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Brexit : à table !

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Bruxelles

les 27 chefs d'État et de gouvernement se sont mis d'accord samedi 29 avril sur les lignes directrices portant sur les négociations avec le Royaume-Uni. Les festivités peuvent donc commencer.

On y est… enfin presque ! Il faut encore attendre les élections britanniques le 8 juin, et ensuite les négociations pourront vraiment démarrer, hypothèse “la plus sensée”, selon la chancelière allemande Angela Merkel.

Alors qu’ils savaient pertinemment que le Monde entier avait les yeux rivés sur Bruxelles, les leaders européens ont tenu à afficher une unité de façade pour ce Conseil européen consacré à l’article 50 TUE et la sortie du Royaume-Uni. Le président de la Commission n’a d’ailleurs pas caché sa satisfaction concernant le temps nécessaire pour adopter ces lignes directrices : 15 minutes. “Unity in action”, comme il l’a sobrement clamé sur son compte Twitter.

En ce 29 avril, les divisions semblaient appartenir au passé. Oubliées les polémiques du dernier Conseil européen, où Beata Szydlo, la Première ministre de Pologne, avait seule voté contre la réélection de son compatriote, Donald Tusk, à la tête de cette institution. Enterrées les tensions avec le Premier ministre hongrois, Viktor Orbán, qui a été au centre de toutes les attentions ces dernières semaines, avec sa loi controversée sur l’enseignement supérieur. “On m’a dit d'être sage”, a-t-il déclaré en sortant du sommet du Parti populaire européen, celebré à Bruxelles cette semaine, selon Euobserver.

Des mois plus tard

Ainsi, près d’un an après le vote par référendum des citoyens britanniques pour la sortie de l’Union européenne, les différentes parties vont pouvoir se mettre autour de la table pour négocier.

Il aura effectivement fallu attendre la notification du gouvernement de Theresa May le 31 mars dernier pour officiellement lancer la procédure de sortie. Suite à celle-ci, les 27 Etats membres se devaient de trouver une position commune sur la manière d’aborder les négociations, afin de rester unis et forts dans ce bras de fer à venir. Mais si l’on est encore loin d’un accord et d’une quelconque position quant au contenu, les grands enjeux ont été identifiés.

Des négociations globales

Comme clamé haut et fort depuis le vote du 23 juin 2016, le futur accord entre l’Union européenne et le Royaume-Uni ne sera pas un accord « à la carte ». Si les Britanniques souhaitent maintenir des liens économiques forts avec l’UE, notamment par le biais de la liberté de circulation des biens et/ou des capitaux, il devra consentir au maintien de la liberté de circulation des travailleurs. Ce fut pourtant un des points clefs du « programme » des Europhobes et de Nigel Farage.

Les conclusions du Conseil européen du 29 avril sont claires sur ce point : les quatre libertés du marché unique sont indivisibles et il ne peut y avoir de « picorage ». Les négociations porteront donc sur les quatre libertés de circulation prises comme un tout et ne seront donc pas envisagées séparément.

L’avenir des citoyens

Un des aspects les plus tangibles de l’avenir des relations entre l’UE et le Royaume-Uni concerne bien évidemment les citoyens. La liberté de circulation des citoyens est un aspect fondamental de la construction européenne et le vote de l’an dernier a rendu incertaine leur situation. Que faire des dizaines de milliers de ressortissants européens établis au Royaume-Uni, et réciproquement ? C’est une des premières urgences du côté  des dirigeants de l’Union européenne, comme l’a souligné Donald Tusk, président du Conseil européen, en parlant des citoyens comme la « priorité numéro 1 (…) dont nous voulons respecter et sécuriser les droits en premier lieu ».

Il semblerait cependant que leur avenir ne soit pas directement menacé, Theresa May ayant déclaré dernièrement vouloir « garantir les droits des citoyens de l'Union européenne vivant déjà au Royaume-Uni et ceux des citoyens britanniques vivant dans les autres Etats membres ».

Irlande: deuxième réunification européenne?

Les  lignes directrices adoptées le 29 avril soulignent la nécessité de respecter l’Accord du Vendredi Saint, signé en 1992 pour mettre fin au conflit existant en Irlande entre les unionistes et républicains. Ce dernier document ouvrait la porte à une réunification de l’île, au moyen d’un référendum.

Le Premier ministre Irlandais Enda Kenny a confirmé que dans ce dernier cas, l’Irlande du Nord ferait automatiquement partie de l’UE -56% des habitants du nord de l’île avaient voté contre le Brexit. Néanmoins, M. Kenny a concédé que les conditions pour la tenue d’un référendum ne sont toujours pas réunies. “C’est quelque chose qui peut se passer dans le futur, mais pas dans un futur immédiat”, a-dit-il.  

En tout cas, les citoyens nord-irlandais voulant faire partie de l’UE n’ont pas besoin d’attendre une hypothétique réunification: l’accord de 1992 leur donne le droit à la nationalité irlandaise s’ils le desirent.

Maintenant que les principaux points ont été mis sur la table, les 27 et le Royaume-Uni disposent de deux ans pour tout régler. Affaire à suivre...