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Un vent d'Est souffle sur la Croisette

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Alors que les éditions cannoises des années 90 ont vu la prédominance du cinéma asiatique, les productions polonaises, roumaines, hongroises, russes et lituaniennes sont aujourd’hui à l’honneur du 59ème festival de Cannes.

La majorité des films en provenance d’Europe centrale et orientale sélectionnés ont été réalisés par une nouvelle génération de cinéastes prometteurs qui s'imposent avec force dans le panorama cinématographique européen. Des noms à retenir et des carrières à suivre de près.

Un cinéma avant-gardiste

Le cinéma de l’Est s'est forgé la réputation d'un cinéma intellectuel à la symbolique très marquée. Etroitement liés aux courants et à la pensée avant-gardistes, ses films sont le miroir de la société et du quotidien. Les amateurs du genre se souviendront sûrement des scènes spectaculaires du « Cuirassé Potemkine », l'œuvre majeure de Sergueï Eisenstein retraçant la mutinerie des marins qui éclata en 1905 à bord du célèbre cuirassé. Accusé à sa sortie de propagande, ce film, véritable reflet de la révolution russe de 1917, a jeté les bases du cinéma contemporain. Même si le niveau de la production s'est considérablement amélioré depuis l'époque d'Eisenstein, la distribution reste marginale, notamment en raison de budgets restreints.

'Un Certain Regard' tourné vers l'Est

L'influence des pays de l'Est se fera sentir au coeur même des instances du Festival puisque c'est un réalisateur russe, Andreï Konchalovski, qui présidera cette année le jury de la Cinéfondation et des courts métrages, dont fera également partie le compositeur polonais Zbigniew Preisner. A ne pas manquer également, la sélection 'Un Certain Regard', devenue en quelques années une section réellement alternative à la compétition offrant aux jeunes cinéastes l'opportunité d'une première entrée officielle. Le cru 2006 se compose de 22 films venus de 20 pays différents. C'est le Roumain Cristi Puiu qui avait remporté en 2005 le prix 'Un Certain Regard' pour sa troisième réalisation, « La mort de Monsieur Lazarescu ».

Pour cette édition 2006, le Polonais Slawomir Fabicki (« Z odzysku ») et le Roumain Catalin Mitulescu (« The Way I Spent the End of the World ») concourent dans la même catégorie. « Z odzysku », l'un des favoris de la sélection, raconte l'histoire forte et poignante d'un jeune homme de 19 ans amoureux d'une immigrante ukrainienne clandestine, mère d'un enfant. Le réalisateur, diplômé de l'Ecole supérieure de cinéma de Lodz, y dépeint une « Pologne de contrastes ». « C'est la première fois que je travaille sans scénario », explique Fabicki. « Nous avons cherché la manière de le mettre en scène directement sur le plateau de tournage avec les acteurs et le caméraman. Si quelque chose ne fonctionnait pas bien, si lorsque je consultais mes notes, les sujets que j'avais l'intention d'aborder n'y apparaissaient pas, alors nous changions complètement la mise en scène et les arrangements. J'ai abandonné certains des dialogues, j'en ai rajouté sur le plateau». « Z odzysku » s'annonce ainsi d'une rare fraîcheur créative.

A la recherche des nouveaux tsars

Les productions russes devraient également attirer un large public. Pour l'ancien acteur Renat Davletyarov, devenu président de la section 'Tous les Cinémas du Monde', « ce cinéma connaît actuellement un développement spectaculaire dans le monde entier ». Pour sa deuxième édition, le programme accueillera également Israël, Singapour, la Suisse, le Venezuela, la Tunisie et le Chili. La sélection 'Tous les Cinémas du monde' a pour vocation d'illustrer la diversité culturelle du panorama cinématographique mondial.

Les films russes (trois longs métrages ainsi qu'une sélection de courts) seront projetés les 19 et 20 mai. Même si l'influence de la création russe sur le 7ème art en général n’est plus à prouver, Davletyarov lui-même admet que « la Russie, il y a peu, connaissait une absence de grands films. » Voilà peut-être l'occasion de découvrir les nouveaux tsars du cinéma russe comme le furent en leur temps Sergeï Mikhailovich Eisenstein, Sergueï Bodrov ou encore Andreï Tarkovski. Ce dernier avait réussi l'exploit -alors qu'il n'était encore qu'un parfait inconnu- d'éclipser des réalisateurs de prestige comme Jean-Luc Godard, Stanley Kubrick ou Pier Paolo Pasolini lors de la quinzième édition du Festival de Cannes en mai 1962 où son premier film, «L'enfance d'Ivan », était projeté.

Un style typiquement européen

L'Europe, Est et Ouest confondus, est indéniablement l'invitée de marque de ce 59ème Festival de cinéma. La participation de réalisateurs de renom comme Pedro Almodovar, Ari Kaurismäki, Ken Loach ou Nanni Moretti contribue à renforcer une omniprésence européenne, fruit de l'engagement et de l'action de la Commission européenne. C'est en effet grâce à la mise en oeuvre d'un programme de soutien au secteur audiovisuel européen, le programme MEDIA et aux fonds communautaires débloqués, que 17 longs métrages ont pu voir le jour. « Il s'agit sans conteste d'un grand cru », a déclaré Viviane Reding, Commissaire européenne chargée de la société de l'information et des médias. Malgré tout, l'exportation de la production européenne hors de ses frontières demeure faible si l'on considère que le cinéma européen ne représente que 12 % du marché australien, 8,3 % du marché turc, 6,7 % du marché russe et 4,6 % du marché américain. Loin des exigences du marché audiovisuel mondial, l'Europe continue néanmoins à produire des films d'une grande qualité.

Translated from Cine: Cannes enfoca hacia el Este