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Spécialité viennoise ? La formation de médecins... allemands !

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Société

Les journaux autrichiens et allemands en sont remplis, la Cour de Justice de l'UE y met son grain de sel... Mais que se passe-t-il dans les universités autrichiennes avec les étudiants allemands ? Tentative de réponse en direct de Vienne.

50% des étudiants en faculté de médecine sont allemands Quand on pense à l'Autriche, la première chose qui nous vient à l'esprit, c'est Mozart, la cathédrale de Saint-Étienne (Stephansdom)  de Vienne ou le café viennois. Mais pour de nombreux jeunes, l'Autriche fait directement penser à l'opportunité de suivre les études de leur choix en esquivant les contraintes du système universitaire de leur pays. Car les universités autrichiennes n'imposent aucun quota aux nouveaux étudiants de première année, et de plus, les élèves de l'Union Européenne n'ont pas d'inscription à payer. Attirés par ces facilités, beaucoup de jeunes Allemands confrontés dans leur pays au barème des « numerus clausus », se rendent chez leur voisin pour continuer les études qu'ils n'ont pu obtenir chez eux. Le nombre d'étudiants allemands dans certaines facultés, notamment celle de médecine, atteint les 50% des élèves. Mais en parallèle à ce flux massif d'étudiants, la Cour de Justice de l'UE a décidé en avril 2010 dans une affaire belge que les États de l'UE seraient autorisés à restreindre l'accès de leurs universités de médecine aux étudiants étrangers.

Entre tension et indifférence

Tout les ingrédients d'un reflux des étudiants allemands sont là. Et pourtant, pour l'Association Nationale d'Etudiants d'Autriche (Österreichische HochschülerInneschaft), le débat soulevé par cette décision n'a pas lieu d'être : « C'est un sujet compliqué, mais on n'en parle pas trop. Ce sont les journaux à sensation qui se plaignent, mais c'est plutôt à cause d'un manque de communication, explique Jens Marxen, qui représente les étudiants étrangers de l'association. C'est important que l'université soit internationale ». Quand on lui demande s'il existe une tension entre Allemands et Autrichiens, il répond aussi sec par la négative. Mais en jetant un coup d'oeil aux salles de classes, la réponse n'est pas aussi nette. Claudia vient d'obtenir sa licence à Vienne, et pour cette étudiante de nationalité autrichienne et allemande, tout n'est pas si rose : « Tu peux sentir qu'il y a une certaine tension. Beaucoup d'Allemands ne s'intègrent pas bien, ils ne se posent pas la question de savoir s'il y a un problème et ne font rien pour comprendre la situation. Dans certains cas, même, il y en a qui disent sur le ton de la plaisanterie que l'Autriche est une autre partie de l'Allemagne », remarque-t-elle. Et l'attitude des Autrichiens à l'égard de leurs voisins ? « Discrimination est peut-être un mot trop fort, mais bien sûr, on sent un peu de tension quand les Autrichiens entendent l'accent allemand. Les étudiants Allemands restent entre eux, ils n'ont pas l'habitude de se mélanger, même pas en cours ».

Pour l'Association Nationale d'Etudiants d'Autriche, la polémique sur l'invasion allemande de leurs amphis n'a pas lieu d'êtreChristian Allesch, président de la commission relative au Curriculum de Psychologie de l'Université de Salzbourg, le département qui compte le plus grand nombre d'étudiants Allemands (65% du total, quand la moyenne nationale d'étudiants étrangers est de 20%) nous aide à mieux comprendre la situation. Son étudiante Daniel Jansesberger a d'ailleurs centré sa thèse sur les relations des étudiants autrichiens et allemands de Psychologie : « De ses recherches, il ressort qu'il n'y a pas de "tensions" entre les deux groupes, même si l'on remarque une certaine compétition. Les étudiants allemands se sentent coupables d'une certaine manière, car ils se voient forcés par les procédures restrictives d'admission de leur pays à demander leur admission en Autriche, considère Christian Allesch. Les étudiants autrichiens, d'autre part, se sentent eux réprimés par la majorité allemande, mais il y a un climat d'entente cordiale entre les deux groupes, même s'il préfèrent ne pas se mélanger ».

Un malaise, quel malaise ?

Certains moyens de communication vont plus loin, et commencent à parler en chiffres. Le journal allemand Süddeutsche Zeitung publiait en octobre 2009 la position du Recteur de l'Université d'Innsbruck, Karl Heinz Töchterke: « Peut-on exiger du contribuable autrichien qu'il mette à disposition une infrastructure universitaire pour une grande partie de l'Europe Centrale et que celle-ci nous envahisse, maintenant que l'université est gratuite ? ». Une réflexion qui conclut que la gratuité de l'université autrichienne pour les étudiants non-nationaux revient pour les contribuables autrichiens à payer pour l'éducation de leurs voisins. Même Manfried Gantner, l'ancien recteur de l'université, n'en dément pas : « Même dans un avion ou un restaurant, il y a des limites de cuisine, de serveurs et de sièges ». A l'inverse, Marxen, de l'Association Nationale d'Etudiants d'Autriche, préfère user la diplomatie, affirmant que la société autrichienne n'a pas l'impression de payer les études des universitaires de l'UE (les résidents non-communautaires doivent payer un droit d'inscription de 363,63 euros). Le sujet brûlant ne s'est d'ailleurs pas aggravé par l'influence de la crise, puisque l'Autriche n'a pas été un des pays les plus touchés.Depuis la faculté de médecine, Allesch insiste sur le fait que pour n'importe quelle université, il est positif d'avoir des étudiants internationaux: « C'est donc pour cela que je n'appuie pas (imposer) un quota d'étudiants étrangers. Salzbourg est située à la frontière allemande et il y a plus d'une raison pour être ouvert aux universitaires de la région voisine. Dans tous les cas, il est nécessaire et urgent d'arriver à des conditions d'admission comparables entre les deux pays pour stopper la migration unilatérale à laquelle nous faisons face maintenant ».

Merci à l'équipe de cafebabel.com à Vienne

Photos: Une: ©Trishhhh /Flickr; Etudiants : ©RiOTPHOTOGRAPHY.com /Flickr

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Translated from Estudiantes alemanes cruzan la frontera: ¡Vente a Austria, Hans!