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Un conte de Noël : douze jours de grèves en Europe

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Société

Etaler sa misère : est-ce vraiment là le meilleur moyen d’obtenir ce que l’on veut ? Alors que la Haute Cour de justice d’Angleterre condamne l’action de grève « festive » du personnel de bord de la British Airways (BA), portons un regard sur le récent excès de grèves qui a secoué l’Europe.

Le premier jour des vacances de Noël, cette année, tout le monde était un peu anxieux. Avec les leitmotivs menaçants de « récession » et de « licenciements » suspendus dans le ciel étoilé, l’enjeu économique de faire de ce mois de décembre un très joyeux Noël a causé bien plus d’inquiétudes que l’année dernière, à la même époque. Il n’y a pas à s’inquiéter, ces vacances ne se résument pas aux cadeaux, aux décorations et au chauffage des maisons : au moins, on rentre chez soi et on voit nos chères familles, non ?

Transports cassés

Pas vraiment. Le deuxième jour, une parade de blondes tirées à quatre épingles – éveillant donc la méfiance – trop fardées, ainsi que de dandys ayant trop forcé sur le gel s’est invitée dans les bureaux de British Airways. Il s’agissait d’Unite, le syndicat de personnel de bord au nom astucieux (il signifie « s’unir »). Après le carillon qui les a annoncés, les syndicalistes ont déclaré – probablement tout sourire – qu’ils feraient grève pendant toute la période des vacances. Pas de quoi s’inquiéter, ça ne causera pas trop de perturbations, si ? De toute façon, tout le monde sait boucler sa ceinture, maintenant. Faux, encore une fois. 1 million de passagers risquent de trinquer à bords de leurs vols... (c’est mieux que les 40 000 personnes qui n’ont pas pu se rendre de Londres à Paris autour du 18 décembre 2009 par Eurostar, à cause du froid !) 

Le quatrième jour de Noël, la Garda Siochana, la police de la République d’Irlande, a pris la responsabilité d’organiser un vote au sujet d’une grève possible, en dépit du fait que les grèves de la police soient punies par la loi. P.J. Stone, du syndicat de police Garda Representative Association (« GRA », qui est malencontreusement le mot gaélique pour « amour ») a déploré que ses forces « se sentaient insignifiantes et inutiles ». Confronté à la possibilité inattendue d’un coup d’éclat de la police, le ministre de la justice, Dermot Ahern a récriminé : « C’est un affront à notre démocratie. Nous devrions agir ». Il n’a pas précisé quel genre de mesures l’Etat pourrait prendre sans forces de police.

Facs bloqués

Le cinquième jour de Noël, le Processus de Bologne s’avérait être encore difficile à avaler pour les étudiants en Allemagne. Au cours de ce qui est devenu célèbre sous le nom de « grève de l’éducation 2009 », les étudiants ont protesté pendant des mois contre la grossière inefficacité de l’initiative européenne de 1999, qui prévoyait de mieux synchroniser le système des crédits dans les universités de l’UE. Cet été, près de 250 000 étudiants sont descendus dans la rue dans tout le pays. A présent, alors que la plupart des étudiants sont enfermés dans des bibliothèques glacées pour préparer les examens du premier semestre, des milliers d’étudiants allemands poursuivent le mouvement. Au moins, cela ne nous empêchera pas, nous travailleurs, de gagner correctement notre vie.

(Niklas Plessing)

Le sixième jour de Noël, la grève du RER A à Paris, la ligne de banlieue la plus fréquentée en France (transportant jusqu’à un million de personnes par jour), a semé la confusion chez les banlieusards comme chez les touristes, qui se sont retrouvés bloqués dans les murs (ou à hors des murs) d’une capitale chaotique, par moins 3 degrés. Déjà 14 jours et toujours pas de revalorisation des primes en vue.

Contre l’exploitation 

christmas nightmare (Image: ©dalbera/ Flickr)Le septième jour de Noël, les gens commençaient à en avoir assez d’entendre parler de grèves. Le huitième jour, la colère devenait difficile à contenir. Dans un système économique basé sur le profit, la grève est un outil puissant et nécessaire pour contrer ce qui serait autrement inévitablement de l’exploitation.

Cependant, le choix de faire grève à Noël pourrait être vu comme un coup bas. Les neuvième, dixième et douzième jours de Noël, l’homme et la femme dans la rue vont payer un lourd tribut à cause des syndicats, qui n’arrivent pas à trouver de meilleur moyen de négocier que de déverser leur misère sur tout le monde, jusqu’à ce que quelqu’un leur donne ce qu’ils veulent. Dans un climat hivernal de chômage dramatique, les grévistes seraient bien avisés d’attendre que la période des fêtes soit passée. En effet, d’ici le douzième jour de Noël, les citoyens énervés vont être moins désireux que jamais de leur offrir du soutien – enfin, à part des dindes de Noël.

Translated from Unions, strikes and snow: Europe's 12 days of christmas discontent