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UE versus USA : soyons un continent

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Camille Spriet

Politique

Au milieu de la crise de la dette américaine, il y a un homme : Alexander Hamilton. Il a combattu dans sa jeunesse lors de la guerre d'indépendance, il a ensuite travaillé pour la nouvelle constitution avant de devenir le premier ministre des Finances des États-Unis. Seconde partie de notre enquête sur la crise outre-Atlantique.

C’est en tant que ministre des Finances qu’il dépose en 1790 devant le Congrès le First Report on Public Credit. Hamilton est intelligent, il sait que les États forts ne mettront pas en jeu facilement la solvabilité de leur pays. De plus il sait que les Américains ne sont pas friands d’un pouvoir centralisé fort. Après tout, ils viennent tout juste de se libérer de la domination britannique. Pendant la rédaction de la constitution américaine, Hamilton conseillait constamment Jefferson et Madison, les deux qui voulaient le plus que l’État central soit le plus faible possible.

La première proposition a échoué en avril 1790. Le Congrès a rejeté le projet de loi et la situation financière des États continue de s’aggraver, de nombreux anciens combattants ne perçoivent désormais plus de pension. Mais trois mois plus tard, les Pères fondateurs se rencontrent lors d'un dîner et négocient un accord : le plan Hamilton sera adopté, si en retour la capitale est déplacée de Philadelphie à Washington D.C. Selon le plan d’Hamilton, le gouvernement américain prendrait en charge les dettes des États fédéraux et payerait les intérêts des investisseurs à hauteur de 4%. Il recevra les recettes de l’Union douanière et lèvera les taxes sur la consommation.

"It's not tyranny we desire; it's a just, limited, federal government"

Chaque État doit donc se soucier, à l'avenir, du remboursement des montants de ses propres crédits. En outre, tous les États fédéraux sont obligés de présenter un budget équilibré et ne pas accroitre la dette. La situation financière se détend vite et l'économie, enfin détachée de grandes incertitudes, connait une hausse de croissance impressionnante.

Hamilton sous les lumière de l'Europe d'aujourd'hui

Une proposition des experts allemands en économie va exactement dans la même direction qu’Hamilton. La proposition prévoit la création d’un fonds commun pour le remboursement de la dette si elle dépasse la barre des 60% du PIB du pays. Chaque État continuerait de payer ses propres dettes et continuera à percevoir les impôts. Mais la meilleure garantie solidaire pour l'ensemble de l'Union serait de restaurer la confiance des investisseurs et également de revenir à un taux d'intérêt plus bas.

Les États en crise ont obtenu plus de temps pour mener à bien les réformes qui, comme aux États-Unis, peuvent conduire à une intégration plus poussée et une croissance plus rapide. Le rapport avec les USA ? Là aussi les États fédéraux avaient l'obligation de présenter un budget équilibré. L'originalité du projet associée aux impôts donne une nouvelle légitimité à la souveraineté européenne. Tout cela étant le fruit d'un grand compromis.

Mais toutes ces propositions ambitieuses ont longtemps été strictement rejetées par les États dits stables. Angela Merkel a également mené à bien quelques projets. L'Europe, et surtout les pays en crise vont être économiquement réformés comme ca ne s'est pas vu depuis des décennies. Même si l'environnement économique n'est pas idéal, les nombreuses réformes sont efficaces. Les déficits budgétaires et commerciaux vont diminuer, pour rendre les économies plus compétitives. La prévision du budget communautaire n'est pas très positive, la règle d’or doit être inscrite dans toutes les constitutions des États membres ainsi que la procédure contre le déficit simplifié.

Big deal or no deal ?

A la base, l'Union monétaire est toujours au bord du gouffre car aucune autorité forte est derrière l’euro (comme « préteur en dernier recours ») - conception de base toujours portée disparue. Aujourd'hui même si le FESF et le MES sont présents, leurs ressources sont limitées. Il est alors temps pour l’UE de bricoler un nouvel établissement assez solide pour tenir toute l'Europe dans son ensemble : la Banque centrale européenne.

En effet, le président de la BCE, Mario Draghi, a assuré il y a quelques mois qu'il ferait « tout ce qui est nécessaire » pour défendre l'euro. Bien que la BCE a l'intention de n'intervenir que dans des conditions très critiques, un programme de reformes sera mis en place dans certains pays avec une supervision rigoureuse dudit programme. Ainsi l'institution veut racheter les emprunts des États « sans limite » aussi longtemps que cela est nécessaire pour calmer la situation. Cet engagement pourrait signifier un tournant dans la crise, car si une banque centrale possède son propre fond elle peut ainsi donner des ressources financières illimitées aux gouvernements.

Cliquez ici pour la première partie : UE versus USA : la question à 8,2 milliards d’euros

Angela Merkel peut intervenir, comme elle l’a montré récemment avec le traité de l'UE et l’une union politique comme vision d'avenir ainsi qu’avec le nouveau taux de la BCE pris en charge par tous les gouvernements. En décembre, un concept sera présenté avec des propositions audacieuses pour l'avenir de la zone euro comme celle de renoncer à la souveraineté et donc d’accroitre le contrôle de l'Union. Il faut pour cela des emprunts communs et un budget commun. En outre, sont également prévus plus de démocratie pour les citoyens, avec des élections directes, un gouvernement élu et un Parlement fort. Alexander Hamilton pourrait sans doute encourager les citoyens européens via sa formule : « Apprendre à penser à l'échelle continentale ! »

Dans le prochain épisode de notre série, nous verrons pourquoi la Californie est chroniquement en faillite sans que cela ne dérangent ni Apple ni personne d'autre aux États-Unis, alors qu'ici tout le monde tremble à l'idée d'une banqueroute italienne.

Photos : Illustration ©Adrien Lecoärer/http://plcrr.com/; Texte (cc)Gamma Man/flickr

Translated from EU vs. USA: Denkt kontinental!