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25 ans après la chute du Mur : les nouvelles barrières en Europe

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Vincente Morlet

Certes, nous célébrons le 25e anniversaire de la chute du Mur de Berlin. Mais l'Europe demeure divisée en son sein et à l'égard de ses voisins. En témoignent le marché du travail et l'immigration clandestine.

Je n'avais que 4 mois lorsque l'un des plus grands événements historiques du siècle précédent s'est produit : la chute du Mur de Berlin. Je viens de Naples, l'un des principaux ports en Europe donnant accès à la Méditerranée. À la fois un mur et un pont entre l'Europe et tant d'autres cultures et sociétés. Je cherche ici à répondre à une question simple, mais pour laquelle les réponses sont, bien au contraire, complexes. Y a-t-il d'autres murs à abattre en Europe ?

Au cours des 25 dernières années, l'Europe a permis de créer une forte cohésion dans les principaux domaines de la vie en communauté. Toutefois, malgré des réussites non négligeables, le chemin vers un continent sans barrières sociales, politiques, culturelles et économiques est encore long et pavé d'embûches. En réalité, les fractures à résorber sont encore nombreuses, que ce soit entre les États et les citoyens européens ou entre le Vieux Continent et ses pays voisins. À terme, l'objectif est l'échange réciproque des personnes et des idées à travers les frontières.

Les institutions européennes et les gouvernements nationaux doivent donc travailler main dans la main avec la société civile afin de parvenir à un cadre plus égal et favorable pour les initiatives citoyennes. Par exemple, même si l'Union européenne reconnaît et garantit la libre circulation des travailleurs entre les États membres, un marché du travail plus libre et moins complexe pourrait jouer un rôle clé dans la résolution de problèmes qui frappent surtout le sud de l'Europe, comme le chômage. En outre, nous devrions tous, à partir de notre vie quotidienne, veiller à construire un véritable sens de la citoyenneté communautaire, et ce dans le but de créer une Europe dépourvue de frontière physique ou mentale.

Ainsi, ma génération se voit contrainte d'affronter une situation bien compliquée entre le continent européen et ses voisins, tant à l'est qu'au sud. Naples est le lieu idéal pour prendre conscience des opportunités et des défis que représente la Méditerranée pour nous tous. Malgré la quantité importante d'échanges entre les deux côtes, le flux d'immigrés en Europe ne cesse d'augmenter en raison des récentes crises politiques en Afrique du Nord. Il est de notre devoir, certes des plus difficiles, de garantir en priorité le respect des droits humains des réfugiés, ainsi que de leur donner une chance une fois qu'ils ont posé le pied sur notre territoire. Depuis 1998, ce sont plus de 20 000 personnes, 20 000 hommes, femmes, enfants, 20 000 familles, noms, histoires d'amour et d'amitié, qui ont coulé en chemin pour l'Europe. Et c'est pour cette raison que nous devons prendre position sur la question.

Pour l'Union européenne, le principal problème concernant l'immigration résulte de l'existence d'une législation propre à chaque État membre. L'UE ne peut que donner des lignes directrices en la matière et nous avons pu constater la faiblesse de celles-ci étant donné le manque de pouvoir contraignant. L'Allemagne, par exemple, en sa qualité de première nation en Europe, attribue la citoyenneté allemande a bien peu d'immigrés. Concrètement, l'Allemagne n'a pas de législation à part entière sur la question. Ainsi, les immigrés de troisième génération (petits-enfants de migrants nés en Allemagne) peuvent obtenir la citoyenneté allemande après une procédure bureaucratique longue et fastidieuse, le tout une fois la majorité atteinte. Les personnes venant de l'espace Schengen qui souhaitent obtenir la citoyenneté allemande doivent être en mesure de garantir un revenu minimum de 85 000 euros par an et être en possession d'un passeport. Autrement dit : cette législation ne peut permettre de réduire l'immigration clandestine.

À l'inverse, L'Espagne, qui présente un fort taux de chômage, des industries peu rentables et un faible PIB, accueille bien plus d'immigrés, qui représentent d'ailleurs 12 % de sa population. L'ouverture de l'ancien président Zapatero, par le biais de ses politiques sociales, a permis aux immigrés de bénéficier d'une éducation, d'une formation et des soins de santé. Il a aussi lancé une politique immobilière qui s'est achevée avec l'éclatement d'une bulle financière aux conséquences catastrophiques. La crise vécue ces deux dernières années ainsi que l'arrivée du nouveau président Rajoy ont contribué à réduire l'assistance aux immigrés. Quant au chômage, il a contribué à inverser le flux migratoire. L'Italie, qui figure au cœur de ces flux, est le cinquième pays d'Europe en termes de résidents étrangers, puisque ces derniers représentent 7 % de la population : environ 4,5 millions de personnes. Sur le plan juridique, l'Italie compte quatre lois différentes qui ont progressivement limité le flux de migrants. La loi 946 de 1986 (qui accorde les mêmes droits aux travailleurs venant de pays tiers), la loi Martelli de 1990 (qui limitait le flux de migrants mais régularisait la situation de 200 000 clandestins déjà présents sur le territoire italien), la loi Turco-Napolitaine (qui est à l'origine des centres de séjours temporaires) et, enfin, la très controversée loi Bossi-Fini qui introduit la possibilité d'exclusion immédiate.

En conclusion, j'espère sincèrement que l'écho produit par la célébration de ce jour mémorable encouragera ma génération à détruire tous les murs qui constituent une barrière en Europe et empêchent celle-ci de devenir un exemple de communauté sans frontières. Si nous remplissons notre mission, nous donnerons naissance à un monde nouveau dans lequel chacun sera libre de partager ses propres expériences, idées et émotions sans aucun autre type de mur faisant barrière à l'expression de sa pensée.

Translated from I nuovi muri dell'Europa, 25 anni dopo Berlino