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UE versus USA : California Love

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Politique

Alors que les pays du Nord rejettent férocement les emprunts communautaires de toutes sortes, un nouveau concept fait lentement son chemin. Celui d'une Union bancaire. Mais pour comprendre l'effet qu'aurait une telle union, il nous faut, une fois de plus, comparer le cas des États-Unis à celui de l'Europe. Voici donc la troisième partie de nos observations transatlantiques consacrée à la crise

Cela fait des années que la Californie et l'Italie font face au même problème : un déficit budgétaire et une dette publique accablante. Alors que depuis un certain temps, l'Italie fait d'immenses efforts pour assainir son budget (pour 2012, le déficit est estimé à 1,6% du PIB, en raison de la contraction économique), la Californie livre, chaque année, un combat sans merci contre une faillite éventuelle. En 2009, l'État californien déclarait son insolvabilité, ses fonctionnaires percevront leurs salaires quelques mois plus tard sous forme de titres de créances, mais seuls ceux détenteurs d'obligations seront rémunérés. Dans la zone euro, un tel scénario serait synonyme de catastrophe et ébranlerait l'ensemble du continent. Mais tel ne fut pas le cas aux États-Unis, pourquoi donc ? Comme souvent à notre époque, la réponse à cette question se trouve dans le secteur financier.

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La Californie est l'État américain le plus dynamique sur le plan économique. Si son système financier devait s'effondrer, les fondements mêmes de l'Amérique en seraient ébranler. Pourtant, l'insolvabilité temporaire de la Californie ne provoquât pas un tel effondrement. En effet, les banques californiennes et américaines ne dépendent pas de leurs États fédéraux respectifs. Le gouvernement fédéral américain soutient les banques, les nationalisent si nécessaire, aidé en cela par la Réserve fédérale américaine. En outre, l'épargne des Californiens est protégée grâce à un système de garantie des dépôts bancaires. Ils n'ont, par conséquent, aucune raison de s'inquiéter et sont somme toute dans la même situation que leurs chers voisins du Wyoming qui ne connait pas d’instabilité financière. Le capital de la plupart des banques américaines est constitué par des bonds du Trésor américain (Treasuries), eux-mêmes garantis par le gouvernement fédéral.

L'Union bancaire européenne serait synonyme de stabilité et confiance

La situation est toute autre en Europe. Si les obligations émises par les banques italiennes perdent de la valeur, toutes les institutions financières italiennes sont concernées car toutes en sont détentrices. Par conséquent, leur première réaction est de ne pas acheter de nouvelles obligations, de restreindre leurs emprunts et de durcir leurs conditions de prêts. Cette situation se traduit alors par une détérioration de la situation économique et de celle du cours des obligations. Dans le pire des cas, même si une fuite des capitaux se produisait sous l'effet de la panique et d'une certaine méfiance, les banques demanderont l'aide de l'État afin de pouvoir continuer à approvisionner l'économie en crédits suffisants et assurer une certaine stabilité. Mais lorsque la crédibilité financière du pays est touchée, comme c'est le cas en Italie, l'injection d'une aide financière contribue encore à détériorer la situation budgétaire. Par conséquent, la situation des banques ne s’améliore pas. Mais cette absence d'aide financière est aussi synonyme de désastre car sa première conséquence est une défiance que rencontrent alors les banques, les entreprises et les pouvoirs publics.

La création d'une Union bancaire européenne et d'un système communautaire de garantie des dépôts bancaires pourrait rompre ce cercle vicieux. Les épargnants seraient mis en confiance, ce qui les inciterait ne pas toucher à leurs économies et permettrait alors aux banques de prêter ou d'emprunter davantage. Dans un tel contexte, l’insolvabilité d'un pays serait possible car la croissance économique de l'Union entière en serait son garant et non plus son seul système financier. La création d'un système communautaire de garantie bancaire couvrant un montant jusqu'à 50 000 euros rassurerait une grande partie de la population européenne et l'Espagne, l'Italie ou la Grèce ne connaîtrait plus de fuite de capitaux.

Une telle union bancaire n'aurait de sens que si des règles strictes et uniformes y étaient appliquées (par exemple au travers de la BCE), que toutes les institutions financières acceptent d'y contribuer et que les pays renoncent à leur souveraineté. L'Union bancaire européenne serait synonyme de stabilité et confiance, chose dont l'Europe a expressément besoin, permettant ainsi aux pays d'éviter l'alourdissement de leur dette publique et répondant ainsi aux exigences des pays du Nord.

Notre prochaine article sera consacré à l'abandon des chantiers de construction de Floride et ceux de la côte méditerranéenne espagnole. Nous essayerons de comprendre les raisons pour lesquelles la Floride s'est malgré tout remise alors que la péninsule ibérique connait un chômage record, une succession de programmes d'austérité et une récession économique.

Photo : Une ©Adrien Lecoärer/http://plcrr.com; Texte (cc)Hop-Frog/flickr

Translated from EU vs. USA: Kalifornische Äpfel oder italienischer Prosciutto?