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Rythme latino pour le Sommet de Vienne

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Du 10 au 13 mai prochains, l'Autriche va accueillir le IVème Sommet UE-Amérique Latine et Caraïbes (ALC). Mobilisée, la société civile entend mettre l’accent sur la lutte contre la pauvreté et l’accès aux ressources naturelles

La vague d’élections de gouvernements de gauche sur le continent sud américain semble constituer un terreau favorable pour réorienter le partenariat, centré depuis les années 90 sur des accords commerciaux. Par ailleurs, la fantastique mobilisation internationale en 2005 contre la pauvreté avec le don ou la participation directe de plus de 15 millions de personnes à l’Appel mondial contre ce fléau a montré la capacité des citoyens européens à faire pression sur leurs gouvernements pour qu’ils respectent leurs engagements envers les pays en développement.

Au-delà des habituelles rencontres des chefs de l’Etat et des leaders économiques, le Sommet de Vienne est marqué par une coopération de plus en plus structurée des sociétés civiles européennes et sud américaines. Le contre sommet prévu entend regrouper plus de 1000 participants. Le forum euro-latino américain, qui comprend syndicats et organisations gouvernementales oeuvrant dans le domaine de l’environnement, des droits de l’homme et de l’aide au développement a ainsi défini une série de propositions dans une déclaration, remise aux dirigeants internationaux en amont du sommet.

Au programme notamment, la création d’un fond de solidarité bi-régional axé sur la lutte contre l’extrême pauvreté en Amérique latine. Un rapport du Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) publié l’an dernier a ainsi souligné le lien direct entre augmentation de la pauvreté et fragilisation de l’Etat de droit en Amérique latine. L’UE qui octroie 40% de l’aide au développement reçue par les pays d’Amérique latine et des Caraïbes a un rôle crucial à jouer. Or, un document publié au début du mois d’avril 2006 par des ONG européennes a montré que les principaux pays européens étaient loin de respecter leur engagement de consacrer 0,7% de leur richesse nationale à l’aide au développement. Pire, le texte accuse les principaux Etats des 25 de gonfler artificiellement leurs chiffres, en incluant dans l'aide au développement des dépenses sans aucun rapport avec la lutte contre la pauvreté, tels que l’accueil d’étudiants étrangers, les dépenses des services de l’immigration ou l’annulation de la dette publique de l’Irak.

Arrêter le double discours

Autre sujet fondamental de préoccupation en Amérique latine, la préservation et l’accès aux ressources naturelles. La récente nationalisation des ressources de gaz en Bolivie, soutenue par près de 90% de la population, démontre les effets de l’absence d’accès aux ressources de base pour les plus démunis. Les pays de l’UE doivent enfin cesser de pratiquer un double langage : encourager d’un côté la constitution de champions européens pour assurer l’indépendance énergétique de l’Europe et de l’autre insister pour que les multinationales européennes accroissent leur contrôle des marchés de l’électricité, du gaz ou de l’eau sur le continent sud américain. Si l’Union souhaite réellement un partenariat stratégique avec l’Amérique latine, ne doit-elle pas encourager ce partenaire à consolider son indépendance vis-à-vis des autres zones du monde ?

Pour lutter contre ce double discours et faire pression sur les chefs d’Etat et de gouvernement, les ONG vont appeler lors du contre sommet à « tresser des alternatives ». A travers la mise en place de tribunaux populaires soulignant les atteintes aux droits de l’homme, comme par exemple la coupure de l’accès a l’eau par certaines entreprises multinationales, le contre sommet souhaite relayer auprès des chefs d’Etat un message urgent de la société civile : la lutte contre la pauvreté et le respect des droits de l’homme sont les véritables préoccupations des citoyens et doivent constituer le ciment d’un vrai partenariat.