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Was’n dit !? Pourquoi les Allemands aiment voir rouge ?

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Translation by:

Karsten Marhold

Berlin

Dans cette série de Babel Berlin, des allemands et d'autres européens berlinois se demandent réciproquement en bon dialecte Berlinois: "Was'n dit !?" („Mais ? C'est quoi ce truc !?") Ainsi découvrent-ils les grandes et petites curiosités de la ville et essayent de comprendre de quoi il en ressort.

par Karsten Marhold

Petit rappel : lors du dernier épisode, notre rédacteur français, Sébastien Vannier, se demandait si nous, les Allemands, n’étions pas un peu trop respectueux de la loi. En effet, il avait constaté, étonné, qu’apparemment, les piétons allemands ne traversent pas au rouge, même quand il apparaît clairement qu’aucune voiture ne peut franchir le passage piéton.

Je voulais en avoir le cœur net et j’ai essayé de traverser le plus souvent possible au rouge à Berlin. Résultats de ce test : il est difficile, à un feu « normal » de Berlin, ne peut pas ne traverser qu’au vert. Les feux allemands sont simplement meilleurs que leurs vis-à-vis français ou italiens. La plupart ne sont vraiment rouges, que quand il y a effectivement du trafic. Lorsqu’on essaye, comme moi, de traverser intentionnellemnt au rouge, le petit bonhomme vert nous en empêche. On pourrait presque penser, qu’il observe de manière attentive et bienveillante la rue et qu’il fait disparaître son collègue rouge sitôt le danger parti.

Mais il n’y a pas que nos petits bonhommes à être attentifs et bienvieillants. Les Allemands aussi. En effet, ils ne traversent pas au rouge car des enfants pourraient regarder. Et au vu de la coordination entre phases de trafic et couleurs du feu, cette attention pour nos jeunes est amplement justifiée. Pendant que nos voisins européens doivent expliquer à leur progéniture de trois ans, comment faire la balance entre la valeur de la vie, la maxime « le temps, c’est de l’argent », et l’orgeuil, il existe chez nous une règle très simple : rouge = ne pas traverser. Nous devons vivre avec mais cela signifie aussi que nos jeunes peuvent réussir tout seul à rentrer de l’école. Grâce à ce respect des lois, donc, les jeunes Allemands sont capables tôt de se débrouiller tout seuls.

Le petit bonhomme rouge, version Berlin Est.

Des idées au rouge

En réalité, nous avons déjà notre petite réflexion sur notre comportement au rouge. Réfléchir est d’ailleurs une de nos activités préférées en Allemagne, réputée pour être le pays des penseurs et des poètes. Qui a dit que ces petits moments d’arrêt ne seraient pas l’occasion de s’attarder sur une idée ? Lors de journées épuisantes, pourquoi ne pas prendre le temps de faire une petite pause ça ou là ? Combien de bonnes idées ont vu le jour en attendant que le feu passe au vert ?

Mais si l’attente au rouge devait être un symbole de l’Allemagne moderne, alors nous serions bien servis. Dans le passé en effet, avons-nous peut-être ignoré de manière présomptueuse et inconsciente certains de ces « feux rouges », au sens figuré, parfois intentionnellement, parfois non. Nous sommes donc devenus plus prudents. Même lorsque nous nous sentons en sécurité, comme c’était le cas auprès de ce feu dans la rue de l’ambassade américaine à Berlin, nous préfèrons y regarder à deux fois. Et de toutes façons, le temps de faire tout ça, notre récompense verte est déjà arrivée.

La question initiale n’était pas facile à résoudre. La question pour vous, chers européens, ne sera pas plus facile. Car selon la forme du moment, vous faites l’éloge de l’ordre, de la propreté et de l’organisation parfaite de notre ville. Vous pensez que nous sommes trop respectueux de la loi et vous vous réunissez à Berlin Est où tout est un peu plus sale, chaotique et aventureux. Vous nous qualifiez d’ennuyeux et pas spontané. Mais vous participez aux meilleurs fêtes avec nous. Se pose donc la question : comment se comporter correctement pour vous ? Ou mieux : à quoi ressemble un Berlinois typique ?

Translated from Was'n dit!? Warum Deutsche gerne Rot sehen