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Sommet de Cancún : c’est maintenant ou jamais

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Default profile picture Clara Baudel

SociétéPolitique

L’ombre des échecs précédents plane sur les côtes paradisiaque et peu éco-responsables de Cancún où les délégués du monde entier s'attèlent à une tâche ardue et urgente : remplacer ou prolonger le protocole de Kyoto pour lutter contre le réchauffement climatique ? Depuis l'asphalte fumant du Mexique, une journaliste espagnole dévoile les clefs d’un sommet climatique mondial rempli d'incertitudes.

Tout en tentant d’effacer les traces du sommet de Copenhague de 2009, qui reste pour beaucoup synonyme d’échec, la 16ème Conférence des parties de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC) organisée du 29 novembre au 10 décembre a pour mission d’établir les obligations nécessaires pour éviter le réchauffement global. Cette nouvelle rencontre révèle cependant bien davantage qu’un intérêt commun pour l’environnement. Elle pourrait aussi constituer une lutte métaphorique entre les pays « développés » et les pays « en voie de développement », autrement dit entre ceux qui dictent et ceux qui exécutent.

Ecolo mais pollueur, le Mexique conduira les débats

« avant, il était rare de porter des sandales en décembre »

Le choix de Cancún n’est pas dû au hasard. Avec le Brésil, le Mexique est le pays d’Amérique latine qui pollue le plus : 700 tonnes de CO2 par an, un chiffre qui reste tout de même huit fois inférieur à celui des Etats-Unis. Cependant, les côtes mexicaines pourraient être victimes d’un effet dévastateur si les prévisions d’augmentation des températures (thème prédominant dans les chaînes de télévision nationales) se concrétisent. A Querétaro, à seulement trois heures de Mexico, il fait chaud : pas seulement pour une Espagnole arrivée dans le pays il y a cinq mois, mais aussi pour ses habitants, qui constatent qu’« avant, il était rare de porter des sandales en décembre ».

La position du pays aztèque, défenseur du développement durable, demeure assez contradictoire si l’on prend en compte l’énorme parc automobile qui parcourt chaque jour ses villes et villages, à cause notamment d’un transport public insuffisant et d’une préoccupation pour l’environnement proche du niveau de la mer. Comme me l’a expliqué un chauffeur de taxi de Querétaro, « au Mexique nous n’avons ni conscience sociale ni culture de gestion, nous sommes indifférents ». Sans parler des difficultés que rencontrent les citoyens intéressés par le  recyclage.

Clivage Nord-Sud

« Ces sommets ne servent à rien, et même quand on parvient à un accord, il n’est jamais concrétisé. »

La question des déchets mise à part, il est indispensable que le sommet arrive à des conclusions car le temps presse. Un fonds financier constitué par les pays riches a donc été mis en place pour que les pays dits « en voie de développement » puissent s’adapter le plus vite possible aux objectifs imposés. Ce groupe serait formé, entre autres, des pays d’Amérique centrale qui, en dépit de leurs basses émissions, démontrent un fort engagement et des préoccupations comme la déforestation, grande absente du protocole de Kyoto. Il faut aussi souligner la proposition indienne, qui passe sous silence les divisions entre riches et pauvres en voulant aménager le plan en fonction du niveau d’émissions de chaque pays.

A lire sur cafebabel.com : Les milliards qu'on demande à l'UE pour sauver la planète

De son côté, l’Union européenne se présente avec un air apathique (pour ne pas dire pessimiste, maintenant que l'on sait, grâce à Wikileaks, que le président du Conseil Herman Van Rompuy considérait le sommet comme un échec avant même qu'il n'ait commencé). Certains de ses membres, comme l’Espagne, étaient déjà conscients depuis longtemps de l’impossibilité de réaliser ce qui avait été promis à Kyoto. Mais savons-nous au moins ce que prétend négocier l’Union européenne ? Au début du sommet, les 27 montraient peu d’espoir d’arriver à un accord et répétaient leur discours basé sur les émissions de CO2. L’UE s’attend à ce que les pays en voie de développement s’adaptent. On voit la paille dans l’œil de son voisin, mais pas la poutre dans le sien... Il semble donc que s’accompliront les présages des universitaires mexicains : « Ces sommets ne servent à rien, et même quand on parvient à un accord, il n’est jamais concrétisé. »

Les principaux défis

Le sommet tentera de fixer le budget nécessaire pour pallier les effets du changement climatique (vraisemblablement 100 000 millions de dollars pour 2020) et maîtriser un nouvel outil technologique ralentissant la déforestation. Ce qui est sûr, c’est que cette fois on n’a pas laissé de place à l’échec, invité marquant du sommet de Copenhague. Devant la crainte que les effets du changement climatique soient irréversibles si l’on n’agit pas immédiatement, le sommet de Cancún est le test ultime qui mesurera le degré d’engagement des pays et leur capacité à passer des paroles aux actes : c’est maintenant ou jamais.

En tout cas, si les pays participants ne cachent même pas leur maigre espoir de parvenir à un accord, comment pourrait émerger la conscience sociale ? Au final, les Européens et l’ensemble des citoyens du monde demeureront indifférents, et les universitaires mexicains continueront à se rendre à l’université dans leurs grandes voitures hautement polluantes.

Photos : Une : (cc) Oxfam International/ cheminées: (cc) freefotouk/vidéo: youtube.com

Translated from ¿Ahora o nunca? El clima se la juega en Cancún