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Vers une gouvernance efficace de l'écologie ?

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Société

Le 5 juin, la célébration de la Journée mondiale de l’environnement, organisée depuis 1972 par les Nations Unies, met en lumière certains imbroglios écolos.

« L’état de l’environnement est le seul juge de l’efficacité de nos programmes et de nos politiques ». Cette réflexion de Klaus Töpfer, ancien directeur exécutif du Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE), témoigne de l’ambivalence constante qui auréole la protection environnementale. Car la réalité écologique est plutôt amère.

Si depuis plus de trois décennies, la Journée mondiale de l'environnement met sous les projecteurs la planète, force est de constater que ses habitants sont incapables d’enrayer son processus de destruction.

L’environnement se dégrade à un rythme toujours plus rapide, la biodiversité est menacée, l’extinction des espèces s’accélère et le réchauffement climatique s’intensifie.

Abondance de biens nuit

Ironie du sort, la situation persiste à se dégrader malgré l’explosion du nombre d’institutions, de programmes ou d’organisations chargées de la protection ou de la gestion des ressources environnementales. Un paradoxe qui pose de sérieuses questions sur la nature et le rôle de la gouvernance internationale de l’environnement mais également sur la capacité, ou plutôt l’incapacité de l’ONU, à assurer sa mission.

D'après les mots du chercheur Adil Najam, « la gestion de processus mondiaux en l’absence d’une autorité globale est organisée selon un système particulièrement complexe, voire illisible ». En clair, si l’OMC régit le commerce international ou l’OMS la santé, le domaine de la gestion de l’environnement reste plus chaotique.

En 2006, le PNUE recensait plus de 500 accords multilatéraux portant sur la protection des ressources environnementales. Aux côtés du PNUE sont recensées l’Organisation météorologique mondiale (OMM) -porte-parole officiel pour les changements climatiques-, la Convention-Cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC) ou la Commission du développement durable (CDD). A cette nébuleuse de sigles se greffent une kyrielle de conventions spécialisées, comme la Convention sur la diversité biologique (CDB) ou encore la Convention sur les espèces migratoires.

Inefficacité coupable

Il est regrettable de constater que toutes ces organisations sont en concurrence pour récolter les fonds auprès des donateurs, principalement les Etats. Il est encore plus étonnant de constater leur aveuglement mutuel. Car tous ces acteurs-clés de l’écologie ne sont même pas informés des activités des uns et des autres, et leurs mandats se marchent bien souvent sur les plates-bandes les unes des autres.

Dans le but de pallier à cette désorganisation ambiante, les Nations Unies ont créé un groupe de réflexion, l’Environment management group (EMG), réunissant plusieurs dizaines d’acteurs environnementaux susceptibles de distiller des informations, mettre en synergie les efforts et mener des activités de consulting.

La démarche, certes louable n’est qu'une l’illustration de plus de l’absurdité du système : en introduisant une nouvelle structure parapluie, l’ONU complexifie encore un peu plus la gouvernance. L’absence d’autorité centralisée freine ainsi la coordination des efforts et ne peut se targuer d'une efficacité irréprochable. Le protocole de Kyoto a t-il permis d’enrayer l’augmentation des émissions de gaz a effet de serre ? Nul doute que le pire est à venir lorsque l’on réalise l’absence de vision à long terme des dirigeants.

L’Europe a-t-elle la main verte ?

Dans ces conditions, la question de la réforme de la gouvernance environnementale n’est pas une lubie de quelques fonctionnaires internationaux mais bien un enjeu crucial pour les habitants de la planète. Ce peut être aussi l’occasion unique pour l’Union européenne de porter un projet de réforme, affirmant son leadership dans les questions environnementales.

L’Allemagne, leader incontesté des énergies renouvelables, la France ainsi que plusieurs groupement d’ONG, militent déjà pour la création d’une OME [Organisation mondiale de l’environnement], afin de doter les Nations Unies d’un outil environnemental fédérant les bonnes volontés, une sorte 'd’interlocuteur unique au chevet de la Terre'.

Mais un tel projet sera-t-il suffisant ? Suffisant pour infléchir la position des Etats-Unis ou de l’Australie, réticents à l’idée d’une structure qu’ils jugent coûteuse et potentiellement peu efficace ? Suffisant pout influencer sur la Chine et l’Inde qui jugent leur droit au développement prioritaire ? Les paris sont ouverts.