #social #long #chelou ? Pour le meilleur ou pour le pire, la rédaction vous parle de films qui n'ont jamais gagné la palme d'or mais qui symbolisent pourtant très bien le festival de Cannes. 

The Lobster de Yorgos Lanthimos (2015)

Une brochette d’acteurs branchés – John C. Reilly, Colin Farrell, Rachel Weisz et Léa Seydoux – un réalisateur grec, un scénario dystopique. On pose les bases. Mais le petit plus cannois de The Lobster, c’est cette histoire complètement folle qui peint la solitude d’un homme moderne contraint d’être réincarné en animal s’il ne parvient pas à retrouver l’amour dans les 45 jours. Et puis, de toute façon, tout est dans le titre. Où l’on apprend qu’un homme arrive à justifier que finir sa vie dans le corps d’un homard, c’est bien.

Mustang de Deniz Gamze Ergüven (2015)

Il fait chaud dehors, étouffant à l’intérieur et les filles sont vautrées sur le sol. Presque comme Virgin Suicides, Mustang filme cinq sœurs orphelines qui vivent dans un bled, au nord de la Turquie. Après les cours, elles passent leur après-midi à la plage et s’amusent à faire des chicken fights sur les épaules des garçons. L’insouciance laissera bientôt place au message que la réalisatrice Deniz Gamze Ergüyen veut véhiculer à propos de la liberté, de la sexualité et de l’émancipation. L’algorithme du festival commence doucement à s’installer à mesure des images de cette génération de filles, coincées entre la rébellion de la jeunesse et leur univers conservateur. Chaque scène est un tableau de Botticelli où chaque sœur prend la pose comme une Vénus apathique. So Cannes.

La Vénus à la Fourrure de Roman Polanski (2013)

Concentration concentrique sur un jeu de miroir, grivoiserie bourgeoise, mise en abyme... Tout le sucre de Cannes est contenu dans les plumes de la Venus à la Fourrure. Diluez-le dans le couple français Emmanuelle Seigner/Mathieu Amalric et vous obtiendrez la formule pour la palme d’or. Présenté en compétition officielle en 2013, le film ratera la dernière marche face à La Vie d’Adèle d’Abdellatif Kéchiche. Mais qu’importe, Roman Polanski se vengera aux Césars avec le prix du meilleur réalisateur et son film restera comme un film dans le film, une adaptation d’une pièce de théatre dans l’adaptation d’un roman, un certain regard dans un certain regard, une inception dans l’inception.

45 ans de Andrew Haigh (2016)

À brûle-pourpoint, 45 ans aurait pu être un film sur la fameuse mid-life crisis des années 2010 où des quadragénaires en pleine crise d'adolescence décident de s'offrir un dernier rodéo entre sexe, drame et aventures. Mais non. 45 ans, c'est l'anniversaire de mariage d'un couple britannique qui laisse passer doucement le temps dans un cottage d'une petite ville portuaire. Les protagonistes (Charlotte Rampling et Tom Courteney) s'approchent des 80 ans et promène leur chien Max en pensant que, peut-être, ils ont laissé le four allumé. Lorsque soudain, Geoff (Courteney) découvre dans une lettre que les autorités suisses ont retrouvé le corps de son ancienne petite amie, figée dans la glace. Geoff va-t-il partir à sa recherche ? Tout plaquer pour tout savoir ? Crapahuter les sommets pour découvrir vérité vraie ? Non. Il resterea à bouder près du potager, laissant Kate (Rampling) débarasser le grenier de vieux souvenirs. Cannes I Kick It?

Les Herbes Folles d'Alain Resnais (2008)

Un film d'Alain Resnais.

La piel que habito de Pedro Almodóvar (2011)

Le film avait tout pour triompher sur la Croisette. Du sexe ésotérique, une cabale, Pedro Almodóvar et la solitude. Tellement de solitude. Malgré les nombreux rebondissement du scénario, les deux heures de films passent à la vitesse de Jean-Louis Trintignant (cf Amour), entre bruit et silence. En compétition pour la Palme d'Or de 2011, La piel que habito, n'a pas gagné. Mais Pedro Almodóvar est président du jury cette année et prêt à se venger. Ça va saigner.

 

Mia Madre de Nani Moretti (2015)

Une réalisatrice un peu névrosée essaie de filmer la vie d’ouvriers dont l’usine va fermer. Pendant ce temps-là, sa mère agonise à l’hôpital. Et en même temps, l’acteur qu’elle a pris pour jouer le premier rôle du patron censé reprendre l’affaire est un gros con. En plus, elle vient de divorcer et elle s’inquiète un peu pour son ado de fille qui est en train de lâcher l’école. Heureusement son frère est là mais son calme, ses pulls au dessus de chemises à carreaux et le fait qu’il soit interprété par Nanni Moretti lui filent un cafard d’enfer. Bref, Mia Madre est un film sur la loose. Mais c’est une loose bourgeoise où l’on se saoule au Romanée-Conti parce que l’on est une femme écartelée entre son obsession du cinéma social et son devoir impérieux d’être mère. Tristesse contemporaine, vertige existentiel, abandon nanti : tout un festival.

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Story by

Matthieu Amaré

Je viens du sud de la France. J'aime les traditions. Mon père a été traumatisé par Séville 82 contre les Allemands au foot. J'ai du mal avec les Anglais au rugby. J'adore le jambon-beurre. Je n'ai jamais fait Erasmus. Autant vous dire que c'était mal barré. Et pourtant, je suis rédacteur en chef du meilleur magazine sur l'Europe du monde.