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2009 : des élections enfin utiles ?

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NoWay!

Youpi, dans un an c’est les élections européennes ! Ah, ça va être magnifique, tous ces débats, toutes ces analyses, tout cet engagement ! On va pouvoir parler de l’Europe pour de vrai, de ses politiques, de ce qui marche, de ce qui marche pas, et chacun pourra se faire son opinion et voter pour le parti qui le représentera le mieux !

Vous y croyez ? Moi non plus….

Non, faut pas se voiler la face, on va encore assister à des discussions pathétiques entre des hommes politiques anémiques qui liront la fiche sur les institutions européennes que vient de leur écrire leur assistant ! Il va encore rien se passer, et on va encore déplorer une participation ridiculement faible.

Mais nous, chez Noway !, on ne baisse pas les bras, et on se demande : mais au fait pourquoi tout le monde s’en fout des élections européennes ? Parce que les gens n’y comprennent rien ? Faux ! (Et je vais même vous dire un truc : les gens ne comprennent rien à la politique tout court, européenne, nationale, régionale, c’est pareil ! )

Parce que l’Europe c’est trop éloigné ? Mouais… vous brûlez, mais c’est pas encore ça…

Non, la vraie raison est parfaitement rationnelle : les gens ne votent pas aux élections européennes tout simplement parce que voter aux élections européennes ne sert à rien ! Attention, suivez moi, je ne dis pas que les gens ont l’impression que ça ne sert à rien. Non, je dis que ça ne sert à rien, en vrai !

Et pourquoi ça ne sert à rien ? Eh bien vous êtes au courant des positions prises par le groupe parlementaire pour lequel vous avez voté au Parlement européen ? Vous êtes au courant de ce qu’il pense sur le paquet Energie, sur la directive « retour » ou encore sur la politique des fonds structurels ? Si vous avez des infos, dites le moi, parce que j’ai un peu de mal, personnellement…

Parce qu’en réalité, entre les origines nationales, les divisions idéologiques et les petits cadeaux des lobbyistes, il est très difficile d’identifier des positionnements cohérents au sein du Parlement. Ainsi, au sein du PPE (les conservateurs) on trouve des libéraux pro-européens et des nationalistes autoritaires. Au sein du PSE (les socialistes), on trouve des adorateurs de la libre entreprise et des nostalgiques de la lutte des classes. La « gauche unitaire » concentre tous les courants d’extrême gauche possibles et imaginables. Les libéraux, les verts et les fachos (pardon, l’Union pour l’Europe des Nations) sont à peine plus identifiables, mais bon, c’est pas glorieux…

Petit test amusant : allez sur le site du Parlement (www.europarl.eu) et cliquez sur l’onglet « vos députés ». Vous vous retrouvez face à un système de répartition…national ! Les partis et groupes parlementaires sont quasi invisibles, un peu comme s’ils étaient secondaires… Le message est clair : les députés restent des envoyés de leurs pays respectifs. Ils ne représentent pas une vision particulière de la construction européenne et de la société en général.

Cause ou conséquence de ce flou assez peu artistique, les campagnes électorales pour les élections européennes traitent essentiellement de sujets sur lesquels le Parlement européen a peu ou pas de pouvoir : les réformes institutionnelles, la politique agricole commune ou encore la politique commerciale. Comme ça, pas de risque, on parle dans le vide, on fait des grands discours sur l’avenir de l’Europe et puis une fois à Bruxelles on n’a plus aucun compte à rendre. A près tout, allez expliquer les enjeux de REACH au citoyen de base…

Le problème, c’est que le Parlement a des pouvoirs réels sur des sujets fondamentaux : environnement, marché intérieur, discrimination etc.; et qu’il est impossible pour l’électeur de prévoir un minimum quelle sera la position de son député sur ces questions.

Le grand enjeu de la campagne électorale 2009 sera donc de faire en sorte que les partis européens, de gré ou de force, exposent précisément leurs positions concernant les domaines sur lesquels ils devront voter dans l’hémicycle, une fois élus. Toutes les élections libres dans le monde se jouent en général sur quelques débats autour desquels les forces en présence se positionnent de manière claire, et même parfois caricaturale. Il est grand temps que les élections européennes cessent de faire exception.