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Slovaquie : la jeunesse à la rescousse de la politique

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Politique

Depuis les dernières élections, une nouvelle classe de jeunes politiciens trentenaires s’est formée en Slovaquie et oeuvre pour la transformation de la vie politique. Suite aux élections législatives du samedi 5 mars, la nouvelle vague va-t-elle vraiment tout emporter ?

Parfois, sur les bancs du Parlement, on les entend plus que leurs collègues plus âgés, plus aguerris et plus connus. Avant les élections législatives de samedi dernier, l’hémicycle slovaque comptait, tous partis confondus, une vingtaine de députés de moins de 35 ans (sur 150). Le scrutin du 5 mars 2016 a de nouveau préféré le parti socialiste du premier ministre Robert Fico qui arrive en tête. Cela dit, le Smer-SD, en perdant 16 points par rapport au scrutin de 2012, échoue aussi à conserver sa majorité. En parallèle, ce sont six nouvelles formations politiques qui font leur entrée au Parlement. Un événement dans le pays, qui devrait œuvrer, dans les prochaines années, à la transformation de la vie politique slovaque.

Marx, la famille et une barbe bien taillée

Depuis peu en Slovaquie, cette transformation est surtout pilotée par une nouvelle génération. Des politiciens jeunes et ambitieux qui veulent montrer ce qu'ils ont dans le ventre. Leur crédo n’est pas nouveau : ils jouent la carte du politicien sympathique et souhaitent se différencier des vieux politiciens arrogants qui hantent les couloirs des institutions depuis déjà plusieurs décennies.

« Lors des élections législatives de 2010 et 2012, la politique a progressivement rajeuni. De nouveaux partis ont mis sur leur liste des jeunes candidats. Et ça a marché. Je pense que c'est aussi dû au fait que les partis plus anciens ont également commencé à chercher des jeunes candidats et que ceux-ci peuvent désormais rivaliser avec leurs aînés. Enfin, notre avantage, c’est aussi de savoir cibler un électorat plus jeune », souffle Andrej Kolesík, membre du Smer-SD. L’exemple le plus parlant est évidemment celui du chef du gouvernement actuel. En 1992, lorsque Robert Fico s’est porté candidat au Parlement pour la première fois, il n’avait que 27 ans. 

« Il est nécessaire de remplacer les générations, même dans le milieu des hautes sphères politiques. Des dizaines de jeunes de moins de 35 ans sont très actifs dans la politique locale, notamment les maires » ajoute Kolesík. Le maire de la ville de Trnava, Peter Bročka, illustre bien la tendance. Avec son envie de changement, son chapeau et sa barbe bien taillée, ce politicien qui n’est affilé à aucun parti politique a réussi à séduire les habitants de cette ville moyenne de l’ouest de la Slovaquie. Depuis automne 2014, il est même à la tête de la région, qui grâce à son industrie automobile, est devenue l’un des principaux moteurs de l’économie slovaque.

Conformément aux résultats des dernières élections, ce sont les partis d’opposition qui injectent le plus de sang neuf dans le débat politique. Néanmoins, le Smer de Robert Fico a également réussi à mettre en avant plusieurs jeunes politiciens décapants. Ľuboš Blaha, qui se présente comme un intellectuel marxiste, n’hésite pas à lire le Petit livre rouge pendant le discours du président de la République. Le duo formé par Anton Martvoň et Otto Brixi se situe en tête du palmarès des députés les plus actifs en ce qui concerne les propositions de lois.

Martin Poliačik, du parti libéral SaS, est entré au Parlement en 2010 après une pige en tant qu'instituteur et une longue expérience dans une association de débat. Lors de son mandat de député, le jeune député a exploité un thème bien apprécié des Slovaques : la famille. Après s’être marié, Poliačik est carrément venu avec son plus jeune fils au sein de l’hémicycle. Le résultat ? Une belle campagne de comm’ où l’on voit le jeune père rassemblé autour de tous les élus, y compris ses adversaires les plus coriaces comme la sévère présidente du Smer, Jana Laššáková.

« Il faut un jeune avec une histoire personnelle forte »

Poliačik le sait. Jouer au papa poule et au hipster sympathique ne suffira sûrement pas à convaincre les électeurs. Son parti tournait autour des 5% nécessaires pour entrer au Parlement et il faudra mettre en valeur d’autres histoires pour mieux rassembler. « Il faut qu’un jeune qui veut réussir ait une histoire personnelle assez forte, une certaine expérience de la vie qui le distingue des autres, mais aussi un propre programme auquel il doit s'accrocher afin que les gens le sachent capable d’agir et de communiquer quelque chose de concret. Il faut suivre le rythme du temps qui change, apporter de nouveaux thèmes politiques », déroule-t-il. Bonne formule ou pas, aux lendemains de ses déclarations, son parti est arrivé en deuxième position des élections en récoltant 12,1% des suffrages.

Martin Klus, jeune politologue, souligne que cette cure de jouvence provient surtout d’un enseignement politique. En clair, les partis ont enfin compris qu’ils ne parviendraient à attirer les jeunes uniquement que s’ils parlent la même langue qu’eux. Comme pour une opération marketing réussie, il s’agit donc d’utiliser leurs codes, de fréquenter leurs réseaux et de mettre en avant des représentants qui leur ressemblent. 

Pourtant, si la politique slovaque peut se féliciter de cette ouverture, il reste un long chemin à parcourir pour que ces nouveaux visages soient connus de toute la nation. Parce qu'il ne suffit pas de poster des photos de famille sur les réseaux sociaux, il faut aussi devenir crédible et parler de thèmes qui pèsent dans la société. Klus, lui est optimiste : « Je suis convaincu que cette tendance se poursuivra. Selon les derniers résultats des élections, à commencer par les élections régionales, les présidentielles et les élections européennes, la demande s'est montrée relativement claire ». Suffisamment, en tout cas, pour le convaincre d’en faire partie. Depuis notre entretien, Martin Klus s’est engagé avec le SaS. À 35 ans.