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Régionales en France : le populisme en hausse dans toute l'Europe

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BruxellesPolitique

Le paysage politique de la France contemporaine a longtemps été dominé par les Républicains et les Socialistes mais le scénario est en train de changer. La crise, le chômage et la menace terroriste ont été les meilleurs amis du Front National qui a profité du mécontentement général de la population pour monter au créneau. Le point de vue d'une jeune européenne sur la question.

La semaine dernière, la France a voté au premier tour pour élire ses représentants régionaux pour les six prochaines années. Sans vrai surprise, le Front National (FN), le parti d’extrême-droite dirigé par Marine Le Pen, a gagné dans six des treize régions françaises lors d’un résultat historique (environ 28% de l’électorat au niveau national). Les Républicains (LR), menés par Nicolas Sarkozy ont eux rassemblé 26,7% de l'électorat et le Parti Socialiste (PS) de François Hollande 23,1%. Parmi les régions qui ont le plus voté pour l'extrême droite, on trouve le Nord-Pas-de-Calais et la Picardie, pont de passage pour plusieurs refugiés vers le Royaume-Uni, où le FN a conquis 40,64% de l'électorat contre 24 ,96% pour la droite de Xavier Bertrand et 18,12% pour le socialiste Pierre de Saintignon. Le 13 décembre prochain, tous les partis qui ont eu plus de 10% seront à nouveau dans cette course électorale.

Qu’est-ce que ces élections représentent pour la France ?

D’un point de vue pragmatique, ces élections vont élire les futurs représentants régionaux qui vont devoir s'occuper de domaines comme le tourisme et le développement régional. À ce propos et au sujet de la région de Calais, la dirigeante du FN, Marine Le Pen a déclaré sur la radio RMC que ce n’est pas du tout « le rôle de la région que de payer des moustiquaires aux détenus au Sénégal dans le cadre de la lutte contre le paludisme ». Le Pen a déclaré aux médias que les malades graves et les enfants autistes de cette région de France sont obligés d'aller en Belgique pour se faire soigner à cause du manque de structures pour les accueillir dans leur région.

Dans une perspective symbolique, ces élections montrent « l’effet Front National » qui pourrait se répandre « grâce » à leur propagande populiste. Le Pen victimise le peuple Français en lui faisant croire qu’il doit être sauvé par un État fort. « Je considère qu'une région doit pouvoir, dans ses marchés publics, donner un avantage aux entreprises locales, à l'emploi local », a affirmé Marine Le Pen sur France 3. Ses éclatantes prises de positions sur l’immigration ont aussi été relayées sur Twitter : « Nous avons 9 millions de pauvres en France dont 1 million dans notre région qui pensent qu'ils doivent être prioritaires » et « Je rétablirai les frontières nationales et arrêterai de financer l'accueil des migrants ». 

Selon le démographe Hervé Le Bras, le Front National a réussi à resserrer son emprise dans les régions où il avait déjà recueilli une somme considérable de votes au cours des élections européennes de mars 2014. « Ce vote confirme ce que les sondages précédents avaient annoncé, mais les observateurs officiels ne veulent pas l'admettre : le Front national est désormais sans aucune ambiguïté le premier parti de la France », a déclaré Le Pen. Cette déclaration fait craindre le pire alors que l’opinion publique en faveur du FN gagne en force. Les présidentielles de 2017 pourraient mener à la tête du pays cette extrême-droite qui a promis de changer la France, à commencer par une renégociation des traités afin de rompre avec la construction européenne et restituer la primauté du droit national sur le droit européen.

Toutefois, rien n'indique que Le Pen gagnera les présidentielles de 2017, comme le soulignait l’analyste François Beaudonnet lors du résultat des Européennes en 2014. Par contre, le Financial Times considère que cette victoire est possible et représente une menace pour le futur de la France. Des deux côtés du spectre politique, Les Républicains de Sarkozy et le Parti socialiste d’Hollande s’accusent mutuellement d’avoir laissé l’extrême droite monter. Sarkozy a déjà assuré qu’il y aura un débat qui suivra le deuxième tour des élections : la ligne que Les Républicains suivront à l’avenir est en jeu. François Hollande et Nicolas Sarkozy devront être en mesure de montrer aux Français qu’il est possible d’avoir une société prospère qui peut résoudre les problèmes tels que la sécurité et l'emploi, sans tomber dans l'extrémisme.

Le contexte européen

En effet, la situation sociale actuelle en Europe et en France a permis à l’extrême-droite de parvenir au pouvoir en utilisant la crise économique, la hausse du chômage et la menace terroriste comme des instruments de persuasion de vote. Au Royaume-Uni, le premier ministre David Cameron n’a pas caché son désir (le même que celui de Le Pen) d'abandonner l’Union européenne ou en tout cas, de renégocier les traités.

Il est aujourd'hui indéniable qu’une grande partie de la population européenne est devenue eurosceptique. La victoire de Cameron lors des législatives au Royaume-Uni a montré cette tendance qui se répand à travers l’Europe, à travers le fait qu'une considérable section de la population britannique souhaite quitter l’Union européenne.

Les élections européennes de 2014 ont, elles aussi, montré qu'une vague de populisme menaçait l’Europe, avec la hausse de l’extrême-droite. La France a enregistré 25% de votes eurosceptiques, la Grande-Bretagne 27%, le Danemark 26,5%, l’Italie 20%, l’Autriche 20% et enfin la Hongrie 15%.  

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Cet article a été rédigé par la rédaction de cafébabel Bruxelles. Toute appellation d'origine contrôlée.