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Emilie Turunen : « Nous sommes le futur »

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SociétéPolitique

En Europe, c’est l’une des sonorités les plus connues : stagiaire rime avec galère ou précaire, c’est selon. La situation est si critique que l’ensemble d’une génération est concernée par la politique mi figue mi-raisin de l’UE en matière d’emploi-jeune. De suite, le vers est moins chantant. Sauf qu’Emilie Turunen est peut être en train de tout changer.

En publiant un rapport qui vient d’être adopté, cette Danoise de 26 ans a sûrement cassé les strophes d’une rengaine infernale. Et qui mieux que la benjamine du Parlement peut véritablement considérer cette population désenchantée ?

cafebabel.com : Votre document concernant la promotion de l’accès des jeunes au marché du travail et le renforcement du statut des stagiaires vient d’être adopté par le Parlement européen. Quelles sont les principales constatations sur lesquelles vous vous êtes appuyés pour établir ce rapport ?

«Si vous êtes stagiaires, vous devez avoir une chance d’accéder à un véritable emploi»

Emilie Turunen : Les constations que j’ai pu faire convergent toutes vers un même point : la situation difficile des jeunes en matière d’accès à l’emploi. Après m’être rendue compte du problème, j’ai voulu élaborer des garanties pour que tout jeune Européen puisse accéder à un véritable emploi. C’est pourquoi la principale orientation politique contenue dans ce rapport concerne la défense pour l’emploi des jeunes, notamment ceux qui ont moins de 25 ans. La raison d’un tel choix politique fait suite à divers études, menées dans toute l’Europe, qui disposent que de plus en plus de jeunes obtiennent de plus en plus de stages et de moins en moins d’emplois stables. C’est spécifiquement le cas en France et en Allemagne.

cafebabel.com : Comment se fait-il que la France et l’Allemagne soient les deux pays qui rencontrent le plus de difficulté ?

La Danoise âgée de 26 ans entend bien mettre en application ce qu'elle a édicté dans son rapport concernant l'accès des jeunes à l'emploiEmilie Turunen : Même si ce rapport s’est appuyé sur des statistiques qui prennent en compte tous les pays de l’Union Européenne, les associations avec qui nous avons travaillé ont réussi à détenir plus de données chiffrées en France et en Allemagne. Cependant, il ne s’agit pas de pointer du doigt l’Etat français ou allemand. Le problème est général et je ne pense pas qu’il y ait de pays qui fasse figure de modèle en la matière. Aujourd’hui, ce qui ressort du travail mené par Génération Précaire, par exemple, relève du très net manque de considération que connaissent la plupart des stagiaires en Europe. Aujourd’hui, nous avons besoin de valeurs éducatives. J’entends par là que le lien entre l’université et l’entreprise doit être renforcé. Pour cela, les stagiaires européens doivent évoluer dans un cadre juridique clair et mieux conçu. A l’heure actuelle, la majorité des stages ne débouche pas sur un véritable emploi. Nous voulons rompre avec cette fâcheuse tendance. Nous statuons simplement que si vous êtes stagiaire, vous devez avoir une chance d’accéder à un véritable emploi. 

cafebabel.com : Voulez-vous dire qu’avant l’adoption de votre rapport, il n’existait pas de véritable politique européenne en matière de promotion de l’accès des jeunes au marché du travail ? 

Emilie Turunen : Je ne dis pas ça. Des initiatives honorables ont été portées par les décideurs européens. Il existe tout de même le programme « EU 2020 » sur lequel tous les parlementaires ont planché en juin dernier et qui permet une approche de la jeunesse européenne. Mais je vous rejoins sur l’idée que ce n’est pas suffisant. Je crois en la stratégie du Parlement européen, néanmoins je pense que nous devons fournir un gros effort quant au problème des jeunes en Europe. Je pense ou du moins j’espère que mon document permettra de donner un second souffle aux initiatives politiques concernant l’emploi-jeune.

cafebabel.com : L’élaboration d’une politique européenne en matière d’emploi-jeune doit-elle prévaloir sur d'autres sujets d’orientations selon vous ?

Emilie Turunen : C’est un problème urgent. Après la récente crise économique, si nous ne le solutionnons pas, nous risquons de perdre notre génération. Nous ne voulons pans, en outre, que cette génération, porteuse d’avenir et détentrice des meilleurs espoirs européens, soit exclue socialement. Nous sommes les pilotes du changement. Nous sommes le futur !

D'autres, moins entreprenants, voient la réalité sociale telle qu'elle est. Et préfèrent ne pas l'affronter.

cafebabel.com : A ce titre et vous-même benjamine du Parlement, quelles relations entretenez-vous avec vos pairs ?

C’est vrai que c’est une institution, disons…Vieille (rires). Blague à part, je me suis toujours bien entendue avec mes collègues. Pour ce rapport en particulier, j’ai bénéficié d’une excellente coopération. Par ailleurs, je pense que l’âge n’est pas un problème. A partir du moment où vous faites preuve de travail et d’abnégation vous pouvez être récompensé, même dans un cercle comme celui du Parlement. J’ai été respectée. A l’instar de mon parcours politique qui s’est effectué sans souci même si je pense avoir eu beaucoup de chance. J’ai mené ce travail avec un tel enthousiasme que les soucis des jeunes ont interpellé l’Assemblée. Bien avant mon âge.

Photo : Une : Le jeune du futur ? Matt Hickey; Emilie Turunen par Mortenf/ Flickr, Sieste au boulot par Jordan Fischer/Flickr

Story by

Matthieu Amaré

Je viens du sud de la France. J'aime les traditions. Mon père a été traumatisé par Séville 82 contre les Allemands au foot. J'ai du mal avec les Anglais au rugby. J'adore le jambon-beurre. Je n'ai jamais fait Erasmus. Autant vous dire que c'était mal barré. Et pourtant, je suis rédacteur en chef du meilleur magazine sur l'Europe du monde.