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Un petit air de Charles Quint

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Bruxelles

Par Patricia Fridrich L’ambiance y règne toujours, même si de l’ancienne splendeur, il ne reste plus que des vestiges : en descendant les marches du musée BELvue, on peut se plonger dans le monde de Charles Quint, se faire une idée de ce qui était à son époque le Palais du Coudenberg, sa résidence « sur la colline froide ».

Depuis deux ans maintenant, les fondements et voûtes du palais, soigneusement dégagés après plusieurs années de fouilles, sont ouverts au public On y découvre entre autres la chapelle gothique dans laquelle était conservé le Trésor de l'Ordre de la Toison d'Or, et on peut s’imaginer les festivités qui se sont tenues dans l’Aula Magna, la grande salle d’apparat. C’est ici que Charles, à peine âgé de 15 ans, fut proclamé souverain effectif des Pays-Bas - c’est dans cette même salle où, quarante ans plus tard, il céda le trône à son fils Philippe.

Toute l’atmosphère de ce monde souterrain évoque l’histoire de celui qui, grâce aux circonstances, mais aussi grâce à un esprit politique formé depuis son enfance, allait devenir un des plus puissants monarques de son époque et le dernier empereur du Saint-Empire romain germanique couronné selon la tradition carolingienne.

Parfois, comme pour la programmation spéciale « Charles Quint », on voit même déambuler des gens de la cour entre les vielles murailles : dames et seigneurs vêtus de soie et velours, chevaliers avec hallebardes et casques en acier - fabriqués d’ailleurs à Tolède, une des autres résidences de l’empereur. Avec la musique d’antan, cet ensemble est comme une avant-première de l’Ommegang, ce grand cortège en l’honneur de Charles Quint organisé chaque année à la charnière des mois de juin et de juillet.

La date de cette visite costumée dans les dessous de la place Royale ne pourrait être mieux choisie : c’est le dimanche avant Pentecôte, journée pendant laquelle le défilé avait lieu traditionnellement. Car à l’origine, avant de devenir la reconstitution d’un événement historique, l’Ommegang était surtout une procession lustrale, une « marche autour » (de l’église du Sablon), pour vénérer la Vierge Notre Dame de la Victoire.

Dans les couloirs de l’ancien Palais du Coudenberg, c’est l’aspect folklorique de la procession qui domine aujourd’hui. Les petits garçons se sont déguisés en arbalétriers et s’exercent aux jeux de l’époque : jeter des noyaux dans des trous de sable, renverser des quilles de bois ou bien essayer de casser le pot (au sens figuratif heureusement, puisque le pot – un des seuls outils non authentique, n’est pas fait de terre glaise).

Tout y est comme sur les tableaux fourmillants de Breughel – Pieter Breughel l’Ancien, pour être précis – même si ce n’est que son fils cadet qui devint, longtemps après la mort de son père, peintre à la Cour du Coudenberg. Ce n’était plus sous Charles Quint, mais sous le règne d’Isabelle… Bien un siècle après Charles Quint, et un siècle avant que le splendide palais ne devienne la proie des flammes.