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Vive la société parallèle !

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Le multiculturalisme est encore une fois à l'ordre du jour en Europe. Les étrangers, dit-on, devraient mieux s'intégrer et enfin apprendre ce que signifient progrès et démocratie. Si seulement nous le savions nous-même !

Depuis l'assassinat du réalisateur Theo van Gogh, les media se passionnent pour le débat sur le sens et le but de l'immigration. D'après les milieux conservateurs, le multiculturalisme serait mort. Pour eux, il dissimule un scénario redoutable : des masses d'étrangers sans volonté d'intégration inondent le pays et menacent les fondements de notre culture. En revanche pour la gauche, le multiculturalisme semble être le paradis sur terre. Après le travail on va au kebab du coin et on trouve ça « cool » d'avoir autant de voisins turcs. Les autres cultures paraissent toujours plus intéressantes que la sienne.

Un problème de génération

Mais ce multiculturalisme si décrié et loué a-t-il vraiment déjà existé ? Non. Une peur exagérée et une idéalisation bradée sont les deux faces de la même médaille : l'Europe n'a pas réussi à intégrer de manière convenable les autres cultures au sein de la sienne. Entre les idées traditionnelles des immigrés musulmans et les valeurs de la société occidentale capitaliste, dans laquelle ils élèvent leurs enfants, se creuse un large fossé. Il y a peu de terroristes mais beaucoup de pères musulmans imposent à leurs filles de porter le foulard et leur interdisent de s'habiller de manière aussi provocante que les autres filles de leur classe.

Croire que les immigrés de cette génération vont changer leur habitudes est illusoire. Le pays dans lequel ils ont immigré leur restera étranger – que ce soit l'Allemagne, la France ou la Hollande. Les seuls réellement concernés sont leurs enfants. Ils ont grandi dans ce pays et en maîtrisent parfaitement la langue. Pourtant ils n'ont pas le sentiment d'en faire partie. Cette génération est assise entre deux chaises. Si les jeunes musulmanes ne portent pas le foulard, elles rencontrent des problèmes dans leurs familles. Si elles en mettent un, elles sont regardées de travers à l'école par leurs amies non-musulmanes.

Le grand danger est que ces jeunes femmes risquent de chercher le salut dans la religion. En effet elles ne se sentent pas de « vraies » Allemandes, Françaises ou Anglaises parce qu'elles ne sont jamais vraiment acceptées mais toujours considérées et traitées comme des « étrangères ». Et le pays de leur parents est beaucoup trop loin. L'islam, et dans sa forme la plus radicale, propose souvent la seule issue pour trouver un soutien et une identité.

Et nos politiciens qu'ont-ils à dire à ces jeunes ? « Il faut avoir davantage la volonté de s'intégrer », voici ce qui résonne de tous les côtés. Les « étrangers » devraient mieux s'adapter, accepter enfin les valeurs de la démocratie et du progrès et ne plus continuer à se réfugier dans une société parallèle. Cela ne sert à rien et ne peut avoir qu'une conséquence : les jeunes immigrés se serreront les coudes encore plus fort et se détourneront de plus en plus de cette société.

Apprendre le pluralisme

Mais à quoi pensent vraiment nos politiciens quand ils parlent de progrès et de démocratie ? Derrière ces notions, ne seraient-ce pas des valeurs et une conception du monde qui se cachent ? En occident aussi, nous avons nos croyances. Nous sommes habitués à rechercher le salut dans le travail et la carrière. Mais s'il n'y a plus le travail, les motivations s'en vont aussi. Alors pourquoi demandons-nous aux autres de renoncer à leurs racines, quand nous-mêmes nous y sommes tellement attachés ? Peut-être à cause du terrorisme ? Le 11 septembre ce n'est pas la « liberté » qui a été touchée mais le World Trade Center et le Pentagone parce que les terroristes y voyaient le symbole d'une culture ennemie qui met la leur en danger. Nous ne devons pas faire les mêmes erreurs qu'eux. Ceux qui justement demandent plus de tolérance de la part des immigrés, en vérité les craignent. Le chrétien n'a pas à devenir le meilleur ami du musulman et un ouvrier d'usine vit dans un autre monde que celui d'un cadre supérieur. Des « sociétés parallèles », il en existera toujours.

Ce serait déjà bien si nous cessions de nous taper dessus mutuellement. Arrêtons de voir les immigrés soit comme des personnages exotiques intéressants soit comme des corps étrangers dangereux. Ce sont juste des gens normaux et ordinaires comme nous tous. Sous le toit du pluralisme chacun peut trouver sa place. Mais pour cela il faut d'abord que nous-même nous apprenions consciencieusement la démocratie et le pluralisme.

Translated from Es lebe die Parallelgesellschaft!