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Sur la route, entre espoirs et doutes

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Culture

Un voyage en autostop de Bruxelles à Berlin est l’occasion de jauger, sur le terrain, le degrè d’euroscepticisme des Européens.

804 kilomètres séparent la « capitale européenne » de la Porte de Brandebourg. En mars 2007, les célébrations du 50ème anniversaire du Traité de Rome ont été l’occasion de réaliser un voyage en autostop, de Bruxelles à Berlin afin d’évoquer l’Union européenne avec ses citoyens.

Là où l’Europe a longtemps été divisée, les chefs d’Etat et de gouvernement des 27 pays se sont pourtant réunis dans un esprit de consensus en mars dernier. « Nous citoyennes et citoyens de l’Union européenne sommes unis pour notre bonheur » a ainsi affirmé la Déclaration de Berlin. Mais que pensent les Européens du continent : sont-ils réellement d’accord avec ces belles paroles ? Revue de détail au fil d’un voyage de 14 heures.

« L’Europe doit intervenir en tant que force de paix »

Le trajet de Bruxelles à Berlin traverse la Belgique et l’Allemagne, deux Etats fédéraux empreints d’identités régionales fortes et d’un faible sentiment d'appartenance nationale. Première étape : Bruges. « Bruges faisait partie des 4 villes hanséatiques les plus importantes », raconte Luk, au volant. « Autrefois, l’Europe était réunie autour des mers du Nord et Baltique ». Luk, natif de Bruges, vit toujours dans la vielle ville, inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO. « L’époque de la hanse est révolue. Je suis pourtant fier de ma ville. Je peux très bien m’imaginer, à l’avenir, une Europe unie, dans laquelle la Belgique ne sera plus qu’un Etat-région ».

Né en 1955 soit deux ans avant l’UE, Luk a grandi avec elle. « Les gens ont oublié aujourd’hui que nous avons avant tout besoin de l’Europe pour assurer la paix », dit-il. « Nous avons survécu à deux Guerres Mondiales et la paix intérieure est acquise. C’est pour cela que l’Europe doit intervenir en tant que force de pacification dans le monde. Pourtant, personne ne parle aujourd’hui de désarmement nucléaire. L’Iran abuse de cet état de fait ».

Si l’Union essaie depuis longtemps de bâtir une politique étrangère et de sécurité commune (PESC), Bruxelles ne dispose pas encore de l’influence suffisante face à des Etats-membres qui sont loin de parler d’une seule et même voix.

Des solutions simples

De manière générale, les Européens rencontrés semblent moins s’intéresser à la répartition des missions qu’aux résultats obtenus. Certains se sont plaint par exemple que les Allemands investissent des milliards dans un nouveau système de péage d'autoroute au lieu de s’associer à l’Autriche ou à la Belgique, voire de trouver une solution commune aux problèmes de transports européens. Un credo : tout ce qui peut simplifier la vie des citoyens mérite d'être développé.

Michael, un Bavarois qui sillonne l’Europe depuis douze ans au volant de son camion raconte ainsi que les nouveaux Etats-membres d’Europe Centrale et de l’Est continuent d’être discriminés. Lui transporte un yaourt belge, dont la production a été un moment transférée en Pologne. A partir du moment où le lieu de fabrication a été indiqué sur l’emballage du produit laitier, les ventes ont chuté. Hasard ou coïncidence ? La production est revenue en Belgique.

Peur de la magouille unitaire

Il n’y a pas que l’économie : l’intégration progresse aussi par le voyage. Günther, un ingénieur de 50 ans, a l’habitude de prendre des autostoppeurs sur les routes du continent. Il dit qu’un grand nombre d’entre eux viennent aujourd’hui d’Europe de l’Est. « Un jour, j’ai pris en stop un étudiant de Biélorussie », se souvient t-il. «  Il m’a impressionné. Il était très aimable, ouvert sur le monde, cultivé – et très heureux de pouvoir voyager à travers l’Europe. Depuis, je peux beaucoup mieux lire sur les visages ».

Dernière partie de notre périple vers Berlin aux côtés d’Helmut, un metteur en scène de théâtre de Berlin-Est. Comédien de formation, Helmut a longtemps souffert du régime de la RDA et se dit naturellement méfiant lorsque l’unification vient « d’en haut ». A la question de savoir s’il va participer aux festivités du 50ème anniversaire du Traité de Rome pendant le week-end, la réponse est brutale et laconique : « On l’a déjà eue à l’Est, la magouille unitaire ».

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