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Virginia Raggi à Rome : la maire à voir

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Politique

Virginia Raggi est la nouvelle mairesse de Rome, la première femme à l'être dans l’histoire de la capitale. Un programme simple, une rhétorique accessible et la volonté d'être « honnête » : voilà les ingrédients qui lui ont permis de survoler la campagne électorale. Mais en vrai, que contient son programme ? Ombres et lumières sur la nouvelle « première citoyenne romaine ».

« Et maintenant on verra ce que va faire Virginia Raggi. » Au lendemain des élections municipales de Rome du 19 juin 2015, deux chauffeurs de taxi s'interrogent dans le quartier de Trionfale. La jeune trentenaire du Mouvement 5 étoiles (M5S) vient alors de récolter 67,15 % (plus de 700 000 voix, ndlr) contre Roberto Giachetti du Parti démocrate. Mais en réalité, c'est l'ensemble de la population de la Ville Éternelle et peut-être même toute l'Italie qui se pose des questions. En commençant par le commencement, à savoir, qui est Virginia Raggi ?

Qui est Virginia Raggi ?

Virginia Raggi, qui aura 38 ans en juillet, est d'abord Romaine, avocate, membre du dernier conseil municipal, et membre du M5S. Ses domaines de prédilection : l’éducation et l’environnement. La jeune femme fait son entrée dans la vie politique en 2011, lorsque son mari la convainc de rejoindre le M5S de Beppe Grillo. En résumé, un CV simple et propre qui constitue surtout un atout pour ses partisans, après les expériences ponctuées de turbulences qu’a connu la ville avec le maire précédent, Ignazio Marino. Ses autres forces ? Son jeune âge, sa façon de s’exprimer simplement et d’être facilement comprise de tous, mais aussi son programme en rupture face à la politique romaine d'antan que beaucoup considèrent comme responsable de tous les maux de la capitale. Sans oublier ses propositions qui ont évidemment fait mouche auprès des électeurs, prêts à tout pour entrevoir une lueur de changement (même jusqu'à entendre parler de téléphériques, de troc et envisager de renoncer aux Jeux Olympiques). Selon ses détracteurs, Raggi serait en revanche inexpérimentée. Certains doutes surgissent quant au contrat que la nouvelle édile a signé avec le M5S. Un contrat qui prévoit carrément une amende à payer en cas de « lésion de l’image du parti » et « une clause de choix », laissée au parti, sur les décisions les plus importantes auxquelles sera confrontée l’administration romaine. Ça ne laisse pas beaucoup de marge de manœuvre à la nouvelle « première citoyenne de Rome » concernant les décisions qui ne seront pas avalisées par Beppe Grillo en personne.  

100 jours et 12 milliards de dette

Pendant la campagne électorale, une grande attention a été accordée à la position de Virginia Raggi concernant la candidature de Rome aux Jeux Olympiques de 2024 (elle était initialement totalement opposée, avant de se déclarer favorable à l’organisation d’un référendum sur la question, ndlr), mais le travail qui l’attend au Capitole va bien plus loin. Virginia Raggi a prévu que les mesures prioritaires des 100 premiers jours concerneront la renégociation de la dette de Rome (d’après les dernières estimations, elle s’élèverait à 12 milliards d’euros, ndlr) et une analyse attentive afin de réduire les gaspillages et dresser enfin un budget stable dans une ville qui manque cruellement de moyens. La transparence est indubitablement au cœur de son programme, ainsi que la question de la mobilité citadine, le traitement des déchets, la sécurité sociale, l’école et la question sensible des banlieues. Certains doutes s'expriment aussi concernant l’équipe municipale, encore incomplète, et pour laquelle Raggi cherche (presque désespérément) les membres sur Facebook.

L'honnêteté est un vilain défaut  

Pendant les derniers jours de campagne, Virginia Raggi a trébuché sur quelques casseroles qui traînent depuis la période où elle était membre du Conseil municipal. Il Fatto Quotidiano montre dans un article que la candidate du M5S  n’a pas toujours été irréprochable. On y apprend par exemple que l'élue a offert ses services juridiques à l’Agence sanitaire locale (Asl) Civitavecchia de 2012 jusqu’à 2015 sans les avoir déclarésLa loi n°33/2013 sur la transparence prévoit que les titulaires de charges publiques doivent mentionner « les données relatives à la prise de fonction d’autres charges, auprès des organismes publics ou privés, et les compensations relatives à tout titre correspondant ». En gros, en 2012, Virginia Raggi a cumulé une charge publique et son poste d'élue au Conseil municipal en 2013. 

Cette affaire pourrait écorner l’honnêteté incorruptible dont la jeunne femme se drape et pourrait même provoquer bien des polémiques au sein de son parti, étant donné les positions inflexibles du M5S concernant la transparence. Sans oublier que Virginia Raggi a dans le passé été accusée de manque de transparence pour avoir « oublié » d’insérer un détail dans son CV : elle a travaillé pendant 2 ans pour le cabinet de Cesare Previti, l’ancien avocat de Silvio Berlusconi condamné à deux reprises pour corruption.

Les réactions de la nouvelle élue concernant ces potentielles affaires seront l’occasion de tester sa fiabilité et sa compétence dans le rôle difficile qu'elle a choisi de camper. La mission quasi impossible de Virginia Raggi sera aussi un crash test pour tout le M5S, dont les actions seront désormais scrutées à la loupe. « On verra ce que va faire Virginia Raggi », donc.

Translated from Roma: i Raggi che (forse) scaldano la Capitale