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27 + 23 = multilinguisme

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Culture

En 2007, Leonard Orban pourrait devenir le futur Commissaire roumain en charge du multilinguisme. Pour apaiser la cacophonie ambiante ?

Des grincements de dents. En octobre dernier, la désignation de Leonard Orban, 45 ans, ancien négociateur de la Roumanie avec l’UE, comme futur Commissaire au multilinguisme a suscité les commentaires acides des observateurs. Le 12 décembre, les eurodéputés devraient se prononcer sur ce choix par un vote.

L’étoffe d’Orban

Comparé à la Protection des consommateurs, le portefeuille attribué à la future Commissaire bulgare Meglena Kouneva, le multilinguisme serait dérisoire d’après la politologue Alina Mungiu-Pippidi, témoignant du peu d’intérêt accordé à une Roumanie qui entrera dans l'Union au 1er janvier 2007.

Ce poste de « gardien d’immeuble d’HLM », selon les mots de l'éditorialiste roumain Ion Cristoiu, était détenu jusque là par le Slovaque Jan Figel, qui le cumulait avec l’Education et la Culture. Aujourd’hui, Figel va garder l’Education et la Culture tandis que Leonard Orban se voit attribuer le multilinguisme. Pas plus. La journaliste Rodica Culcer n’a pas hésité à ironiser sur l’adéquation entre le poids du multilinguisme et le calibre politique d’Orban –censés tous les deux frôler le zéro pointé.

Tout comme la presse roumaine, les politiques se sont déchaînés contre cette désignation. Le principal parti d’opposition en Roumanie, les sociaux-démocrates (PSD de centre-gauche), reprochent ainsi à Orban sa technocratie et son manque de personnalité politique. Pour le PSD, cette nomination est éminemment stratégique, visant à préserver l’équilibre des forces politiques au sein de la Commission et à éviter toute critiques.

Les eurodéputés socialistes eux, se sont félicités que M. Orban ait « l’expérience européenne nécessaire », tout en regrettant que « la Roumanie n’ait pu présenter une personnalité politique de plus haut niveau ». Il faut dire que la nomination d'Orban est intervenue en urgence, après que le gouvernement roumain eut été contraint de retirer sa première proposition, l’économiste libéral Varujan Vosganian, en butte à des accusations embarrassantes sur son passé.

« Je suis certain que M. Orban, de par son expérience, ses qualités et ses engagements personnels, politiques et professionnels, va s’acquitter avec succès des responsabilités que je souhaite lui donner », a de son côté déclaré, un encourageant Président de la Commission, José Manuel Barroso.

Un portefeuille de circonstance ?

Une fois confirmé à son poste par les eurodéputés, Leonard Orban aura donc à gérer trois directions générales -la Direction générale Traductions, la Direction générale Interprétation et l'Office des Publications officielles de l'Union,- soit près de 3400 fonctionnaires. Désireux d’apprendre aux Européens l’amour des langues, Leonard Orban se prononce déjà en faveur de la mise en œuvre du principe ‘langue maternelle + deux’ langues étrangères. Dans une Union de 27 Etats pour 23 langues officielles, l’anglais ne suffit plus.

Pour accroître la motivation des Européens à apprendre les idiomes de leurs voisins, Orban suggère, à côté d’une meilleure formation des professeurs de langues, de davantage sous-titrer les films. Les citoyens mais aussi les entreprises de l’Union se doivent désormais de parler plusieurs langues.

L’objectif d’Orban est simple : que la richesse des langues et des cultures conserve sa place au sein de l’unité politique et économique de l’Europe. Car avec l’accroissement du nombre de langues officielles, la tension entre efficacité administrative et droit à la diversité linguistique est ressentie de plus en plus fortement. Or, c’est bien du multilinguisme que dépendent à l’heure actuelle la survie des cultures européennes, la démocratisation de l’Union européenne élargie, voire même sa compétitivité.