11 novembre : Sarkozy m'a tuer
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De la victoire nationale au mythe fondateur européen
On entend souvent dire que l'Europe a besoin "d'âme" ou d'une d'un récit commun. Elle en a bien un pourtant, un mythe fondateur, un moment historique : les deux guerres mondiales, leur cortège de morts à l'échelle industrielle, sans grand équivalent au monde, et qui se chiffrent en dizaines de millions.
Le terme de mythe n'est pas péjoratif. il ne sous-tend pas que les faits ne sont pas réels, mais il leur donne un sens précis.
Les commémorations des guerres, en particulier de la première, étaient à l'origine pour les français celle de victoires. Etrange victoire que celle qui à laissé la France exsangue et, avec elle, fait passer l'europe du statut de leader mondial à<celui, dès 1945, de territoire sous tutelle des nouvelles puissances mondiales.
Les poilus eux-même , en grande partie, étaient devenus de fervents pacifistes. Un peu à la manière des vétérans américains du Vietnam, les horreurs les avaient vaccinés contre les élans patriotiques sans mesure. On cherche d'ailleurs dans les année 20 à bâtir un nouvel ordre, avec la création de la société des nations.
Pourtant, tout cela échoue.Le 11 novembre garde pour les français son statut de victoire "nationale". "L'Allemagne paiera". La nation reste dans son bon droit, et rien ne change.
Il faudra une autre guerre pour que les européens se décident à dépasser la nation. Peu à peu, les commémorations du 11 novembre prennent un autre sens, qui culminera avec la poignée de main silencieuse de Kohl et Mitterrand.
Morts pour rien, l'Europe se souvient
Face à cela, la dernière commémoration en date du président français ressemble à une recette marketing aux pénibles clichés, avec sa petite fille innocente ( celle qui était en 2005 sur les affiches de l'UMP ?) annonant un texte sur les malheurs de la guerre façon "le corbeau et le renard".
Cette commémoration devrait être un moment d'introspection, une pause dans le flux incessant de "l'info" afin d' honorer la mémoire de ces millions d'européens morts...pour rien.
Cela ne se prépare pas comme un show, dans le bruit et sous les spots-lights. Les morts ont horreur du tumulte.
Pire encore, presque cent ans après, ceux qui ont refusé de se battre sont officieusement "excusés" pour leur "faiblesse". Ceux que l'armée française et allemande a fusillé pour refus de combattre sont pourtant les vrais héros. Ce sont eux qui dans les deux camps, on défié la légitimation de la haine nationale et du meurtre.
Cette détermination à refuser de tuer, il l'ont payé de leur vie. Pour cela, il méritent notre plus profond respect et un monument ne serait pas de trop. Mai 68 ironisait avec le slogan " mort pour rien". Il suffit d'ajouter "l'europe se souvient" pour que cela prenne enfin tout son sens. Le président français avait l'occasion d'aller plus loin pour asseoir notre récit fondateur commun. il s'est contenté de le packager à sa manière habituelle. A-t-il manqué d'imagination, d'audace, de réflexion ?
Merkel n'étaient pas la pour jouer les faire-valoir du médiomane président français, et c'est tant mieux : elle se rendait bien plus utile en Pologne ou il convient désormais de continuer à tisser le mythe fondateur sur cette autre blessure encore mal refermée.
Peut être serait bon d'entériner cet état de fait, et de faire de ces "victoires" des célébrations européennes. Alors que la plupart des pays fêtent leur libération "nationale", l'Europe trouve la aussi sa spécificité, en célébrant le dépassement de la nation.
Après tout, si il y a bien un chose qui peut faire l'unanimité, chez tous les européens, même les plus "anti", c'est bien un ou deux jours de congés de plus.
Références:
- Manipulations photos réalisées par mes soins
Note : pour les Bernard Pivot en herbe il convient de préciser, à tout hasard, que la faute sur la participe passé dans le titre est volontaire, bien entendu (pour une fois).