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StopFake, en lutte contre la propagande russe

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Société

StopFake est né le 2 mars 2014 suite à l'idée d'un groupe d'anciens étudiants de l'École de journalisme de Kiev. Le but ? Vérifier les nouvelles diffusées par les médias russes. Margo, figure du mouvement, fait le bilan à un an de la publication du premier post.

Si vous tapez le nom « Margo Gontar » sur YouTube, les premiers résultats seront des vidéos de musique. « We are free », « My life », « Nothing more » : ce sont les titres des chansons interprétées par Margo qui, en plus d'être chanteuse, est un des figures de proue de Stop Fake, un site de fact checking ayant vu le jour moins d'un an après les affrontements de Kiev. Qui est derrière StopFake ? Un groupe d'anciens étudiants de la Mohyla School of journalism, groupe dont Margo fait aussi partie.

Le premier post, dédié à la soi-disant déclaration de guerre à l'Ukraine par la Russie, est diffusé en ligne le 2 mars 2014. Le reste est bien connu - reprise par tous - des observatoires de journalisme européens à la CNN. Aujourd'hui, 453 jours et 61 bulletins d'information plus tard, le temps de faire un bilan est venu.

Fact checking contre la propagande russe

Une chose est certaine : malgré les plus de 42 000 contacts sur Facebook, les 15 000 followers sur Twitter et les 23 000 suiveurs sur VKontakte (le Facebook russe), le travail des jeunes de Stop Fake est resté bénévole. « Nous participons à des concours pour obtenir des financements mais jusqu'à ce moment, tout ce que nous avons fait a été bénévole », explique Margo. Contrôle des médias russes (et pas seulement), fact checking, réalisation de bulletins d'information : tout par amour de la vérité. « Il n'est pas facile de rester là à se croiser les doigts. Ou du moins ce n'est pas ce que devrait faire un bon journaliste. »

Ainsi depuis plus d'un an, tous les dimanches, ils tournent la vidéo qu'ils diffuseront – en pratique un revue de presse hebdomadaire des mystifications – sur YouTube.

Au fur et à mesure des mois le site a changé, s'est amélioré, mais il n'y a encore que deux versions de base : en russe et en anglais. « Pour permettre à tous de comprendre combien de bêtises le régime russe essaye de faire passer pour des vérités », continue Margo. Bien sûr, tout n'est pas idyllique, pas même pour ces défenseurs de la vérité des temps modernes, armés d'ordinateurs et de caméras. Bien du monde les a accusés d'être critiques par principe ou, de n'être devenus autre que la voie contestataire de Russia Today, décrédibilisant coûte que coûte chaque nouvelle mise en ligne par la chaîne satellitaire russe. En bref, d'être « propagandistes » à leur tour et donc de trahir le principe même du fact checking

Selon Margo ce n'est pas un problème car, dit-elle « il y aurait quelque chose d'anormal à éxercer un métier comme le mien et de plaire à tout le monde ».

Le premier bulletin de nouvelles de Stop Fake, devenu hebdomadaire.

L'intox la plus éclatante ? « Une des premières sur lesquelles nous avons travaillé », raconte Margo, se remémorant les journées difficiles de mars 2014. Les médias russes parlent d'un exode de masse, les citoyens ukrainiens prêts à quitter leurs domiciles pour faire retour dans la mère-patrie : la Grande Russie

Un canular planifié avec presque trop de légèreté, se souvient Margo. Le révéler sera un jeu d'enfant: les médias russes diffusent des images d'une douane, faite passer pour la frontière entre l'Ukraine et la Russie, alors que les pancartes indiquent une autre vérité. Il s'agissait de la frontière avec la Pologne – et en particulier le check point de Shehyni – et non, personne ne prend part à un exode de masse.

Qu'est-ce qui a changé en un an ?

« Alors que nous chargions le septième bulletin hebdomadaire sur YouTube nous pensions "Mon Dieu, nous sommes arrivés au septième épisode". Certainement nous ne croyions pas arriver au 60ème enregistrement. » Maintenant que plus d'un an a passé depuis le premier post de Stop Fake, une question se pose, tout naturellement : quelque chose a-t-il changé dans les médias ukrainiens ou pas ? « Eh bien – répond Margo – quelques journalistes ont commencé à refuser de publier certaines nouvelles à l'arrière-gout propagandiste. Mais ce n'est pas tout. Lorsque nous démentons certaines nouvelles diffusées par les chaînes ukrainiennes, ces dernières coupent ensuite la partie que nous avons analysée, le mensonge en somme. Je ne veux pas dire que c'est grâce à nous mais c'est déjà un résultat. Même se défaire de la saleté sans demander pardon est pour nous significatif. »

Après un an de travail, dit Margo, il y en a encore qui écrivent à l'équipe de Stop Fake pour les remercier de leur travail. « Nombreux sont ceux qui arrivent sur notre site parce qu'ils se sont rendus compte, peut-être pour la première fois, d'avoir cru pendant des années à des choses qui se sont révélées fausses. » Les gens se réveillent, continue Margo : « Bien sûr, on ne peut pas encore parler de grands nombres mais pour nous le fait de savoir que nous avons suscité des réactions est déjà une victoire ».

Malheureusement, le fait que Stop Fake existe encore n'est pas une bonne nouvelle, en conclue Margo : « Certes, nous sommes ici pour nous battre mais cela révèle que l'ennemi est encore présent ».

Translated from StopFake, in lotta contro la propaganda russa