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Un burrito, Rodrigo Y Gabriela

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La Parisienne

Mardi dernier, le duo mexicain Rodrigo Y Gabriela jouait à l’Olympia à l’occasion de la sortie de leur nouvel album studio, Aera 62. Chronique d’un sombrero musical. Bon. On ne va pas se mentir hein. On va se dire les choses directement. Rodrigo Y Gabriela, c’est frappant. Quoi que tu penses, que t’aimes la rumba ou le flamenco, le duo-mexicain envoie grave du guacamole.

Parce que pour faire suer 4000 personnes avec deux guitares sèches, faut envoyer du bois.

Schrenker Flying V

Bref, c’était bien. Tâchons tout de même de préserver nos 5W (la formule chimique qui transforme tout événement en dépêche AFP). Mardi 28 février 2012, le duo originaire de Mexico, Rodrigo Y Gabriela, donnait un concert sur les planches de l’Olympia, à l’occasion de la sortie de leur nouvel album studio, Aera 62. Entre espérances et convictions, 4000 personnes attendaient avec impatience l’étendue d’un spectacle épicé. C’est à peu près ça l’info. A noter qu’ils jouaient déjà la veille. C’est assez rare pour avoir oublié de le souligner mais « performer » deux soirs de suite à Paris, qui plus est pour un live, je ne sais pas mais, ça donne des allures théâtrales au spectacle. Puis l’Olympia, tout un chacun sait que c’est noble. En général, quand tu joues dans le music-hall de Bruno Coquatrix, t’es placé (et cette phrase de tomber en pâmoison quant à la programmation d’hier soir : LMFAO). Enfin, compte tenu de la marée humaine qui cherchait « des places à vendre » devant l’entrée, ça sentait quand même la poudre.

Il y a six ans, « Rod y Gab » buzzaient pas mal sur le Net. Première chanson de leur troisième album (génialement intitulé Rodrigo y Gabriela), « Tamacun » fait aujourd’hui plus de 5 millions de vues. C’était frais, nouveau, original : une bonne claque qui faisait dodeliner autant les fans de rock que de fado. Mais là, 6 ans après, le duo a décidé de tout péter. Le groupe a débarqué sur scène, équipé d’un véritable orchestre style Salut les Terriens ou feu Nulle Part Ailleurs. Non-stop, ils enchaînent, impassibles, trois morceaux durant, les syncopes et les solos à une vitesse forcément vertigineuse. Soudainement, Rodrigo se cramponne à une guitare Schrenker Flying V et donne dans le metal énervé. Stupeur.

Pas vraiment en fait. Parce qu’il y a bien les ¾ de la salle qui savent pertinemment que Rodrigo et Gabriella viennent du heavy metal. Tierra Acida, plus exactement. Mais Rodrigo déconne, lâche l’électrique et s’assoit pour nous servir la mélopée. Tranquille. S’ensuit un speech. Oui, un speech. Rodrigo pose tout le monde, discourt en anglais, salue, vient se caler sur une baffle de retour-son et demande le silence. Entre l’aperçu d’un morceau de Metallica et une ballade en arpège, il y a quand même un monde. Tout va bien. Pendant 5 minutes, « Rod » nous la joue crooner-sans-voix pour finalement revenir à du son féroce. 

« Inclassifiable »

On est un peu confus, tu comprends. Mais c’est ça qui est bien chez Rodrigo y Gabriela. La confusion. Même la page Wikipedia  de leur album de 2006 a le genre entre 5 chaises : Folk, Rock, Flamenco, Jazz, Métal. Mon I-Tunes me renvoie « Inclassifiable ». Ajoute à cela un orchestre et tu nages en plein cosmos. Mais ce n’est pas grave. Le duo s’apprécie dans sa diversité. Diversité dans laquelle les deux membres ont des rôles bien définis. Rodrigo, les solos. Gabriela, la rythmique. Deux spécialités qu’ils ont d’ailleurs savamment montrées, chacun leur tour.

Donc, un concert de Rodrigo y Gabriella à l’Olympia se situe quelque part entre une soirée cubaine et  un live de Kiss. On te laisse la fourchette suffisamment large pour que tu puisses venir goûter la sauce. Quoi qu’il en soit, l’ensemble est costaud et s’apparente sur la fin à l’allégorie, un peu fébrile,  du burrito : c’est plein de bonne choses, un peu bourratif mais ça cale. 

Photos © Leo Novel

Story by

Matthieu Amaré

Je viens du sud de la France. J'aime les traditions. Mon père a été traumatisé par Séville 82 contre les Allemands au foot. J'ai du mal avec les Anglais au rugby. J'adore le jambon-beurre. Je n'ai jamais fait Erasmus. Autant vous dire que c'était mal barré. Et pourtant, je suis rédacteur en chef du meilleur magazine sur l'Europe du monde.